Les prévisions budgétaires irréalistes du ministère des Finances

Photo: Samuel Gamache (Wikipédia)

À force d’être aussi loin de la réalité, les prévisions budgétaires du ministère des Finances du Québec vont-elles perdre en crédibilité ? Une fois de plus cette année, l’IRIS prévoit que la situation budgétaire du Québec sera bien moins sombre que ce que projette le gouvernement. Certes, des événements imprévus – une pandémie par exemple – peuvent modifier radicalement les projections réalisées par un gouvernement en début d’exercice, mais il s’avère que cette « tradition » d’imprécision s’est établie bien avant 2020. Ces constats nous forcent à redoubler de prudence face aux prévisions budgétaires du gouvernement, qu’elles soient trop optimistes ou trop pessimistes.

Ne rien mettre à jour

Hier, Éric Girard, tout nouveau ministre des Finances de la Coalition Avenir Québec (CAQ), a dévoilé sa première mise à jour économique. L’exercice était attendu, nous étions plusieurs à nous demander à quelle CAQ nous aurions affaire : la CAQ fâchée des premières années qui ne manquait pas une occasion pour critiquer l’immobilisme, la bureaucratie et les sacro-saintes vaches sacrées du modèle québécois ou la CAQ assagie de la dernière campagne électorale?

Le 3G$ de surplus est-il soluble dans le temps?

Au début du mois, le ministère des Finances a publié la mise à jour mensuelle de ses résultats budgétaires.  Seulement au mois d’août, Québec a enregistré un solde budgétaire excédentaire de 1 567 M$, portant le surplus pour les cinq premiers mois de l’année à 2 988 M$. Cela a suffi pour mettre le feu aux poudres de la planète politique : Québec nagerait dans les surplus. Chacun y est donc allé de ses demandes : réinvestissement, baisses d’impôts, remboursement de la dette, etc.

La politique d’austérité budgétaire au Québec à la suite de la crise financière

Nos services publics sont sérieusement malmenés ces dernières années en raison de la politique d’austérité. Selon les données budgétaires, ce sont 20 milliards d’efforts qui ont été exigés de la population du Québec sur une période de six ans, de 2010 à 2015. Cela représente 3,4 milliards par an en moyenne, dont 2,3 milliards par an en compressions de dépenses. Trois ministres des finances se sont succédé, Bachand, Marceau et Leitão, chacun avec son plan de retour à l’équilibre budgétaire, chacun avec son cortège de compressions de dépenses et de hausses de taxes. L’objet du présent texte est de revoir, à travers l’examen des budgets successifs, comment s’est déployé le grand schéma conçu en 2009-2010, et dégager les reliefs de cette période.

Jim Flaherty : un grand ministre des Finances ?

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Au plan personnel, l’homme était sympathique et attachant. Sa solidité et sa détermination tranquille forçaient le respect et inspiraient la confiance. Son décès subit et prématuré suscite une grande tristesse.

Comme ministre des Finances, son bilan et son héritage demeurent très discutables. Vedette du gouvernement conservateur ontarien de Mike Harris  dans les années 1990, il a contribué de manière zélée à la mise en œuvre de la « révolution du bon sens » qui consistait à démanteler l’État afin de réduire les impôts.  Dix ans plus tard, l’Ontario est devenue une province récipiendaire de péréquation qui peine à rétablir ses équilibres financiers suite à la crise.