L’environnement n’a pas besoin de plus d’échanges commerciaux

Dans la dernière année, les discussions de libre-échange ont été dominées par ce qui se passe aux États-Unis. Que ce soit la renégociation de l’ALÉNA, les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium ou les guerres commerciales qui semblent prendre forme entre notre voisin du sud et la Chine, parler de libre-échange semble à tout coup vouloir dire parler de Donald Trump. Ce serait néanmoins réducteur de s’arrêter là. Prenons par exemple l’Accord économique et commercial global (AECG, mieux connu sous son acronyme anglais CETA) que le Canada cherche à signer avec les pays de l’Europe. Les débats semblent terminés et la question réglée alors que tous les signataires n’ont toujours pas ratifié l’entente. Et en fin de compte, que connaissons-nous de cette entente ?

Un pas de plus vers le libre-échange entre le Canada et l’Europe

Vendredi dernier était signé à Ottawa l’Accord économique et commercial global (AECG) par le premier ministre canadien Stephen Harper, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, ainsi que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, en préparation depuis cinq ans, doit encore subir une révision juridique puis être traduit avant d’être ratifié par les chefs des gouvernements de l’Union européenne et approuvé par les provinces canadiennes. En ce sens, « une route encore longue » comme le disait Éric Desrosiers dans Le Devoir nous sépare de l’entrée en vigueur officielle de cet accord qui couvre « le commerce des biens et services, les contrats publics, la durée des brevets pharmaceutiques, les produits agricoles, la mobilité de la main-d’œuvre, la culture, ainsi que la délicate question des obstacles au commerce que peuvent constituer les différences de normes et de règles. » Il n’est cependant pas trop tôt pour mesurer les effets d’un tel accord sur l’économie et la population canadiennes. Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) publiait la semaine dernière une analyse du texte de l’accord dans laquelle elle met en lumière les aspects les plus préoccupants de l’accord, que nous reproduisons partiellement dans les lignes qui suivent.

Le Godzilla de la mondialisation

Que se passe-t-il avec la mondialisation? Vingt ans après que ce concept triomphaliste se soit imposé au cœur des préoccupations des sociétés occidentales, on constate chaque année plus clairement que tant l’abolition des frontières entre les peuples que la prospérité pour tout le monde étaient un mirage. On a pourtant bel et bien mondialisé des choses. Mais pas ce qu’on nous promettait.

Au courant des années 90, la mondialisation succède à la guerre froide au sommet des priorités des affaires du globe. Le capitalisme anglo-saxon cherche à s’étendre sur le monde entier. Rapidement, des mouvements sociaux s’organisent contre cette réorganisation de la société à coup de traités de libre-échange. C’est l’apparition de l’anti-mondialisation. Quelques années plus tard, ça sera l’arrivée des « altermondialistes » qui ne s’opposent plus comme tel à la mondialisation, mais qui en proposent une qui serve les êtres humains avant les marchandises.

L’AECG : une menace à l’agriculture québécoise

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À la mi-octobre, une entente sur les principaux éléments de l’Accord économique et commercial global (AECG) a été conclue entre le gouvernement canadien et l’Union européenne. Ce traité de libre-échange a été présenté comme une opportunité en or d’accroitre le commerce des denrées agricoles, en particulier celles provenant du secteur céréalier. Dans le cadre de l’AECG, les produits agricoles canadiens verront leurs droits de douane réduits de 95%. Le gouvernement assure que l’élimination de ces tarifs bénéficiera également aux industries bovine et porcine en augmentant leur exploitation.

Tant pis pour les fromages du Québec

Au chapitre du fromage, le gouvernement se fait moins rassurant. L’AECG devrait permettre l’entrée au pays de quelque 17 700 tonnes additionnelles de fromages provenant d’Europe. Les producteurs laitiers et fromagers québécois ont fortement réagi à cette nouvelle et ont laissé savoir que ça n’avait selon eux « carrément pas d’allure ». Cette mesure affectera d’ailleurs directement les producteurs fromagers du Québec, où se trouve 60 % de la production de fromages fins du Canada.