Des leçons à tirer de la situation financière des ménages

Photo: Matthew Henry (Stock Snap)

Cette pandémie n’en finit pas de nous fournir des leçons qui, souhaitons-le, inspireront la population et les décideurs publics qui comprennent l’importance de rebâtir la société et l’économie sur des bases plus viables. À ce propos, les données sur la situation financière des ménages offrent un éclairage intéressant pour comprendre certaines dimensions de l’économie capitaliste ainsi que certaines de ses faiblesses.

En un graphique : Comment se portent les finances des ménages canadiens?

Photo: Daniel Foster (Flickr)

Face à la croissance soutenue de l’endettement des ménages canadiens que l’on observe depuis maintenant une vingtaine d’années au Canada, certains analystes soulignent parfois que le fameux ratio de la dette sur le revenu disponible, qui atteignait 176,23% au 3e trimestre de 2019, n’est pas un fidèle indicateur de la situation des ménages. En effet, ce ratio ne nous permettrait pas d’apprécier la pression qu’exercent les dettes d’un ménage sur ses finances personnelles. 

Il y a un lien entre la dette du Québec et le taux d’emprunt mais pas celui que vous pensez

Entre 2010 et 2015, c’est 20,2G$ de dollars que le gouvernement québécois a imposés en « effort » budgétaire dans le but d’atteindre le déficit zéro. Durant cette période, il a haussé ses revenus de 6,2G$ et réduit ses dépenses de 14G$. Ironiquement, on apprenait dans le dernier budget de la CAQ que le gouvernement prévoit dégager des surplus de 21,1G$ sur six ans.

La pauvreté : un problème d’argent

Une idée qui semble très ancrée dans l’esprit des sociétés occidentales est que la cause de la pauvreté serait le résultat de mauvaises décisions ou encore d’un manque d’éducation ou de caractère. Cela explique probablement pourquoi les programmes de lutte contre la pauvreté comportent de nombreuses conditions au versement des prestations. En effet, pourquoi faire confiance à quelqu’un de peu éduqué, de paresseux ou d’irrationnel lorsqu’il s’agit de lui donner de l’argent? Cependant, d’après une recherche parue en 2017 dans le magazine Science qui permet de mieux comprendre le casse-tête que représente la lutte contre la pauvreté, la véritable cause pourrait simplement être le manque d’argent.

Le PLQ et la hausse de l’endettement des ménages

Lors de la sortie de crise financière de 2009, les pays ont utilisé diverses stratégies pour favoriser une expansion économique. Toutefois, au travers de cette crise, le Québec a opté pour une stratégie d’intervention contraire à ce qu’il priorisait par le passé. En ce sens, l’État québécois a délaissé les stratégies d’investissements massifs ayant servi lors des crises de 1982 et de 1991, pour prôner les politiques de tarification et d’austérité que nous connaissons aujourd’hui.

Endettement des ménages : entre inquiétude et panique

L’endettement n’est plus qu’un sujet qu’on sort des poussières lorsqu’on ne sait plus quoi dire pendant le temps des fêtes. On s’en inquiète maintenant à l’année longue. Même si le taux d’endettement des ménages canadiens a atteint un niveau record de 167,3% l’an dernier, Desjardins persiste et signe : pas de panique! Ils nous avaient d’ailleurs fait la même prescription l’an dernier. Doit-on vraiment, malgré les inquiétudes à maintes fois répétées à ce sujet, cesser de paniquer? Examinons de plus près ce qui motive cet appel au calme.

 

Te faire faire la morale : « En as-tu vraiment besoin? »

Après plusieurs années sur la planche à dessin, un nouveau cours d’éducation financière sera finalement offert aux jeunes des écoles secondaires du Québec à compter du mois de septembre 2017. Le communiqué de presse émis par le ministère de l’Éducation le 16 décembre dernier nous apprend que

[c]e cours leur permettra d’exercer leur jugement et de développer leur capacité à prendre position sur des enjeux financiers, comme l’endettement et l’épargne, de façon à ce qu’ils puissent adopter des comportements responsables qui leur seront bénéfiques dans tous les aspects de leur vie.

Le gouvernement Trudeau est-il préoccupé par l’endettement des ménages canadiens ?

Éclipsé par les attentats de Bruxelles et le décès de l’ex-maire de Toronto Rob Ford survenus le même jour, le premier budget Morneau, dévoilé le 22 mars dernier, ne mérite pas moins qu’on s’y attarde. Voilà un document qui nous permet d’avoir une meilleure idée de ce qui attend le pays sous la gouverne des Libéraux. Mon attention s’est portée sur le chapitre 8, intitulé « Un régime fiscal équitable et un secteur financier vigoureux », où il est question de « renforcer le secteur financier pour soutenir la croissance économique ». Le gouvernement souhaite entre autres renforcer la résilience du secteur financier, mieux protéger les consommateurs et les consommatrices et contenir les risques qui pèsent sur le système financier. Pour ce faire, il entend notamment « Analyser le secteur du logement et l’endettement des ménages ».

La croissance à tout prix

Les dernières semaines nous ont gâté en matière de bonnes nouvelles économiques. À Québec, l’entreprise suédoise IKEA ouvrira enfin un centre de cueillette pour les commandes faites en ligne ou par téléphone. À Montréal, non seulement le gouvernement du Québec a éliminé les restrictions concernant les heures d’ouverture des commerces de détail pour certains quartiers du centre-ville, mais en plus, l’entreprise Carbonleo a annoncé qu’elle consacrerait 1,7 milliard de dollars à la construction du centre Royalmount à l’angle des autoroutes 15 et 40, « un pôle urbain multifonctionnel d’avant-garde » qui comprendra non moins de 160 boutiques spécialisées, plus d’une cinquantaine de restaurants, deux hôtels, une salle de spectacle de 3000 places de même qu’un centre aquatique. Difficile dans ces circonstances de contenir son enthousiasme. Pour les plus rabat-joie, sachez que bon an mal an, la consommation des ménages représente environ les deux tiers du produit intérieur brut au Canada. Alors plus on consomme, mieux se porte l’économie !

S’endetter pour se loger

Nous le savions déjà, l’endettement des ménages québécois est un problème de plus en plus alarmant. De l’autre côté, on apprend qu’au Québec, près de 40% des ménages dans lesquels il y a au moins une personne qui travaille dépensent l’ensemble et souvent même plus de leur salaire au fur et à mesure. Ce qui veut dire aucune possibilité d’épargne, peu de remboursements de dette, mais surtout, cela signifie vivre d’une paie à l’autre sans être en mesure de faire face à des imprévus.