Pourquoi il ne faut pas se fier aux chiffres sur l’emploi que vous lisez dans les médias

Pendant cette campagne électorale qui s’amorce le mot « emploi » prend beaucoup de place. D’abord on nous parle du chômage et du bilan du Parti québécois en matière de création d’emplois. Le débat a commencé avant la campagne, mais prend une nouvelle ampleur depuis. Je vais tenter de montrer ici à quel point on ne comprend à peu près rien des chiffres sur l’emploi dans les médias et comment cette mauvaise compréhension nuit au débat public.

Le Québec aurait perdu 26 000 emplois en février, la nouvelle est tombée comme une bombe ébréchant au passage le bilan de Mme Marois. On connaît la chanson, l’opposition accuse et le gouvernement minimise. Devant ces désaccords sur l’emploi qui durent depuis des mois, la première question qu’on peut se poser est : les données sur lesquelles se fonde la discussion sont-elles fiables?

Situation des femmes au Québec : le curieux pari de la première ministre

L’égalité hommes-femmes est un principe noble qui, s’il ne repose que sur la bonne volonté de tout un chacun, peut n’avoir aucune consistance et aucune incidence sur les relations qui nous lient les uns aux autres de manière concrète et quotidienne. C’est pourquoi des lois, politiques et institutions ont été mises en place au cours du 20e siècle pour garantir que ce principe se traduise par des normes encadrant la vie collective et s’incarne dans nos pratiques parfois les plus intimes.

Ce faisant, il est indéniable que nous avons fait d’énormes progrès en ce qui a trait au statut des femmes dans la société et à leurs conditions de vie. Il n’en demeure pas moins que ces avancées sont si fragiles qu’on ne peut se permettre, comme se plaisent à le faire certains, de les tenir pour acquises une fois pour toutes.

Éloge de la gratuité

La situation budgétaire du Québec en inquiète plus d’un (comme il est possible de le voir iciici et ici). Les Québécois-e-s, au travers leur État et leurs institutions publiques, vivraient bien au-dessus de leurs moyens, et ce, depuis fort longtemps. En conséquence il faudrait augmenter les tarifs exigés des utilisateurs des services publics. C’est exactement ce principe qu’a suivi Mme Marois il y a quelques semaines en annonçant une augmentation des tarifs des services de garde, ceux-ci devant passer de 7$ par jour à 9$.

Ce principe, que l’on nomme souvent « l’utilisateur-payeur », repose sur une idée toute simple voulant qu’il n’existe pas une telle chose qu’un service public gratuit, quelqu’un quelque part devant payer la facture (pour les infrastructures, les salaires, l’administration, etc.). Il serait donc injuste d’imposer le paiement de ce coût à l’ensemble de la population.

Comment cacher un rapport sans se fatiguer

En juillet 2013, le PQ annonçait en grande pompe une vaste consultation sur les enjeux énergétiques du Québec qui devait servir de base à l’élaboration de la prochaine stratégie énergétique de la province. Cette consultation, coprésidée par messieurs Mousseau et Lanoue, avait pour mandat de dresser un portrait du secteur énergétique au Québec et de faire des recommandations pour répondre aux enjeux énergétiques, environnementaux et économiques à venir. Pour ce faire, la commission a rencontré nombre d’experts et recueilli plus de 460 mémoires provenant à la fois de l’industrie privée, des différents groupes environnementaux et de la population en général. Or, bien que le rapport ait été rendu le 20 janvier dernier, il aura fallu quelques mois et des demandes répétées de journalistes du Devoir pour que le volumineux document de plus de 300 pages contenant 57 recommandations soit rendu public. Vous pouvez d’ailleurs le consulter ici .

Élections : ce dont on ne parlera pas

Philippe Couillard a raison, le dépôt du budget d’hier annonce le début de la campagne électorale. Le Parti québécois voit une possibilité d’aller chercher une majorité, il va tenter sa chance. Une campagne électorale est, en théorie, l’occasion de discuter de ce que nous voulons comme société. Voyons quelques enjeux importants qui ont de bonnes chances d’être malheureusement mis de côté lors des prochaines semaines.

D’abord, la question centrale de notre siècle, l’environnement, risque d’être laissée de côté. Bien sûr, on parlera de ressources naturelles, plus particulièrement du pétrole à Anticosti. On parlera de rapport entre les risques d’exploitation et les revenus pour le Québec, ce qui revient à déguiser une discussion sur l’économie en discussion sur l’environnement.

Santé : importer les pratiques du privé ne réduit pas la bureaucratie

Il y a deux ans (déjà), lorsqu’il a été question de défendre le système d’éducation, un très grand nombre de Québécoises et de Québécois sont montés aux barricades défendre l’héritage de la Révolution tranquille.

