Mise à jour économique: entre effort minimum et électoralisme

Photo: Marc Lautenbacher

Le ministre de l’Économie, Éric Girard, présentait hier sa mise à jour économique et financière, un « mini-budget » qui comprend 10,7G$ de dépenses sur 5 ans. Bien que le gouvernement fasse des efforts évidents pour soutenir les personnes les plus touchées par la montée rapide de l’inflation, la CAQ revient rapidement à ses vieilles tactiques en vue de favoriser le secteur privé. Analyse.

La semaine de travail de quatre jours en Espagne

Photo: Vidar Nordli-Mathisen (Unsplash)

Il est trop tôt pour savoir si le monde d’après la pandémie sera pire ou meilleur que celui d’avant. De l’irruption du télétravail à la disparition de la bise, la crise sanitaire nous oblige en tous les cas à remettre en question un grand nombre de nos façons de faire les choses. À cet égard, l’Espagne apportera une contribution hautement prometteuse sur le front du temps de travail : elle testera la semaine de quatre jours.

Économie 101: qu’est-ce que la productivité?

Photo: KUKA Roboter GmbH, Bachmann (Wikipédia)

PIB, externalités, inflation… Le discours économique est rempli de termes qui sont rarement définis. Leur utilisation répétée ne veut pas dire qu’ils sont maîtrisés pour autant. Au contraire, on a parfois l’impression qu’ils sont employés afin d’exclure les non-initiés de débats de société importants. Afin de mieux s’outiller dans de telles situations, l’IRIS propose de définir au fil des semaines quelques notions de base en économie. Aujourd’hui, parlons productivité

Robotisation – L’influence sur la qualité des emplois

Nous avons vu dans le précédent billet que la robotisation ne semblait pas forcément détruire les emplois, mais pouvait même en créer. Tournons-nous à présent sur un enjeu très peu abordé lorsqu’il s’agit de discuter du progrès technologique, soit l’impact de la robotisation sur les salaires. Les variations de salaires sont des phénomènes complexes à analyser, ce qui explique probablement pourquoi il n’en est presque jamais fait mention dans les comptes rendus de la presse. Le salaire est effectivement influencé par énormément de facteurs, ce qui rend très difficile l’isolement de l’effet significatif d’un seul d’entre eux. Les observations de ce billet sont donc à prendre avec de grandes réserves, car elles ne prétendent pas faire l’entière lumière sur les variations de salaire observées, d’autant que les hypothèses utilisées dans ce billet et le précédent sont simplificatrices à dessein. L’objet de ce billet vise davantage à mettre de l’avant l’enjeu de la qualité des emplois qui peuvent être créés à la suite de la robotisation.

L’obsolescence inévitable

Une nouvelle est passée quelque peu inaperçue début juillet : l’adoption par le parlement européen d’initiatives s’attaquant à l’obsolescence programmée (vous savez, cette stratégie commerciale qui vise à raccourcir la durée de vie de vos biens de consommation et à rendre leur réparation pratiquement impossible afin de vous inciter à en racheter des neufs). Quelques intervenants ont bien relaté la nouvelle (ici et ici), le plus souvent pour exprimer leurs doutes sur l’existence même de ce phénomène.

Pourtant, les faits sont têtus. La durée de vie des produits qui nous entourent décline. Essayons de comprendre pourquoi et ce qui est en jeu.

SAQ: les limites de la performance

En début de semaine, une nouvelle étude est venue mettre sur le tapis l’enjeu de la performance de la SAQ. Nous sommes habitués de lire les jugements péremptoires sur cette société d’État jugée inefficace et dont plusieurs voudraient bien remettre en question l’existence. Dans l’étude préparée par le Centre de la productivité et de la prospérité, affilié à HEC Montréal, nous avons plutôt droit à une analyse plus fine de la situation.

 

Santé mentale: et si le problème c’était le travail?

Au début du mois de mai se déroulait la semaine nationale de la santé mentale. Cette semaine visait principalement à faire de la sensibilisation sur la dépression. Nous ne sommes évidemment pas dans un processus nouveau : déjà en 2007, une publicité reflétant les principaux stéréotypes et clichés sur la question était au centre de la campagne « Mettons fin à nos préjugés ». Ces campagnes de sensibilisation n’empêchent malheureusement pas les problèmes d’accessibilité aux soins, et ce, particulièrement dans un contexte d’austérité. Et si nous parlions un peu plus des causes afin d’élaborer des politiques de prévention?

