La Prestation d’urgence : un prototype de politique sociale à maintenir ?

Photo: Axel Drainville

La Prestation canadienne d’urgence (PCU) annoncée par le gouvernement canadien, dont l’objectif est de venir en aide aux personnes aux prises avec des difficultés économiques dans le cadre de la crise sanitaire en cours, équivaut pour les personnes à faible revenu à un supplément à leur revenu habituel. C’est pourquoi il serait pertinent de maintenir ce type de mesure économique d’urgence dans le but de mettre en place un prototype de politique sociale qui viserait ultimement l’élimination de la pauvreté, qui constitue une urgence en soi.

La pauvreté : un problème d’argent

Une idée qui semble très ancrée dans l’esprit des sociétés occidentales est que la cause de la pauvreté serait le résultat de mauvaises décisions ou encore d’un manque d’éducation ou de caractère. Cela explique probablement pourquoi les programmes de lutte contre la pauvreté comportent de nombreuses conditions au versement des prestations. En effet, pourquoi faire confiance à quelqu’un de peu éduqué, de paresseux ou d’irrationnel lorsqu’il s’agit de lui donner de l’argent? Cependant, d’après une recherche parue en 2017 dans le magazine Science qui permet de mieux comprendre le casse-tête que représente la lutte contre la pauvreté, la véritable cause pourrait simplement être le manque d’argent.

Le supplice de Sisyphe garanti

Le 31 juillet, Lisa MacLeod, la ministre ontarienne des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, annonçait l’arrêt prématuré du projet pilote ontarien sur le revenu minimum garanti (RMG). Jugeant ce dernier trop coûteux, le gouvernement ontarien récemment élu promet, dans les 100 prochains jours, un meilleur plan qui viendrait en aide aux plus démunis. Par la même occasion, la ministre annonçait une hausse de 1,5% des prestations du programme Ontario au travail et du programme ontarien de soutien aux personnes handicapées … au lieu de la hausse de 3% prévue par le gouvernement libéral dans son dernier budget.  

Et si on arrêtait de se bullshiter? (Première partie)

Si vous occupez actuellement un emploi, êtes-vous de ceux qui, comme 37% des Britanniques et 40% des Néerlandais, ont l’impression que leur travail ne fait aucune différence significative dans le monde? Êtes-vous souvent payés à ne rien faire, ou à faire semblant de travailler, ou à remplir des formulaires qui ne seront jamais lus, ou à réparer les bêtises de cadres incompétents, ou à encadrer du personnel qui serait très bien capable de fonctionner sans vous? Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, peut-être avez-vous une « bullshit job », c’est-à-dire un emploi «tellement absurde, inutile ou pernicieux que l’employé qui l’occupe n’arrive pas lui-même à justifier son existence, quoique, pour garder son emploi, il se sente obligé de nier tout ça » (traduction libre).

Les désinformations du plan d’action : que devient l’appel à tendre vers un Québec sans pauvreté?

Photo: Mark O'Rourke (Flickr)

La troisième mouture du plan d’action requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale a été rendue publique trois jours avant le quinzième anniversaire de l’adoption à l’unanimité de la loi, le 13 décembre 2002. En considérant le lot de contournements que comporte ce Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023, on peut se demander ce que devient l’appel de la Loi « à tendre vers un Québec sans pauvreté », une expression absente du document.

Des promesses électorales à saveur de lutte à la pauvreté

Photo: Mark O'Rourke (Flickr)

Le gouvernement a présenté hier son plan d’action contre la pauvreté. Pardon, son « Plan d'action gouvernemental pour l'inclusion économique et la participation sociale ». Le document se lit comme un programme électoral. Ainsi, entre les lignes, on peut lire que si le PLQ est réélu, les groupes communautaires recevront plus d’argent, les logements sociaux promis seront construits, les personnes prestataires d’aide de dernier recours auront plus d’argent dans leurs poches et elles pourront accéder plus facilement aux services de garde subventionnés, aux maternelles 4 ans, à la culture et aux loisirs. Mais avant de déboucher le Cava (le champagne des pauvres), prenons le temps de voir les détails du plan.

Cachez ce RMG que je ne saurais voir

Photo: Pina Messina

Hier matin, Bernard Drainville révélait à l’antenne du 98,5 FM avoir mis la main sur une présentation dévoilant les grandes lignes du plan de lutte à la pauvreté qui sera déposé par le gouvernement dimanche prochain. On y apprend que, malgré les critiques du rapport du comité d’expert publié en novembre, François Blais proposera d’aller de l’avant avec le revenu minimum garanti (RMG). Est-ce désormais la fin des discriminations économiques entre les prestataires de l’aide sociale? Pourra-t-on dorénavant travailler un peu sans être pénalisé quand on reçoit l’aide de dernier recours? Les personnes qui se retrouvent au bas de l’échelle auront-elles enfin le droit à des revenus suffisants pour répondre à leurs besoins? Bien sûr que non. Franchement.

Une nouvelle ligne sous la ligne (2) : quand l’Ontario fait mieux

Photo: Ev (Unsplash)

Comme mon dernier billet le faisait valoir, dans son rapport publié le 13 novembre dernier, le Comité d’experts sur le revenu minimum garanti (RMG) s’est situé dans une approche « pro-marché » qui mise sur le marché du travail pour réduire la pauvreté. Pour inciter à l’emploi, il a recommandé d’installer pour les personnes jugées aptes au travail à l’aide sociale un nouveau seuil de référence à 55 % du niveau de couverture des besoins de base indiqué par la mesure du panier de consommation (MPC). Ce faisant, il a passé sous silence plus de 20 ans de croisements d’expertises à l’effet qu’avancer vers un Québec sans pauvreté suppose de s’assurer de la couverture des besoins de base et d’en finir avec la pauvreté au travail. Était-ce inéluctable? Pas si on porte le regard sur ce qui se passe en Ontario.

Une nouvelle ligne sous la ligne (1) : comment baisser les standards

​Cette semaine, le Comité d’experts sur le revenu minimum garanti (RMG) a publié son rapport. Il se présente dans la continuité (style de mise en page compris) du cahier budgétaire 2016-2017, mis à jour en juin 2016, sur Le régime québécois de soutien du revenu. Le document comprend 23 recommandations, certaines qui semblent positives (comme l’attention portée aux situations de non recours), et plusieurs qui pointent vers des reculs (comme la confusion entre l’aide financière et l’aide à l’emploi et de plus grandes discriminations liées à l’aptitude au travail)

Revenu minimum : l’Ontario fait monter les enchères

L’Ontario a annoncé le 24 avril dernier les paramètres d’un projet pilote sur le revenu de base qui doit commencer dès la fin de ce printemps. De son côté, le Comité d’experts sur le revenu minimum garanti mandaté par le gouvernement du Québec doit rendre son rapport d’ici l’été. Voyons comment l’annonce faite en Ontario vient augmenter les enchères quant aux recommandations attendues de ce comité pour le revenu minimum à garantir au Québec.  

Forum des idées : le PLQ réfléchit déjà aux prochains reculs

Aujourd’hui s’ouvre le quatrième Forum des idées organisé par le Parti libéral du Québec (PLQ). Durant la fin de semaine, la famille libérale se réunit pour parler d’enjeux sociaux : lutte à la pauvreté, salaire minimum, revenu minimum garanti et comment favoriser une plus grande égalité intergénérationnelle. On ne rêve pas. Le même parti qui en 2012 a déclenché une crise sociale pour aller chercher quelques millions dans la poche des étudiant·e·s et qui, depuis 2014, impose au Québec la plus sévère ronde de compressions en 20 ans veut maintenant redorer son blason.