50 ans de la Loi sur l’assurance maladie — Une bataille inachevée

Il y a exactement 50 ans, soit le 1er novembre 1970, la Loi sur l’assurance maladie entrait en vigueur. Le Québec devenait ainsi la dernière province à adhérer au programme mis en place par le gouvernement fédéral cinq ans plus tôt, lui-même à la remorque de la plupart des autres pays occidentaux. Si la pandémie actuelle nous rappelle l’importance d’un accès universel à des services de santé de qualité, elle démontre également que les luttes ayant entouré la mise en place de l’assurance maladie demeurent aujourd’hui inachevées.

Les soins à domicile : une affaire rentable

La semaine dernière, Statistique Canada publiait une série de données fort intéressante au sujet des soins à domicile. Nous y apprenions que les revenus d’exploitation des entreprises du secteur privé dans ce domaine étaient en hausse de 5,1 %, passant de 5,1 G$ à 5,4 G$ entre 2016 et 2017 pour l’ensemble du Canada. Le vieillissement de la population n’est certes pas étranger à cette situation. La proportion des aîné·e·s (personnes de 65 ans et plus) est passée de 7,9 % de la population totale en 1971 à 17,2 % l’an dernier. Lorsqu’on connaît les grands besoins de soins à domicile de cette population, il n’est pas étonnant de voir le chiffre d’affaires des entreprises de ce secteur suivre une courbe ascendante. 

Ces faits que la FMOQ préfère ignorer

Dans sa réponse à notre fiche technique sur les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) publiée la semaine dernière, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), M. Louis Godin, parle « d’inexactitudes », de « faits alternatifs » et de « propagande » pour qualifier nos conclusions. Pourtant, les chiffres qu’il amène pour « rectifier » nos affirmations sont strictement identiques à ceux que nous utilisons. Il pourrait difficilement en être autrement puisque nos données sont directement tirées de la Lettre d’entente 229 conclue entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et M. Godin lui-même.

L’ambition n’a pas la cote

Le cadre financier des partis politiques est un exercice approximatif ; il devrait néanmoins proposer, dans le Québec de 2018, un plan pour affronter la crise économique et le désastre écologique à venir. Or, force est de constater que, pour plusieurs, l’objectif de gagner les élections prime sur celui de s’attaquer aux chantiers prioritaires que sont les luttes contre la croissance des inégalités et les changements climatiques.

Les grands oubliés

C’est bien connu, mais il importe de le répéter : l’austérité budgétaire a été appliquée de manière récurrente dans les dernières années au Québec, et cette politique a eu des conséquences sociales pour le moins désastreuses. Le gouvernement s’est toujours targué d’agir de manière responsable. Or, on a beau couper dans les services – parce que c’est bien ce qui est arrivé –, les besoins de la population, eux, sont rarement compressibles.

Les effets pervers du privé en santé

Vous vous êtes sûrement déjà trouvé chez un optométriste à vous demander si le nouvel examen dernier cri qu’il vous propose est bon pour vous ou plutôt pour la marge de profit de son entreprise. Peut-être aussi que votre dentiste a soudainement trouvé tout plein de travaux à effectuer « absolument » dans votre bouche le jour où il a su que vous aviez désormais accès à une assurance privée. Peu importe le système de santé, la confiance entre un·e patient·e et un·e professionnel·le de la santé demeurera toujours déterminante. Il n’en demeure pas moins toutefois que ce lien de confiance est affecté par le souci de rentabiliser des organisations privées à but lucratif qui opèrent dans le domaine de la santé, qu’il s’agisse de prestation de services, de vente de biens ou d’assurances.

L’arrogance ne séduit pas

Il y a un peu plus de dix ans, La Grande Séduction était à l’affiche dans les salles de cinéma du Québec. Ce film raconte l’histoire de Dr Christopher Lewis, que les habitant·e·s d’un village de la Côte-Nord tentent de séduire bien que ce dernier semble davantage attaché à la débauche montréalaise qu’au proverbial serment d’Hippocrate… Il est navrant de constater que le personnage arrogant du Dr Lewis rejoint l’image que plusieurs se font aujourd’hui des médecins québécois.

Santé mentale: et si le problème c’était le travail?

Au début du mois de mai se déroulait la semaine nationale de la santé mentale. Cette semaine visait principalement à faire de la sensibilisation sur la dépression. Nous ne sommes évidemment pas dans un processus nouveau : déjà en 2007, une publicité reflétant les principaux stéréotypes et clichés sur la question était au centre de la campagne « Mettons fin à nos préjugés ». Ces campagnes de sensibilisation n’empêchent malheureusement pas les problèmes d’accessibilité aux soins, et ce, particulièrement dans un contexte d’austérité. Et si nous parlions un peu plus des causes afin d’élaborer des politiques de prévention?

Le coût de la pauvreté au Québec : 17 milliards de $

Presque tous les jours, à mon bureau, je me sens un moment  frustré et impuissant. À cet instant, c’est comme si je me trouvais au bord d’un gouffre en compagnie de mon patient, contemplant la maladie au fond du précipice et la santé, de l’autre côté. Et nous ne parvenons pas, lui et moi, à bâtir cette passerelle qui nous permettrait de traverser. Nous savons à quoi elle ressemblerait, mais nous n’avons pas les matériaux requis pour la construire.

Ce gouffre, je l’ai contemplé avec Fatima, une mère monoparentale avec deux enfants d’âge scolaire, qui travaille à plein temps chez Tim Hortons, au salaire minimum, c’est-à-dire 10,15 $ l’heure. Fatima souffre de maux de dos et d’arthrite. Elle arrive tout juste à payer son loyer. Elle n’a pas le temps de voir un chiropraticien ni de faire de l’exercice. Elle n’a pas les moyens de s’acheter des médicaments antidouleur. Souvent, elle peine à nourrir sa famille à la fin du mois, se privant pour que ses enfants mangent à leur faim.