Le dogme

Dans une lettre ouverte publiée jeudi dernier, André Pratte réclamait des contraintes budgétaires en vue de la mise à jour économique du gouvernement fédéral. Il est ironique de lire l’ex-éditorialiste et ex-sénateur se défendre de vouloir ériger l’austérité ou le déficit zéro en « religion ». Peut-être avait-il jugé bon d’ajouter cette précision en s’apercevant lui-même qu’il demandait au lecteur une véritable profession de foi?

Mise à jour économique fédérale: toujours pas de raison de s’inquiéter

La ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland présentait hier l'énoncé économique de l'automne, premier exercice budgétaire depuis la mise à jour économique de l'automne 2019 – et le premier pour celle qui a succédé à Bill Morneau cet été à ce poste-clé du gouvernement. Résultat: le déficit du gouvernement fédéral passe de 343 milliards de dollars à 382 milliards de dollars. Est-ce inquiétant ? Pas du tout, pour au moins trois raisons :

Il y a un lien entre la dette du Québec et le taux d’emprunt mais pas celui que vous pensez

Entre 2010 et 2015, c’est 20,2G$ de dollars que le gouvernement québécois a imposés en « effort » budgétaire dans le but d’atteindre le déficit zéro. Durant cette période, il a haussé ses revenus de 6,2G$ et réduit ses dépenses de 14G$. Ironiquement, on apprenait dans le dernier budget de la CAQ que le gouvernement prévoit dégager des surplus de 21,1G$ sur six ans.

La politique d’austérité budgétaire au Québec à la suite de la crise financière

Nos services publics sont sérieusement malmenés ces dernières années en raison de la politique d’austérité. Selon les données budgétaires, ce sont 20 milliards d’efforts qui ont été exigés de la population du Québec sur une période de six ans, de 2010 à 2015. Cela représente 3,4 milliards par an en moyenne, dont 2,3 milliards par an en compressions de dépenses. Trois ministres des finances se sont succédé, Bachand, Marceau et Leitão, chacun avec son plan de retour à l’équilibre budgétaire, chacun avec son cortège de compressions de dépenses et de hausses de taxes. L’objet du présent texte est de revoir, à travers l’examen des budgets successifs, comment s’est déployé le grand schéma conçu en 2009-2010, et dégager les reliefs de cette période.

L’austérité pour une bonne cause

Raymonde St-Germain, la Protectrice du citoyen depuis maintenant 10 ans, est sans appel : les compressions du gouvernement, surtout celles provoquées par la réforme en santé adoptée sous le bâillon, ont eu et ont toujours des impacts bien réels sur la vie des plus vulnérables. Son dernier rapport (elle quitte son poste dès qu’on lui trouve un ou une remplaçante), est une dure critique pour les politiques du présent gouvernement.

 

La chasse aux déficits ne se justifie pas

Le 22 juin 2016, le quotidien Le Devoir publiait un article intitulé « La chasse aux déficits se justifie » qui décrivait les résultats d’une étude rédigée par Ha Dao, Matthieu Arseneau et Luc Godbout, tous trois chercheurs affiliés à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke.

L’aveuglement volontaire de Carlos Leitão

On apprenait la semaine dernière que le déficit du gouvernement du Québec s’était élevé à 675 millions de dollars pour le premier trimestre de l’exercice financier en cours. Rappelons-nous que le budget déposé en avril prévoit l’atteinte de l’équilibre budgétaire, soit l’absence de déficit pour l’année 2015-2016. Le resserrement volontaire des dépenses (la fameuse « rigueur budgétaire » tant vantée par le gouvernement Couillard) n’a donc pas suffi à compenser le fait qu’entre avril et juin, les revenus autonomes du gouvernement n’ont augmenté que de 3,8%, plutôt que les 5,1% initialement prévus.

Les priorités de l’austérité

Le ministre Barrette est heureux de nous annoncer qu’il y aura plus (plus, plus, toujours plus!) d’argent qui sera économisé grâce à ses réformes du système de santé. Les cadres fuient, les médecins aussi? Plus d’économies! Au-delà du fait qu’il est légitime de se demander si c’est rassurant qu’un ministre de la santé se félicite d’abord et avant tout des économies qu’il peut faire, cette déclaration nous ramène encore à l’obsession budgétaire du gouvernement. 

Fonds des générations : s’endetter pour des peanuts

La semaine dernière, le ministre des Finances était très fier d’annoncer le retour du Québec au déficit zéro. Pour l’occasion, il s’est bien gardé de faire la liste des compressions, des diminutions de service et des coupures d’emploi qui furent nécessaires à l’atteinte du Saint Graal budgétaire.

Et les revenus dans tout ça?

Depuis son élection, le Premier ministre Couillard fait tout pour éviter d’utiliser publiquement les termes austérité et coupures. Il préfère parler de « changements budgétaires ». Dans la réalité, nous nous doutons bien que les résultats risquent d’être pas mal les mêmes. Nous avons déjà écrit un billet de blogue sur les effets des politiques d’austérité déjà annoncées sur la vie du commun des mortels au Québec. Comme notre premier ministre, nous ne sommes évidemment pas contre la lutte au gaspillage des fonds publics. Cependant, considérant que depuis le début de la quête de l’atteinte du déficit zéro, l’exercice budgétaire se rapproche davantage à un acharnement à réduire la taille de l’État plutôt qu’à une réelle volonté d’améliorer l’accessibilité et le fonctionnement des services, il faut peut-être se demander si les coupures budgétaires n’ont pas plutôt nui à l’économie au lieu de la favoriser.

L’heure est au décrochage

VictorVPhonograph

Qu’il s’agisse de rigueur budgétaire ou d’austérité, nous savons quelle direction entend prendre le gouvernement de Philippe Couillard dans les prochains mois.

Certain.e.s, l’IRIS notamment, sont d’avis qu’il s’agit d’un très mauvais choix de politique publique. Tel que nous l’anticipions il y a un an, la résorption trop hâtive du déficit budgétaire a nui à la relance économique, amenuisant ainsi les recettes de l’État et contribuant au maintien d’un déficit.

D’autres s’époumonent à faire écho aux nombreuses remises en question des politiques d’austérité qui nous viennent d’Europe et d’ailleurs. Le FMI, l’OCDE, la Commission européenne, les États-Unis ont tous remarqué que l’austérité apparaît comme contre-productive. Les plus dogmatiques des néolibéraux insistent pour garder le cap, mais ces institutions s'effraient de l'instabilité que pourrait générer l’accentuation des conséquences socio-économiques de ces politiques.