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Économie 101: qu’est-ce que la productivité?

24 janvier 2020

  • Eve-Lyne Couturier

PIB, externalités, inflation… Le discours économique est rempli de termes qui sont rarement définis. Leur utilisation répétée ne veut pas dire qu’ils sont maîtrisés pour autant. Au contraire, on a parfois l’impression qu’ils sont employés afin d’exclure les non-initiés de débats de société importants. Afin de mieux s’outiller dans de telles situations, l’IRIS propose de définir au fil des semaines quelques notions de base en économie. Aujourd’hui, parlons productivité

Définition classique

Quand on parle de productivité, on fait référence à un indicateur économique qui a comme objectif de comparer des industries ou des États en fonction de la richesse qu’ils produisent. Statistique Canada la mesure en calculant le produit intérieur brut (PIB) par heure travaillée. En d’autres mots, la productivité est la mesure des dollars que génère un pays ou un secteur de son économie en une heure de travail.

On parle souvent de la productivité du Québec pour la comparer avec celle de l’Ontario, qui ferait beaucoup mieux que nous. Plusieurs mesures sont mises en place pour améliorer notre productivité et nous rendre plus compétitifs. Mais est-ce que cette mesure est adéquate pour juger du dynamisme économique de notre société?

Angles morts

La productivité telle que définie plus haut est un concept très limité. S’il s’agit d’un indicateur qui se base sur la valeur monétaire de ce qui est produit, quelle est la productivité d’une préposée aux bénéficiaires? D’un enseignant de maternelle? D’un artiste? Est-ce que la productivité est bien la mesure de l’efficacité de leur travail? Veut-on vraiment d’un système de santé qui mesure son succès au nombre de dollars qu’il réussit à générer en traitement et équipement par heure? À l’opposé, le secteur financier paraît très productif. En effet, il est possible de faire des millions de dollars en quelques secondes, sans pourtant produire quoi que ce soit de tangible. Être plus productif ne signifie donc pas de produire plus, ni même mieux, mais simplement de produire plus de valeur ajoutée.

C’est entre autres pour cette raison que l’Ontario dépasse le Québec en matière de productivité : leur secteur financier, avec la Bourse de Toronto, est plus développé que le nôtre. Si, par contre, on regarde la situation industrie par industrie, le Québec se démarque. En effet, si notre tissu industriel était le même que celui nos voisins de l’ouest, la comparaison serait à notre avantage.

Il n’y a pas que le type d’industries que compte un pays qui peut fausser les comparaisons. Le coût de la vie influencera aussi la productivité. Par exemple, pour un même nombre d’heures travaillées, et pour une efficacité similaire, il y aest fort à parier qu’un chandail produit au Québec coûtera plus cher que son double qui arrive directement du Bangladesh. Ainsi, par le simple fait que nous sommes plus riches ici, nous obtenons une meilleure productivité au sens économique du terme.

Et si on utilisait plutôt…

La productivité comme indicateur de performance limite le portrait à la composante économique des activités. L’efficacité se mesure pourtant de d’autres manières. Cela est évident quand il est question de services publics comme la santé et l’éducation, mais le problème ne se limite pas à ces domaines. La crise climatique devrait notamment nous amener à réfléchir à d’autres façons de se comparer et à valoriser d’autres dimensions du travail qui est réalisé par une société.

Quand on applique la notion de productivité ou d’efficacité à notre propre vie, on se fixe généralement des objectifs en fonction de notre réalité, de nos besoins, de nos capacités. Ne serait-il pas opportun de faire de même avec les économies nationales? Oui, il peut être possible d’améliorer certains procédés et façons de faire, mais cela peut vouloir dire utiliser moins de ressources, se laisser plus d’espace mental pour réfléchir et, ultimement, mieux faire concorder ce que notre économie produit aux besoins concrets de ceux et celles qui en dépendent.

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