Legault et les fonctionnaires

Pour un politicien en campagne, dénoncer l’inefficacité des fonctionnaires, c’est comme prendre une photo avec un bébé : ça marche toujours. Le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, a donc promis hier d’en finir avec « le gaspillage et de réduire la bureaucratie au sein de l’État ». Au-delà des clichés et des stéréotypes sur l’image du fonctionnaire inutile, comment a évolué le nombre d’employé·e·s de l’État au Québec dans les dernières années?

Les compressions économiques dans l’administration publique : utiles pour le développement?

Le gouvernement du Québec prétend avoir une stratégie économique: sabrer dans le secteur public et se tourner vers l’extractivisme. Le scénario qu’il a écrit pour les régions ressources est particulièrement clair : paver la voie (littéralement!) aux compagnies minières étrangères pour qu’elles viennent investir et créer de l’emploi, ou encore accorder des millions de dollars en crédits d’impôt pour l’industrie forestière (p. B.211). Cette stratégie devrait, selon lui, relancer l’économie dans les régions ressources. Du même souffle, le ministre Coiteux se félicite d’avoir coupé près de 500 postes dans la fonction publique depuis le 1er janvier, selon lui cela favorise l’investissement. Or, en cette période de stagnation économique, rien n’est moins sûr.

Comment vont les gras durs?

Le salaire des employé.e.s du secteur public défraie la manchette non seulement à cause de la loi 3, mais aussi à cause des négociations du secteur public qui approchent. Comme toujours, on présente nos fonctionnaires comme des « gras durs » profitant de conditions de travail hors du commun. L’année dernière, j’avais mis évidence les mythes que l’Enquête sur la rémunération globale de l’Institut de statistique du Québec (ISQ) venait déboulonner. Cette année encore, cette étude confirme le retard de rémunération globale des employé.e.s du public face à leurs collègues des autres secteurs. Cependant, les résultats de cette année exigent une analyse plus fine afin de bien comprendre les réactions contradictoires qu’elle suscitera.

Les employé.e.s du secteur public : des gras durs? Vraiment?

On entend souvent dire que les employé.e.s du secteur public sont des gras durs, des privilégiés. Que leurs conditions salariales sont exceptionnelles. En fait, à entendre certains commentateurs travailler pour le gouvernement québécois équivaut à des salaires mirobolants et des conditions de travail hors de l’ordinaire.

Soyons honnête, trouver un emploi au gouvernement est en général une bonne nouvelle. Pour la plupart des gens, ça signifie un emploi relativement stable et relativement bien payé avec de bons avantages sociaux. En fait, les employé.e.s du secteur public québécois sont une bonne part de ce qui constitue la classe moyenne au Québec. Par rapport à l’ensemble de la planète et à bien des gens au Québec (chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale, travailleuses et travailleurs précaires, etc.) c’est une position somme toute confortable, on s’entend. Par contre, les employé.e.s de l’État québécois jouissent-ils pour autant de privilèges imposants par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec? Le prétendre relève d’un préjugé.