Force est de constater que les Québécois.e.s ne se soulèveraient pas de la même manière pour défendre leur système de santé. Comparé aux provinces canadiennes, le Québec est même l’endroit où l’on est habituellement le plus favorable à une présence accrue du secteur privé en santé.

Surenchère olympique

Si, comme le prétend le spécialiste de la sociologie du sport Michel Caillat « analyser le sport c’est aussi analyser la société », il apparaît opportun de se demander ce que nous disent les olympiques des sociétés actuelles alors que les 22e Jeux olympiques (JO) d’hiver battent leur plein dans la ville russe de Sotchi.

Les jeux modernes n’ont bien sûr rien à voir avec leurs ancêtres de l’Antiquité grecque, qui étaient entièrement destinés au culte des divinités hellènes. Cependant, dans leur forme actuelle, les olympiques semblent également prendre une signification différente de l’idée que s’en faisait Pierre de Coubertin au moment de refonder les jeux à la fin du XIXe siècle.

Budget fédéral : faut-il précipiter le retour au déficit zéro?

La poursuite de l’équilibre budgétaire peut être contreproductive lorsqu’elle devient obsessive. Comme au Québec, la date du retour au déficit zéro fait l’objet de spéculations à Ottawa. Lorsque l’attention du public y est portée, on oublie de considérer le coût socio-économique de cette lutte acharnée au déficit. Le budget alternatif du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) est là pour nous le rappeler et nous offrir d’autres avenues pour la gestion des finances publiques.

Le budget 2014-2015 du gouvernement Harper sera déposé la semaine prochaine. On s’attend à un budget déficitaire et à l’annonce d’un retour à l’équilibre pour le prochain exercice, celui de 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, le gouvernement applique des compressions budgétaires depuis plusieurs années. En faisant le choix de l’austérité, le gouvernement a contribué à assécher l’économie en sacrifiant au passage non seulement des citoyen-ne-s qui ont besoin de services, mais aussi ceux et celles qui veulent travailler.

Le virage vert kaki du gouvernement fédéral

Dans moins d’une semaine, le gouvernement fédéral dévoilera son budget pour l’année à venir. Avec des prédictions tablant sur l’atteinte d’un surplus de 3,7 milliards $ en 2015-2016, tout porte à croire que le gouvernement Harper pourra se présenter devant l’électorat le torse bien bombé. Il aura les poches pleines et sera en position de mettre de l’avant ses priorités, sans compromis. Si le passé est garant de l’avenir, parions que lors de la prochaine campagne électorale, en plus des enjeux liés à l’économie, il sera beaucoup question de « l’urgence » d’investir massivement dans la sécurité intérieure et extérieure.

Sur ce dernier point, une note de recherche que j’ai publiée ce matin avec mon collègue Guillaume Hébert incite à reconsidérer certains lieux communs. Certes, l’héritage que lèguera Stephan Harper et ses troupes sera teinté de vert kaki. Toutefois, la tendance à prioriser les dépenses de « sécurité » avant les dépenses « sociales » est ancrée dans les dynamiques fondamentales de l’État fédéral, et ce, depuis le milieu des années 1990.

La vieille économie s’en fout

Donc, le Québec serait dans le rouge. Encore. Tout le monde le dit depuis trois jours. Notre niveau de vie serait trop bas, notre productivité anémique, nos dépenses publiques trop élevées. C’est le mantra de ce que j’appellerais « la vieille économie ». Celle d’avant le passage au… 20e siècle.

Dans la vieille économie, tout dépend du produit intérieur brut (PIB), un outil pratique qui permet de mesurer l’ensemble des activités économiques. Quand on vous verse un salaire, ça fait augmenter le PIB, quand une entreprise achète des machines aussi. Bien utile, mais également bien incomplet, voire souvent carrément déformant.

Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

Le fractionnement du revenu favorise les mieux nantis

Quatre-vingt-six pourcent (86%) des Canadien.ne.s ne bénéficieront en rien du fractionnement du revenu que le gouvernement fédéral entend mettre en place selon une étude publiée aujourd’hui par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

Cette mesure permettra aux couples de partager leurs revenus entre un conjoint plus fortuné et un conjoint moins fortuné pour ainsi réduire leur niveau d’imposition. Or, l’économiste David Macdonald s’est penché sur trois scénarios de fractionnement du revenu incluant celui envisagé par le gouvernement fédéral, mais également sur des scénarios plus généreux concernant toutes les familles. Dans tous les cas étudiés, les résultats accroissent les inégalités de revenus et la mesure se révèle très couteuse pour le gouvernement canadien.