Le Canada: marchand d’armes

La semaine dernière, le Premier ministre du Canada a complété un séjour de quelques jours dans l’Arctique. M. Harper en a profité pour s’en prendre à son vis-à-vis russe, le président Vladimir Poutine. La raison? La Russie serait la grande responsable de la militarisation de l’Arctique ce qui, il va s’en dire, a de quoi inquiéter de ce côté-ci du pôle Nord. Cependant, quand on connait bien la place centrale donnée au budget de la Défense nationale ainsi qu’aux des symboles militaires par le gouvernement conservateur, cette inquiétude a de quoi faire sourire. Est-il possible que notre Premier ministre reproche à notre lointain voisin de faire exactement ce qu’il fait lui-même?

Je ne vais pas m’attarder ici à faire l’analyse des politiques russe et canadienne d’occupation et de revendications territoriales du Nord. Seulement, M. Harper, avec sa manie de reprocher aux autres ce que lui-même fait a piqué ma curiosité. Se peut-il qu’en plus de la militarisation de l’État canadien, nous assisterions à la militarisation de notre économie? Avec quelques 109 000 emplois directs ou indirects, notre complexe industrialo-militaire gagne en importance.

Le virage vert kaki du gouvernement fédéral

Dans moins d’une semaine, le gouvernement fédéral dévoilera son budget pour l’année à venir. Avec des prédictions tablant sur l’atteinte d’un surplus de 3,7 milliards $ en 2015-2016, tout porte à croire que le gouvernement Harper pourra se présenter devant l’électorat le torse bien bombé. Il aura les poches pleines et sera en position de mettre de l’avant ses priorités, sans compromis. Si le passé est garant de l’avenir, parions que lors de la prochaine campagne électorale, en plus des enjeux liés à l’économie, il sera beaucoup question de « l’urgence » d’investir massivement dans la sécurité intérieure et extérieure.

Sur ce dernier point, une note de recherche que j’ai publiée ce matin avec mon collègue Guillaume Hébert incite à reconsidérer certains lieux communs. Certes, l’héritage que lèguera Stephan Harper et ses troupes sera teinté de vert kaki. Toutefois, la tendance à prioriser les dépenses de « sécurité » avant les dépenses « sociales » est ancrée dans les dynamiques fondamentales de l’État fédéral, et ce, depuis le milieu des années 1990.