S’affranchir de l’impôt ou améliorer notre régime fiscal ?

L’approche de l’été signifie pour de nombreux salarié·e·s qu’arrive aussi le salutaire temps des vacances, occasion de prendre du temps pour soi et ses proches et de recharger la batterie après d’exigeants mois de travail. Il faut dire que les Québécois et les Québécoises donnent beaucoup de temps à leur employeur : en 2015, ils ne disposaient en moyenne que de 19,7 journées de congé par année. Ils consacrent ainsi la majeure partie de leur temps à réaliser une activité dont le contenu et les finalités sont déterminés par une entreprise en échange d’un salaire qui, depuis trente ans, n’a pas suivi l’augmentation de la productivité.

Le Fraser calcule avec ses pieds

En début de semaine, le Fraser Institute présentait les résultats de son étude : «Le Québec vote avec ses pieds». Dans les pages de La Presse de mardi, les auteurs de l’étude nous rappellent, sous un ton un peu alarmiste, que : « [l]e nombre de Québécois ayant décidé de quitter la province annuellement a ainsi dépassé en moyenne de 13 238 le nombre de personnes provenant d’autres provinces qui ont choisi de s’établir au Québec.» Comme nous allons le voir, à la fois le traitement médiatique et les éléments que les différents auteurs de l’étude mettent de l’avant visent plus à conforter leurs thèses néolibérales, qu’à nous informer objectivement des résultats de leur étude. 

L’Institut Fraser et le salaire minimum

La semaine dernière, des économistes du Fraser Institute ont publié un document sur les travailleurs et travailleuses au salaire minimum dans lequel ils affirmaient qu’une proportion importante de ces derniers et dernières restent chez leurs parents ou vivent avec un·e conjoint·e qui gagne assez pour que le ménage se retrouve au-dessus du seuil de la pauvreté. 

Les gadgets anti-impôt de l’Institut Fraser

Comme il le fait chaque année, l’Institut Fraser publiait la semaine dernière son «Indice d’imposition des consommateurs canadiens» (Canadian Consumer Tax Index). Organisation promarché, le Fraser est aussi connu pour un autre gadget anti-impôt, le fameux Tax Freedom Day (la vidéo qui l’accompagnait cette année valait vraiment le détour). Il y a ces moments dans la vie où il y a tant de manières de s’objecter à une idée bébête qu’elles s’engouffrent toutes en même temps et qu’on reste un moment figé, déstabilisé par tant de simplisme. C’est la réaction que peut provoquer l’indice en question.

1832% et des poussières

Selon l’Institut Fraser, la famille canadienne moyenne paierait en 2013 1832% de plus de taxes qu’en 1961. 1832%. Près de 20 fois plus. Ces statistiques donnent mal à la tête. Mais au-delà de la monstruosité du nombre, que veut-il dire?

Comme ça arrive trop souvent, le nombre a comme principale caractéristique d’être sans commune mesure. Et il n’est pas seul. Dans le rapport, on nous dit que, si on considérait les déficits comme des taxes reportées, on arriverait à 2075%. Vous sentez la migraine poindre? Prenez une grande respiration. On va essayer de la traiter avec une bonne dose de précisions et de nuances.

D’abord, dégonflons un peu le pourcentage avec lequel on tente de nous faire peur. L’augmentation qu’il représente est celui des taxes et tarifs… en dollars courants. Ainsi, dans le temps où on pouvait s’acheter un hamburger chez McDonald’s à 15¢, on payait aussi moins de taxes. Le rapport est ainsi comme notre vieil oncle Gilbert qui nous parle avec nostalgie de l’époque où on pouvait, avec seulement 5$, payer la tournée à tout le bar. Sans doute. Mais combien d’heures fallait-il travailler pour obtenir ce 5$? En effet, les choses coûtent plus cher, mais l’argent n’a plus non plus la même valeur. L’Institut Fraser admet du bout des lèvres qu’on pourrait bien utiliser un autre indicateur, ajusté au coût de la vie. L’augmentation devient alors 147% plutôt que 1837%. Un peu moins.

Hydrocarbures: ne pas laisser l’industrie à elle-même

Chaque année, l’Institut Fraser mène un sondage auprès des dirigeants d'entreprises pétrolières et gazières afin de déterminer où sont les endroits les plus intéressants pour les investissements de cette industrie. Cette année le «  Global Petroleum Survey » réunit les opinions de représentants de 762 entreprises locales ou internationales.

Depuis deux ans, aux yeux de l'Institut Fraser basé à Calgary, le Québec fait piètre figure. L’an dernier, il occupait la 101e place et cette année, il se place au 141e rang sur 157. Ainsi,  il y aurait sur la planète 140 lieux (provinces ou pays) qui ouvriraient plus facilement ses portes aux hydrocarbures que le Québec.  Voyons pourquoi :