La productivité au Québec : choisir les données

Jérôme Lussier, a récemment publié sur le blogue politique de L'actualité une critique de l’étude qu’Eve-Lyne Couturier et moi avons réalisée début mai « Productivité : Le Québec est-il en retard ?». Ce texte m’est apparu comme un bon prétexte de préciser certains aspects de notre pensée. Voici donc une réponse à son billet.

Quoique le travail de discussion et de questionnement critique soit souvent une bonne occasion de faire progresser le débat, celui-ci, pour être utile, doit faire montre d’au moins trois éléments : (1) Une certaine compréhension du propos; (2) une bonne lecture de ce qui est critiqué; et (3) dégager des éléments positifs afin de projeter l’analyse vers l’avant. Malheureusement, la critique de Lussier est assez pauvre à ces trois niveaux.

The Economist et Frankenstein

The Economist présentait récemment en première page une série de robots en train de vaquer aux occupations les plus diverses : transporter des marchandises, s’occuper des personnes âgées, des enfants, des plantes, etc. Le texte qui accompagne cette proposition futuriste nous promet que ces grandes avancées serviront aux consommateurs et consommatrices, mais se demande ce qu’il arrivera des travailleurs et travailleuses qui seront remplacés par des robots. Voilà une bien étonnante question lorsqu’on y pense un peu… c’est comme si le futur vivait constamment dans le passé.

L’exploitation goûte meilleure quand on l’aime

Êtes-vous de ceux ou celles dont le travail est également la passion? Seriez-vous prêt·e·s à accepter une réduction de salaire simplement pour le plaisir de conserver l’emploi que vous avez actuellement, avec les collègues que vous avez présentement? Selon un sondage mené par la firme de recrutement Monster l’an dernier, ce sont ceux et celles qui gagnent le plus cher qui se retrouvent le plus dans cette catégorie. Il ne faut pas s’en étonner. Les salaires élevés sont souvent le lot de travail que l’on choisit de son plein gré, qui vient avec des responsabilités, de l’influence et de la reconnaissance. Par contre, pour la grande majorité des travailleurs et travailleuses, le travail est plutôt une corvée rémunérée, avec trop souvent peu de chance d’avancement et encore moins de pouvoir sur les orientations de la boîte ou la manière de faire les choses.

Est-ce que le système d’impôt québécois favorise le travail?

Plusieurs études démontrent que notre système fiscal participe à redistribuer de la richesse et ainsi à diminuer l’écart entre les riches et les pauvres. Toutefois, une analyse approfondie des déductions et des crédits d’impôt expose une limite de l’idée que l’on se fait de la progressivité des paliers d’imposition. Ces déductions et crédits offrent des avantages à celles et ceux qui gagnent plus de 70 000$/an et défavorisent les salarié.e.s (même s’ils gagnent plus de 70 000$/an) par rapport aux contribuables ayant des revenus de capital, de dividendes ou d’entreprises.

C’est ce que nous constatons dans une étude publiée hier par l’IRIS.

Faut-il réduire le temps de travail?

Le travail est au centre de notre vie. Dès l’enfance, on nous demande ce que l’on voudrait faire quand nous serons grands. Ensuite, on passe une longue partie de notre vie sur les bancs d’école afin de nous préparer, entre autres, à occuper un emploi. Le travail pourra être synonyme d’épanouissement et de satisfaction, mais il devient trop souvent synonyme de fatigue et d’aliénation.

À une époque où le temps nécessaire à ce que plusieurs jugent essentiel (famille, ami.e.s, temps libre, etc.) semble nous filer entre les doigts, il est grand temps de questionner la place que prend le travail dans notre société. Une bonne façon de commencer est de remettre de l’avant une notion quelque peu tombée dans l’oubli, soit la réduction du temps de travail.

À propos du top 100 des PDG

La semaine dernière, nos collègues du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) publiaient leur mise à jour annuelle sur la rémunération des 100 dirigeants d’entreprises les mieux payés au Canada.

Lorsqu’on appartient à ce groupe, on gagne en moyenne 8 millions (M) de dollars par année, une fois additionnés les différents modes de rémunération (salaire, primes, actions, options, etc.).

Gagner 8 millions par an, ça veut dire que le 2 janvier 2014, à 13h11, on a déjà empoché environ 47 000$, soit le salaire moyen d’un travailleur au Canada.

Pourquoi, ça survient le 2 janvier ? Parce que le 1er, c’est férié…

Les employé.e.s du secteur public : des gras durs? Vraiment?

On entend souvent dire que les employé.e.s du secteur public sont des gras durs, des privilégiés. Que leurs conditions salariales sont exceptionnelles. En fait, à entendre certains commentateurs travailler pour le gouvernement québécois équivaut à des salaires mirobolants et des conditions de travail hors de l’ordinaire.

Soyons honnête, trouver un emploi au gouvernement est en général une bonne nouvelle. Pour la plupart des gens, ça signifie un emploi relativement stable et relativement bien payé avec de bons avantages sociaux. En fait, les employé.e.s du secteur public québécois sont une bonne part de ce qui constitue la classe moyenne au Québec. Par rapport à l’ensemble de la planète et à bien des gens au Québec (chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale, travailleuses et travailleurs précaires, etc.) c’est une position somme toute confortable, on s’entend. Par contre, les employé.e.s de l’État québécois jouissent-ils pour autant de privilèges imposants par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec? Le prétendre relève d’un préjugé.