La politique du charognard

Le 28 juillet 2009, l’armée du Honduras décide d’en finir avec l’élan démocratique du pays. Coup d’État. On attrape le président chez lui en pyjama, on le met dans avion et on l’expédie à l’étranger. Les classes dominantes du Honduras ne voulaient plus rien savoir de ce président, Manuel Zelaya, qui s’était mis en tête de réécrire la Constitution du pays, le 2e plus appauvri des Amériques, après Haïti. Quelques assassinats et quelques tractations plus tard, une nouvelle élection est organisée et un nouveau président est élu. Le Canada peut maintenant entrer en scène.

Il y a une semaine, c’était les élections générales au Honduras. Il s’agissait des premières « véritables » élections depuis le coup d’État de 2009. Celles qui avaient eu lieu quelques mois après cet événement avait surtout servi à avaliser le putsch des élites. Xiomara Castro, l’épouse du président Zelaya renversé en 2009, était candidate à la présidence pour le parti LIBRE (Libertad y Refundacion). Au moment d’écrire ces lignes, le parti de la candidate Castro ainsi que d’autres formations politiques contestent les résultats de l’élection en raison des nombreuses irrégularités dont elle a fait l’objet.

Les employé.e.s du secteur public : des gras durs? Vraiment?

On entend souvent dire que les employé.e.s du secteur public sont des gras durs, des privilégiés. Que leurs conditions salariales sont exceptionnelles. En fait, à entendre certains commentateurs travailler pour le gouvernement québécois équivaut à des salaires mirobolants et des conditions de travail hors de l’ordinaire.

Soyons honnête, trouver un emploi au gouvernement est en général une bonne nouvelle. Pour la plupart des gens, ça signifie un emploi relativement stable et relativement bien payé avec de bons avantages sociaux. En fait, les employé.e.s du secteur public québécois sont une bonne part de ce qui constitue la classe moyenne au Québec. Par rapport à l’ensemble de la planète et à bien des gens au Québec (chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale, travailleuses et travailleurs précaires, etc.) c’est une position somme toute confortable, on s’entend. Par contre, les employé.e.s de l’État québécois jouissent-ils pour autant de privilèges imposants par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec? Le prétendre relève d’un préjugé.

Et si on donnait de l’argent à tout le monde

Les Suisses aiment les référendums. À chaque année, ils se déplacent à de multiples reprises pour donner leur avis sur des enjeux sociaux et politiques. Récemment, de nombreuses questions économiques ont été lancées. Au-delà des discussions à l’intérieur du pays, ces débats sont suivis et nourris par des intervenant.e.s de partout à travers le monde, curieux et attentifs aux orientations que prendra la Suisse.

Au mois de mars, appelés à se prononcer sur les rémunérations « abusives » des dirigeant.e.s d’entreprises cotées en bourse, plus des deux tiers des votes sont allés en faveur d’un meilleur contrôle de la part des actionnaires. La semaine dernière, c’était au tour d’une proposition de limiter les salaires des patrons à un maximum de 12 fois celui du plus petit salaire de leur entreprise à faire l’objet d’une consultation. Bien que l’initiative n’ait pas recueilli les majorités nécessaires pour devenir texte de loi, le sujet a permis de mettre en lumière quelques cas d’écarts de revenus indécents entre les patrons et les employé.e.s.

La surconsommation est le nouveau noir

Dans exactement une semaine, ce sera la fête nationale des étasunien·ne·s. Ou plutôt celle du American Dream dans son incarnation la plus mercantile, superficielle et, disons-le, violente. Dans exactement une semaine, ce sera le Black Friday, la journée qui débute officieusement le magasinage des Fêtes. Chaque année, des montants astronomiques sont dépensés dans une variété de magasins qui utilisent des prix parfois dérisoires sur certains articles pour attirer des clients. À titre d’exemple, l’an dernier, c’était environ 247 millions de personnes qui ont dépensé au total près de 60 milliards de dollars.

Deux éléments ressortent particulièrement de ces séances sportives de magasinage : d’abord, l’efficacité du marketing qui cristallise l’impression d’urgence et d’éphémère (rabais très importants, nombre d’articles limités, ouverture des magasins à des heures inhabituelles, etc.) et ensuite, le comportement souvent sauvage, parfois violent de la foule qui cherche à maximiser leurs économies. On se rappelle, par exemple, de l’homme mort dans l'indifférence en 2011.

Ou d’un échange de coups de feu entourant des places de stationnement en 2012. Mais au-delà de ces nouvelles spectaculaires se cache une Amérique qui voit son pouvoir d’achat diminuer, et ses exigences de consommation augmenter.

Hydrocarbures: ne pas laisser l’industrie à elle-même

Chaque année, l’Institut Fraser mène un sondage auprès des dirigeants d'entreprises pétrolières et gazières afin de déterminer où sont les endroits les plus intéressants pour les investissements de cette industrie. Cette année le «  Global Petroleum Survey » réunit les opinions de représentants de 762 entreprises locales ou internationales.

