Piqués par Piketty

Décidément, les thèses de l’économiste français Thomas Piketty dans son livre à succès Le capital au XXIe siècle dérangent bien des gens. Plus fondamentalement, ce sont ses recommandations préconisant de taxer davantage la richesse qui agacent. Après le Financial Times britannique qui s’est appliqué à relever des erreurs de calcul dans une œuvre que tous acclament comme une contribution importante en matière de documentation sur les fortunes, et dont les bases de données servent désormais à l’OCDE, voici qu’une nouvelle offensive se déploie dans les médias pour semer le doute dans les esprits. Après le professeur Herbert Grubel, fellow de l’Institut Fraser, (La Presse du 21 juin), c’est au tour du professeur Pierre Chaigneau, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal (Le Devoir du 18 juillet) d’y aller de ses critiques.

Contrairement à Piketty, dont l’une des thèses principales est que la richesse se concentre chez les déjà-riches parce que le taux de rendement du capital est systématiquement supérieur au taux de croissance de l’économie, les auteurs évoquent toutes sortes de phénomènes.

Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

Un blogue de Noël

Le temps des fêtes est probablement la période de l’année qui nous replonge le plus dans nos classiques. Que ce soit les cantiques de Noël, nos dessins animés préférés ou les contes de Noël. Le conte de Noël qui a probablement le plus de versions est assurément celui Charles Dickens paru en 1843. Que l’on ait lu ou pas l’original, on se souvient toutes et tous des trois esprits de Noël qui viennent hanter un individu grippe-sou qui ne veut pas se mettre au diapason avec le véritable esprit de Noël. On se souvient aussi de son employé et de son fils, le petit Tim, qui font les frais de ce manque d’esprit de Noël. Les différentes relectures  de l’œuvre de Dickens ont toutes des perceptions différentes de ce que devrait être le véritable esprit de Noël. Cependant, peu de ces lectures préservent l’esprit de Dickens qui incorpore une critique sociale et économique des relations de pouvoir de son époque. Qu’est-ce que pourraient nous dire les esprits sur notre Noël 2013? Tout comme les autres lectures du Conte de Noël, nous ne réécrivons pas un classique, nous ne faisons que l’adapter partiellement à la réalité contemporaine.

 

La surconsommation est le nouveau noir

Dans exactement une semaine, ce sera la fête nationale des étasunien·ne·s. Ou plutôt celle du American Dream dans son incarnation la plus mercantile, superficielle et, disons-le, violente. Dans exactement une semaine, ce sera le Black Friday, la journée qui débute officieusement le magasinage des Fêtes. Chaque année, des montants astronomiques sont dépensés dans une variété de magasins qui utilisent des prix parfois dérisoires sur certains articles pour attirer des clients. À titre d’exemple, l’an dernier, c’était environ 247 millions de personnes qui ont dépensé au total près de 60 milliards de dollars.

Deux éléments ressortent particulièrement de ces séances sportives de magasinage : d’abord, l’efficacité du marketing qui cristallise l’impression d’urgence et d’éphémère (rabais très importants, nombre d’articles limités, ouverture des magasins à des heures inhabituelles, etc.) et ensuite, le comportement souvent sauvage, parfois violent de la foule qui cherche à maximiser leurs économies. On se rappelle, par exemple, de l’homme mort dans l'indifférence en 2011.

Ou d’un échange de coups de feu entourant des places de stationnement en 2012. Mais au-delà de ces nouvelles spectaculaires se cache une Amérique qui voit son pouvoir d’achat diminuer, et ses exigences de consommation augmenter.

La dette souveraine dans la tourmente

Blogue PBeaulneDans une récente note, l'IRIS traite de la dette souveraine. Nous assistons présentement à la première grande crise de la nouvelle économie financiarisée et mondialisée, crise consécutive à l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis qui a entraîné l’implosion d’un système financier débridé et mené le monde au bord du gouffre à l’automne 2008. Cette crise dont les pays avancés ne parviennent toujours pas à s’extirper, et qui plombe maintenant l’essor des pays émergents et en développement, ne constitue que le dernier avatar de l’évolution d’un système chaotique qui intensifie le saccage de l’environnement. Celle-ci a provoqué un gonflement des dettes d’un grand nombre d’États, obligés d’éponger les dégâts : déficits alourdis en raison de la chute des recettes fiscales, déboursés accrus pour les protections sociales et les mesures économiques de stimulation, coût du sauvetage des banques et du soutien du crédit, effets de la spéculation, etc.

