L’empreinte matérielle: représenter le poids réel de nos économies

Photo: Dominik Vanyi (Unsplash)

Dans sa conception moderne, l’économie a tendance à être réduite à sa dimension monétaire, soit les choses pouvant être décrites par un prix. Les modèles économiques permettent ainsi de considérer le coût des salaires, des matières premières, des machines et les profits dans un même calcul. Les données monétaires permettent aussi des analyses très poussées, mais elles ne décrivent pas tout. En effet, en se concentrant sur les valeurs monétaires, on ferme les yeux sur de nombreux éléments d’intérêt, tel que l’environnement. Pour exploiter des ressources naturelles, une entreprise doit généralement défrayer des coûts pour les droits d’exploitation, acheter des machines et payer sa main-d’œuvre. Mais la nature, elle, est gratuite, permettant de fournir un profit virtuellement infini. Ce n’est qu’au moment d’être valorisée, une fois qu’on en extrait la matière utile, que la nature gagne une valeur.

Le discours préaustéritaire de l’Institut C.D. Howe

Dans un article récent, l’Institut C.D. Howe présentait un portrait alarmiste de l’évolution de la dette fédérale canadienne en raison du déficit inégalé causé par les programmes d’aides liés à la pandémie de COVID-19. Dans ce billet, nous remettons les pendules à l’heure quant aux arguments mis de l’avant par cet institut farouchement néolibéral.

Péril en la demeure

La jeune militante écologiste Greta Thunberg est au centre d’une bataille idéologique entre les mouvements pro et anti-transition énergétique. Pendant que les chroniqueurs de droite en font une bouc émissaire qui serait manipulée par des adultes et dont les traits autistiques lui donneraient des airs de cyborgs (ça ne s’invente pas), la planète continue de suer à grosses gouttes. Le mois de juillet 2019 fut le mois le plus chaud de l’histoire moderne. 17 des 18 années les plus chaudes depuis la fin du 19e siècle ont eu lieu depuis l’an 2000. Le cercle arctique connaît les pires feux de forêt de son histoire. Bref, la maison est en feu et certains préfèrent critiquer celle qui tire la sonnette d’alarme plutôt que de tenter d’agir et d’identifier les pyromanes.

Le PIB est-il encore le meilleur indicateur pour mesurer le bien-être économique ?

Photo: Pina Messina

Généralement, lorsqu’on tente de déterminer si l’économie va bien, on se fie à l’observation du produit intérieur brut (PIB). Cet indicateur provient de l’estimation de l’ensemble des activités sur un territoire donné pendant une période donnée. Lorsque le PIB est en croissance, l’économie est réputée comme en bonne situation; à l’inverse lorsque celui-ci régresse, alors l’économie est considérée comme en mauvaise posture.  Ainsi, aux yeux de certains, qui associe croissance économique et qualité de vie, l’étude du PIB permet d’évaluer le bien-être et la prospérité.

COP24 : Envoyons Desjardins plutôt que Legault

Le premier ministre québécois François Legault n’ira finalement pas en Pologne pour la rencontre de la COP24 qui portera sur les changements climatiques. Dommage, ce séjour aurait pu prendre la forme d’un voyage éducatif pour un gouvernement qui apparaît complètement dépassé par les enjeux environnementaux. Comme solution de rechange, on pourrait peut-être envoyer une délégation québécoise composée d’économistes du Mouvement des caisses Desjardins qui publiaient le mois dernier une étude sur les problèmes que pose la référence au produit intérieur brut (PIB), notre principal indicateur de richesse. L’IRIS traitait de la question il y a sept ans déjà, mais si le message cette fois provenait de représentants d’un groupe financier dont les actifs sont de 275 milliards de dollars, peut-être que la communauté internationale prêtera davantage l’oreille ?

La politique d’austérité budgétaire au Québec à la suite de la crise financière

Nos services publics sont sérieusement malmenés ces dernières années en raison de la politique d’austérité. Selon les données budgétaires, ce sont 20 milliards d’efforts qui ont été exigés de la population du Québec sur une période de six ans, de 2010 à 2015. Cela représente 3,4 milliards par an en moyenne, dont 2,3 milliards par an en compressions de dépenses. Trois ministres des finances se sont succédé, Bachand, Marceau et Leitão, chacun avec son plan de retour à l’équilibre budgétaire, chacun avec son cortège de compressions de dépenses et de hausses de taxes. L’objet du présent texte est de revoir, à travers l’examen des budgets successifs, comment s’est déployé le grand schéma conçu en 2009-2010, et dégager les reliefs de cette période.

