Exploiter des jeunes faute de pouvoir embaucher des adultes?

Photo: Raysonho

Un article paru sur le site de TVA Nouvelles en a fait sourciller plus d’un·e la semaine dernière. On y apprenait qu’une entreprise spécialisée en jeux d’évasion employait au moins trois adolescentes âgées de 12 à 16 ans. La journaliste expliquait que « [f]ace à la pénurie de main-d’œuvre actuelle, les jeunes représentent une opportunité intéressante pour les employeurs, ils sont énergiques et très appliqués à la tâche. » D’autres récits similaires évoqués récemment par différents médias laissent entendre que cette situation n’est pas aussi exceptionnelle qu’on pourrait le croire.

Robotisation – L’influence sur la qualité des emplois

Nous avons vu dans le précédent billet que la robotisation ne semblait pas forcément détruire les emplois, mais pouvait même en créer. Tournons-nous à présent sur un enjeu très peu abordé lorsqu’il s’agit de discuter du progrès technologique, soit l’impact de la robotisation sur les salaires. Les variations de salaires sont des phénomènes complexes à analyser, ce qui explique probablement pourquoi il n’en est presque jamais fait mention dans les comptes rendus de la presse. Le salaire est effectivement influencé par énormément de facteurs, ce qui rend très difficile l’isolement de l’effet significatif d’un seul d’entre eux. Les observations de ce billet sont donc à prendre avec de grandes réserves, car elles ne prétendent pas faire l’entière lumière sur les variations de salaire observées, d’autant que les hypothèses utilisées dans ce billet et le précédent sont simplificatrices à dessein. L’objet de ce billet vise davantage à mettre de l’avant l’enjeu de la qualité des emplois qui peuvent être créés à la suite de la robotisation.

Bientôt le salaire minimum à 15$ aux États-Unis ?

Les élus de la chambre des représentants aux États-Unis seront appelés sous peu à voter sur un projet de loi qui propose de faire passer le salaire minimum fédéral de 7,25$US (9,52$CA) à 15$US (19,69$CA) l’heure d’ici 2024, soit une hausse de plus du double. Le « Raise the Wage Act », présenté en février dernier par le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders et le représentant démocrate de la Virginie Bobby Scott, prévoit en outre d’indexer le salaire minimum à la variation du salaire médian au pays ainsi que de relever les minimums salariaux pour les employé·e·s de la restauration, les adolescent·e·s et les personnes en situation de handicap.

La réalité derrière les « marchés comparables » des hauts-fonctionnaires québécois

Pour justifier l’augmentation des salaires des hauts fonctionnaires québécois et leur importante disparité avec le salaire moyen, le premier ministre déclarait récemment que l’État devait se mettre au diapason de ce qui existe sur les différents marchés :

« Il y a des postes comparables qui existent dans l'entreprise privée. Il y a des postes comparables qui existent dans les États autour du Québec. On ne peut pas s’isoler de la réalité des marchés » (La Presse, 16 mai 2019)

Les médecins au pied du mur

L’IRIS publiait hier une note socio-économique sur la rémunération des médecins québécois. Dans cette publication, nous montrons comment la taille de l’enveloppe budgétaire qui sert à payer les médecins s’est hypertrophiée et pourquoi il est urgent de reprendre le contrôle de ces dépenses. Tant le ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette que le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont réagi à notre document. Et ils ne l’ont pas aimé.

 

Les niveaux de vie décile par décile : des différences énormes

Comment nous répartissons-nous dans la société québécoise en dessous et au-dessus de la ligne de ce qu’il faut pour couvrir le strict nécessaire ?

Dans une note récente, Le déficit humain imposé aux plus pauvres, nous avons utilisé la Mesure du panier de consommation (MPC) comme indicateur reconnu «pour suivre les situations de pauvreté du point de vue de la couverture des besoins de base». Nous nous intéressions alors aux dollars qui manquent selon cette ligne de couverture minimale dans les revenus des ménages. Tout en rappelant que cette mesure détermine un seuil du strict nécessaire qui ne suffit pas à indiquer un seuil de sortie de la pauvreté, nous avons posé que ces dollars vitaux et manquants pouvaient à coup sûr être considérés comme un emprunt à la qualité de vie et l’espérance de vie des plus pauvres. Nous avons montré que de 2002 à 2011, ce déficit humain selon la MPC était passé de 2,5 G$ à 3,6 G$ en dollars constants de 2011. Sur dix ans, ce déficit dont on ne parle pas était trois fois plus élevé que le déficit budgétaire total du Québec, dont on  a abondamment parlé. Pendant ce temps le revenu excédentaire au seuil de la MPC des ménages situés au-dessus de cette ligne était passé de 81,2 G$ à 91 G$. La simple croissance de ce revenu excédentaire aurait suffi à régler le déficit humain en question.