Depuis deux ans, aux yeux de l'Institut Fraser basé à Calgary, le Québec fait piètre figure. L’an dernier, il occupait la 101e place et cette année, il se place au 141e rang sur 157. Ainsi,  il y aurait sur la planète 140 lieux (provinces ou pays) qui ouvriraient plus facilement ses portes aux hydrocarbures que le Québec.  Voyons pourquoi :

La vie privée est une marchandise comme une autre

L'IRIS publiait dernièrement une brochure qui exposait de quelle manière les avancées technologiques se retrouvent au service de la spéculation boursière. Il n'y a rien de bien surprenant de constater que la technologie est utilisée dans le but de générer encore plus de profit. On dirait que l'autonomisation du traitement de l'information nous ramène à de vieux classiques de la science-fiction. Sauf que cette fois-ci, la réalité a peut-être dépassé la fiction. Aujourd'hui, avec la technologie numérique, le fait d'être branché partout, tout le temps est devenu si commun que l'on parle de 81,6% des ménages au Québec qui sont branchés ou encore de 2 personnes sur 3 qui possèdent un cellulaire. Et, il ne faut pas oublier qu'à cela s'ajoute l'engouement de créer des villes intelligentes comme la ville de Québec. Ça fait tellement partie de nos vies que l'on oublie par moment que la technologie que nous possédons nous facilite la vie, mais a pour raison d'être et d'existence d’être viable économiquement. 

La finance, ses robots et nous

Dans une brochure qu’elle publie aujourd’hui, ma collègue Caroline Joly nous montre que plus des deux tiers des décisions mondiales de vente ou d’achat sur les marchés financiers sont aujourd’hui prises par des intelligences artificielles. « Quelle importance? Tant que ça marche », diront certain.e.s. Cette brochure montre pourtant qu’une telle transformation a d’importantes conséquences pour nous.

On imagine les places boursières remplies de traders achetant et vendant à la criée, mais la réalité a bien changé, nous explique Caroline Joly. En ce moment, pour les firmes oeuvrant sur les marchés financiers, la question est de savoir qui a le meilleur algorithme, l’ordinateur le plus puissant ou la plus petite distance entre ses serveurs et ceux des plus grandes bourses. Ces robots permettent de profiter de fluctuations de prix minuscules visibles pendant des microsecondes. Dans ces situations, personne ne peut faire concurrence à ces machines qui échangent plus d’un millier de titres en un seul battement de paupière. 

Nous dirigeons-nous vers la fin de la pauvreté?

Au printemps dernier, le réputé magazine The Economist faisait sa « une » avec une affirmation saisissante : nous serions mondialement en voie de mettre fin à la pauvreté. De 1990 à 2010, près d’un milliard de personnes seraient passées au-dessus du salaire de 1,25$ par jour. Ce montant est reconnu comme le seuil de l’extrême pauvreté.

Comment aurions-nous collectivement réussi cette réduction de la pauvreté? D’abord, par la croissance des économies en voie de développement, en particulier la Chine et ensuite, par les mesures qui réduisent les inégalités. Pour The Economist, la solution à la pauvreté est donc simple : laissons faire le marché, réduisons l’intervention de l’État et signons des accords de libre-échange. Bref, continuons comme nous l’avons fait, ça nous a si bien servi jusqu’à maintenant. 

11 novembre : jour du souvenir de l’inégalité salariale

En 1996, le gouvernement du Québec votait à l’unanimité une loi visant l’équité salariale qui souhaitait corriger le fossé de revenu entre les femmes et les hommes. Où en sommes-nous en ce qui concerne l’égalité des salaires au Québec après 17 ans du vote de cette loi et trois ans après les délais légaux fixés pour y arriver?

En reprenant les données sur le taux horaire de Statistique Canada, on remarque que l’égalité de revenu est loin d’être atteinte. En 2010, la différence était de 11,9%, tandis qu’aujourd’hui elle se chiffre à 12,1% : cela fait donc trois ans que ça stagne. Ceci veut aussi dire qu’un homme gagne en moyenne 3$ de l’heure de plus qu’une femme. Donc, un homme qui travaille à temps plein gagnerait environ 5000$ de plus par année qu’une femme qui travaillerait le même nombre d’heures. Il pourrait arrêter de travailler aujourd’hui et il aurait atteint le même revenu, au total, qu’une femme à la fin l’année.

Le coût du capital

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Dans l’univers du management, la tendance est au contrôle et au resserrement des coûts du travail. Au nom de la compétitivité des entreprises ou des États, une pression permanente s’est installée avec comme objectifs toujours les mêmes cibles : revoir à la baisse des niveaux de rémunération jugés exorbitants, défaire les filets de protection sociale à la charge des employeurs, flexibiliser les liens d’emploi, etc. Cette obstination masque pourtant une autre réalité, soit que l’un des principaux freins à la compétitivité des entreprises des pays dits développés n’est pas tant un coût du travail trop élevé, mais bien le coût du capital.

Dans une récente étude réalisée par le Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSÉ), une équipe de chercheur.e.s a étudié l’évolution de ce que l’on peut appeler le coût économique et le coût financier de tout investissement afin d’éclairer l’évolution du poids de la rente financière sur les économies avancées. Bien que l’étude s’intéresse spécifiquement au cas français, ses conclusions nous permettent de mieux comprendre la place grandissante que prend cette rente par rapport à l’économie productive.