Une offre qu’il ne peut refuser

Jeudi dernier, mon collègue Francis Fortier et moi  aux consultations parlementaires sur le rapport Godbout. Ce rapport, déposé en mars dernier, pourrait entraîner bientôt la réforme fiscale la plus importante que le Québec ait connu depuis longtemps. L’IRIS a pris part à cette réflexion et, comme le Parrain, a proposé au ministre Carlos Leitão une offre qu’il ne peut refuser.

1832% et des poussières

Selon l’Institut Fraser, la famille canadienne moyenne paierait en 2013 1832% de plus de taxes qu’en 1961. 1832%. Près de 20 fois plus. Ces statistiques donnent mal à la tête. Mais au-delà de la monstruosité du nombre, que veut-il dire?

Comme ça arrive trop souvent, le nombre a comme principale caractéristique d’être sans commune mesure. Et il n’est pas seul. Dans le rapport, on nous dit que, si on considérait les déficits comme des taxes reportées, on arriverait à 2075%. Vous sentez la migraine poindre? Prenez une grande respiration. On va essayer de la traiter avec une bonne dose de précisions et de nuances.

D’abord, dégonflons un peu le pourcentage avec lequel on tente de nous faire peur. L’augmentation qu’il représente est celui des taxes et tarifs… en dollars courants. Ainsi, dans le temps où on pouvait s’acheter un hamburger chez McDonald’s à 15¢, on payait aussi moins de taxes. Le rapport est ainsi comme notre vieil oncle Gilbert qui nous parle avec nostalgie de l’époque où on pouvait, avec seulement 5$, payer la tournée à tout le bar. Sans doute. Mais combien d’heures fallait-il travailler pour obtenir ce 5$? En effet, les choses coûtent plus cher, mais l’argent n’a plus non plus la même valeur. L’Institut Fraser admet du bout des lèvres qu’on pourrait bien utiliser un autre indicateur, ajusté au coût de la vie. L’augmentation devient alors 147% plutôt que 1837%. Un peu moins.