1997-2017: vingt ans de restrictions budgétaires

Depuis l’élection de Philippe Couillard, il est constamment question d’austérité. En ce sens, le Québec traverse-t-il, oui ou non, une période d’austérité? Les coupes de 4 G$ imposées par le gouvernement étaient-elles nécessaires ou correspondaient-elles plutôt à la démonstration d’une volonté d’en finir avec ce qu’il reste du modèle québécois? Dans un récent billet, j’ai démontré que nous avons bel et bien traversé une période d’austérité et que celle-ci s’est amorcée avant même l’actuel mandat libéral.

Les compressions économiques dans l’administration publique : utiles pour le développement?

Le gouvernement du Québec prétend avoir une stratégie économique: sabrer dans le secteur public et se tourner vers l’extractivisme. Le scénario qu’il a écrit pour les régions ressources est particulièrement clair : paver la voie (littéralement!) aux compagnies minières étrangères pour qu’elles viennent investir et créer de l’emploi, ou encore accorder des millions de dollars en crédits d’impôt pour l’industrie forestière (p. B.211). Cette stratégie devrait, selon lui, relancer l’économie dans les régions ressources. Du même souffle, le ministre Coiteux se félicite d’avoir coupé près de 500 postes dans la fonction publique depuis le 1er janvier, selon lui cela favorise l’investissement. Or, en cette période de stagnation économique, rien n’est moins sûr.

Un graphique qui annonce le prochain tsunami?

Le citoyen moyen, tout comme la citoyenne moyenne d’ailleurs, est exposé sans arrêt à des nouvelles économiques sous forme d’indices et de taux qui prennent régulièrement les analystes et les expert.e.s par surprise parce qu’ils s’avèrent meilleurs ou pires que les prévisions initiales (dont on se questionne parfois sur la provenance…). Une semaine, c’est la confiance des consommateurs aux États-Unis qui est à la hausse, la suivante c’est la balance commerciale qui se creuse au Canada, ou encore c’est l’inflation, les mises en chantier, la vente au détail ou bien entendu, la progression (ou le ralentissement) du produit intérieur brut (PIB).

Le Costa Rica : athlétique et heureux?

Le Costa Rica s’est attiré la sympathie de bien des fans de soccer à travers le monde dans les dernières semaines alors que son équipe nationale a atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde. Samedi, la puissante équipe des Pays-Bas, finaliste en 2010, a eu besoin de tout son petit change pour venir à bout des Costaricains en tir de barrage. Mais tout ça n’est pas la seule raison d’être impressionné par la petite république d’Amérique centrale. 

La productivité au Québec : choisir les données

Jérôme Lussier, a récemment publié sur le blogue politique de L'actualité une critique de l’étude qu’Eve-Lyne Couturier et moi avons réalisée début mai « Productivité : Le Québec est-il en retard ?». Ce texte m’est apparu comme un bon prétexte de préciser certains aspects de notre pensée. Voici donc une réponse à son billet.

Quoique le travail de discussion et de questionnement critique soit souvent une bonne occasion de faire progresser le débat, celui-ci, pour être utile, doit faire montre d’au moins trois éléments : (1) Une certaine compréhension du propos; (2) une bonne lecture de ce qui est critiqué; et (3) dégager des éléments positifs afin de projeter l’analyse vers l’avant. Malheureusement, la critique de Lussier est assez pauvre à ces trois niveaux.

La vieille économie s’en fout

Donc, le Québec serait dans le rouge. Encore. Tout le monde le dit depuis trois jours. Notre niveau de vie serait trop bas, notre productivité anémique, nos dépenses publiques trop élevées. C’est le mantra de ce que j’appellerais « la vieille économie ». Celle d’avant le passage au… 20e siècle.

Dans la vieille économie, tout dépend du produit intérieur brut (PIB), un outil pratique qui permet de mesurer l’ensemble des activités économiques. Quand on vous verse un salaire, ça fait augmenter le PIB, quand une entreprise achète des machines aussi. Bien utile, mais également bien incomplet, voire souvent carrément déformant.