Les syndicats nuisent-ils à l’économie?

Nous avons publié mardi une brochure sur les syndicats, visant à déconstruire en dix questions certains mythes véhiculés par la droite anti-syndicale au Québec. Tous les prochains mercredis du mois d’octobre, nous publierons sur le blogue du Journal un billet, reprenant les principaux thèmes de la brochure. Voici donc le premier billet d’une série de quatre.

La plus forte présence syndicale au Québec qu’ailleurs au Canada fait beaucoup parler. Pour plusieurs, les syndicats en mènent trop large et sont trop puissants. Avec un taux de syndicalisation à 39,9 % en 2012, le Québec fait figure d’exception avec une avance de 8 % sur le reste du Canada.

Ce simple fait suffit à déchaîner les passions. Les préjugés anti-syndicaux sont nombreux (comme ici et ici). Les syndicats seraient inefficaces, nuiraient à l’économie, freineraient la création de richesse en plus de protéger les pommes pourries qui profitent du système. Pourtant, bien peu de données tendent à confirmer ce genre d’affirmation. Évaluons certaines des lignes d’attaque des adversaires des syndicats pour y voir plus clair.

Poissons gluants et malabars

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Un ami m’a déjà dit que Michel Foucault – sur qui il faisait sa thèse – est comme un poisson gluant. Quand on pense l’avoir attrapé, il nous glisse des mains. Cette métaphore illustre bien comment je me sens devant plusieurs concepts économiques. Cette science qui se prétend impitoyablement froide repose en fait sur quelques idées étonnamment fuyantes.

La première fois que j’ai été frappé par ce constat, c’est en me penchant sur le concept de productivité pour un billet sur ce blogue. En apparence, l’idée est à la fois solide et vitale au processus économique. Elle est l’ennemie du gaspillage. Or, comment peut-on aimer le gaspillage? Surtout à l’époque des 3R-V. On veut faire le plus possible dans le moins de temps de travail possible. C’est logique, mais pas si simple que ça à calculer. À l’époque, je rappelais qu’on procède en général de façon simpliste pour calculer la productivité. On compte l’argent produit par un secteur et on le divise par le nombre d’heures travaillées dans ce secteur. Un secteur est productif s’il génère beaucoup d'argent avec peu d’efforts. Viennent alors à l’esprit la mafia et la spéculation financière et l’avenir promet d’être radieux. Plus sérieusement, le voile de la monnaie obscurcit tellement la question de la productivité, on se demande si elle finit par vouloir dire véritablement quelque chose.

La productivité au Québec : choisir les données

Jérôme Lussier, a récemment publié sur le blogue politique de L'actualité une critique de l’étude qu’Eve-Lyne Couturier et moi avons réalisée début mai « Productivité : Le Québec est-il en retard ?». Ce texte m’est apparu comme un bon prétexte de préciser certains aspects de notre pensée. Voici donc une réponse à son billet.

Quoique le travail de discussion et de questionnement critique soit souvent une bonne occasion de faire progresser le débat, celui-ci, pour être utile, doit faire montre d’au moins trois éléments : (1) Une certaine compréhension du propos; (2) une bonne lecture de ce qui est critiqué; et (3) dégager des éléments positifs afin de projeter l’analyse vers l’avant. Malheureusement, la critique de Lussier est assez pauvre à ces trois niveaux.

Le retard de productivité du Québec : une fiction

Le Québec aurait un problème de productivité. C’est ce qu’on nous raconte sans cesse, reprochant aux travailleurs et aux travailleuses de ne pas mettre l’effort nécessaire pour combler l’écart qui nous sépare de nos si dynamiques voisins ontariens. Devant cet énoncé mille fois répété comme vérité, nous avons décidé de nous pencher sur la question, de voir de quoi il en retourne réellement. La note publiée aujourd’hui permet de voir que la situation au Québec est beaucoup plus positive qu’on essaie de nous le faire croire.

D’abord, il est important de rappeler ce qu’est la productivité. Pour la calculer, on utilise généralement la valeur de ce qui est produit (par exemple, le PIB) que l’on divise par une unité de travail (par exemple, les heures travaillées). Ce ratio dépend de plus que la simple volonté des personnes qui effectuent le travail. Les investissements technologiques ou les modifications dans l’organisation du travail peuvent avoir un effet encore plus important.