La fin des paradis fiscaux ?

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La semaine dernière, 150 pays ont signé une entente visant – officiellement – à restreindre le recours à l’évitement fiscal et à l’évasion fiscale. Conclue sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’entente établit un seuil minimum d’imposition de 15% sur les bénéfices des entreprises. Certains se réjouissent du fait que les États semblent enfin agir pour colmater les immenses brèches fiscales qui plombent leurs finances publiques. Est-ce que cette initiative multilatérale, portée notamment par le président des États-Unis Joe Biden, fera réellement disparaître les paradis fiscaux ? La réponse courte : non. Au contraire, l’entente multilatérale pourrait légitimer des pratiques hautement régressives et absolument condamnables.

Le dogme

Dans une lettre ouverte publiée jeudi dernier, André Pratte réclamait des contraintes budgétaires en vue de la mise à jour économique du gouvernement fédéral. Il est ironique de lire l’ex-éditorialiste et ex-sénateur se défendre de vouloir ériger l’austérité ou le déficit zéro en « religion ». Peut-être avait-il jugé bon d’ajouter cette précision en s’apercevant lui-même qu’il demandait au lecteur une véritable profession de foi?

Penser l’après

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L’évolution de la crise pendant les dernières semaines et l’escalade de mesures qui s’en est suivie a mis les préoccupations sanitaires immédiates au premier plan. Maintenant qu’une bonne partie de l’économie est en pause et que nombre de personnes sont confinées à la maison, il se dégage un espace pour réfléchir aux conséquences plus larges de la crise et à la suite des choses. Penser un après, en quelque sorte, mais un après qui sera tributaire de ce qu’on fera à courte échéance.

Comment réussir la démondialisation?

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Les signataires du Manifeste québécois pour la démondialisation, publié en 2018, étaient loin de s’attendre à entendre le premier ministre François Legault parler deux ans plus tard d’une « démondialisation » rendue soudainement nécessaire par l’épidémie de COVID-19. Il faut certainement se réjouir de voir une telle idée faire son chemin, mais il faut également se garder de se réjouir trop rapidement. On peut vouloir démondialiser pour remplacer le capitalisme globalisé par une démondialisation néolibérale et un capitalisme néo-national protectionniste, centralisateur et autoritaire. Or, démondialiser devrait plutôt vouloir dire aller vers une société postcroissance grâce à la mise en place de nouvelles institutions économiques et politiques décentralisées et démocratiques.

Le Godzilla de la mondialisation

Que se passe-t-il avec la mondialisation? Vingt ans après que ce concept triomphaliste se soit imposé au cœur des préoccupations des sociétés occidentales, on constate chaque année plus clairement que tant l’abolition des frontières entre les peuples que la prospérité pour tout le monde étaient un mirage. On a pourtant bel et bien mondialisé des choses. Mais pas ce qu’on nous promettait.

Au courant des années 90, la mondialisation succède à la guerre froide au sommet des priorités des affaires du globe. Le capitalisme anglo-saxon cherche à s’étendre sur le monde entier. Rapidement, des mouvements sociaux s’organisent contre cette réorganisation de la société à coup de traités de libre-échange. C’est l’apparition de l’anti-mondialisation. Quelques années plus tard, ça sera l’arrivée des « altermondialistes » qui ne s’opposent plus comme tel à la mondialisation, mais qui en proposent une qui serve les êtres humains avant les marchandises.

La politique du charognard

Le 28 juillet 2009, l’armée du Honduras décide d’en finir avec l’élan démocratique du pays. Coup d’État. On attrape le président chez lui en pyjama, on le met dans avion et on l’expédie à l’étranger. Les classes dominantes du Honduras ne voulaient plus rien savoir de ce président, Manuel Zelaya, qui s’était mis en tête de réécrire la Constitution du pays, le 2e plus appauvri des Amériques, après Haïti. Quelques assassinats et quelques tractations plus tard, une nouvelle élection est organisée et un nouveau président est élu. Le Canada peut maintenant entrer en scène.

Il y a une semaine, c’était les élections générales au Honduras. Il s’agissait des premières « véritables » élections depuis le coup d’État de 2009. Celles qui avaient eu lieu quelques mois après cet événement avait surtout servi à avaliser le putsch des élites. Xiomara Castro, l’épouse du président Zelaya renversé en 2009, était candidate à la présidence pour le parti LIBRE (Libertad y Refundacion). Au moment d’écrire ces lignes, le parti de la candidate Castro ainsi que d’autres formations politiques contestent les résultats de l’élection en raison des nombreuses irrégularités dont elle a fait l’objet.

La dette souveraine dans la tourmente

Blogue PBeaulneDans une récente note, l'IRIS traite de la dette souveraine. Nous assistons présentement à la première grande crise de la nouvelle économie financiarisée et mondialisée, crise consécutive à l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis qui a entraîné l’implosion d’un système financier débridé et mené le monde au bord du gouffre à l’automne 2008. Cette crise dont les pays avancés ne parviennent toujours pas à s’extirper, et qui plombe maintenant l’essor des pays émergents et en développement, ne constitue que le dernier avatar de l’évolution d’un système chaotique qui intensifie le saccage de l’environnement. Celle-ci a provoqué un gonflement des dettes d’un grand nombre d’États, obligés d’éponger les dégâts : déficits alourdis en raison de la chute des recettes fiscales, déboursés accrus pour les protections sociales et les mesures économiques de stimulation, coût du sauvetage des banques et du soutien du crédit, effets de la spéculation, etc.