Atterrissage en douceur ou crash immobilier? Le suspense tire à sa fin

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Le discours a changé chez les analystes du marché financier. Il n’y plus lieu de se demander si le marché connaît un ralentissement, on se questionne désormais à savoir ce à quoi ressemblera la « correction ». Les indicateurs tels que les permis de construction et le prix des propriétés ont suffisamment diminué au cours des derniers mois pour convaincre les autorités canadiennes de poser certains gestes visant à « refroidir » le marché. Le dernier en date s’est produit la semaine dernière alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) annonçait qu’elle limitait la garantie octroyée sur la conversion d'hypothèques en titres de créance.

On pourrait donc séparer les observatrices et observateurs de la bulle immobilière en deux camps : ceux qui tablent sur un « atterrissage en douceur », donc un rééquilibrage des prix vers un niveau plus sensé et ce, sans grande perturbation dans l’économie. Dans l’autre camp, il y a ceux qui appréhendent un crash et que le marché pique soudainement du nez entraînant avec lui l’économie canadienne. Comme l’explique cet article de la Presse canadienne, cette version pessimiste à propos de la « correction » qui attend le marché n’affecterait pas seulement l’avoir des ménages frappés sur leur actif de plus grande valeur, leur propriété. En effet, le secteur de la construction serait également touché, mais surtout la confiance ébranlée des ménages ferait chuter leurs dépenses et le dernier moteur vigoureux de l’économie canadienne serait ainsi enrayé. Ce ralentissement provoquerait des faillites qui elles-mêmes, si elles se produisent en trop grand nombre, causeraient des pertes importantes au secteur bancaire qui réagirait en réduisant l’accès au crédit. Et un cercle vicieux vers le bas serait ainsi enclenché.

La part financière de notre économie

Dans un texte très intéressant de Christian Cauvin publié dans un numéro hors-série d’Alternatives économiques, on trouve un graphique particulièrement révélateur du poids grandissant de l’économie financière. Le voici :

Graphique 1 : Dividendes et excédent d’exploitation en France, base 100 en 1993 (1993-2006)

Graphique 1

Source : CAUVIN, Christian, L’insoutenable dynamique du capitalisme financier, Alternatives économiques, Hors-série, no 97, 3e trimestre, 2013, p.31.

Endettement des ménages : on vous l’avait bien dit

En février 2010, la Banque nationale publiait un Hebdo économique sur l’endettement des ménages, alors que Statistique Canada venait d’annoncer que le ratio d’endettement frôlait le 150%. Conclusion de l’avis? Il faut faire attention, mais « Pour l’heure, la situation financière présente des ménages canadiens apparaît saine, quel que soit l’angle sous lequel nous abordons la question. »

Revenons en arrière et prenons quelques exemples. Seulement quelques uns.

En février 2010, la Banque nationale publiait un Hebdo économique sur l’endettement des ménages, alors que Statistique Canada venait d’annoncer que le ratio d’endettement frôlait le 150%. Conclusion de l’avis? Il faut faire attention, mais « Pour l’heure, la situation financière présente des ménages canadiens apparaît saine, quel que soit l’angle sous lequel nous abordons la question. »

Sur le RPR et l’assurance-qualité

Pour tenter de mettre fin à la grève étudiante, la ministre Beauchamp a annoncé deux mesures. 1) l’instauration d’un mécanisme de remboursement proportionnel au revenu (RPR) et 2) la mise en place d’une Commission d’évaluation des universités du Québec (CEUQ), un mécanisme d’évaluation de la qualité des programmes et établissements universitaires.

Combien rapportera la hausse des frais de scolarité au gouvernement suite aux mesures annoncées aujourd’hui?

Aujourd’hui, la ministre de l’Éducation Line Beauchamp et le ministre des Finances Raymond Bachand ont annoncé de nouvelles mesures pour améliorer l’accessibilité aux études dans le cadre de la hausse des frais de scolarité.