Élections fédérales et assurance médicaments : les leçons du « modèle québécois » public-privé

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Un des enjeux importants de la campagne électorale qui s’amorce sur la scène politique fédérale sera l’instauration au niveau national d’une assurance médicaments publique et universelle (AMPU). En effet, le Nouveau parti démocratique (NPD) et le Parti vert se sont engagés à mettre sur pied un tel régime, tandis que le Parti libéral envisage sérieusement de le faire. Tout indique donc que l’AMPU comptera parmi les promesses phares de trois des quatre principaux partis en lice pour le pouvoir. Or, la ministre québécoise de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a déjà signifié son opposition à toute intervention du gouvernement fédéral dans ce domaine, faisant valoir que le Québec jouit déjà de son propre régime d’assurance médicaments. Mais aux besoins de qui ce « modèle québécois » d’assurance répond-il?

Philpott fera-t-elle le travail du Collège des médecins ?

Les négociations entre le gouvernement fédéral et les provinces sont en cours à Victoria en Colombie-Britannique. Il s’agit de la première véritable occasion de tester la nouvelle ministre fédérale de la santé, Jane Philpott. Bien que le gouvernement Trudeau ait montré plus de bonne volonté que son prédécesseur sur la question onéreuse des achats de médicaments (strictement le pôle d’achat et pas l’assurance universelle), on ne sait rien encore de ses intentions réelles vis-à-vis de l’avenir général des systèmes de santé publics. L’enjeu des frais accessoires au Québec pourrait justement s’avérer à cet effet révélateur.

 

Libre-échange avec l’Europe : des médicaments plus chers

En début de semaine, j’écrivais sur le peu d’attention donnée à l’Accord de libre-échange que le Canada a signé avec l’Union européenne et qui attend sa ratification. Une étude publiée aujourd’hui par nos collègues du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) montre comment cet accord mènera à une hausse du coût des médicaments.

Même si les négociations ont été tenues en secret et que le texte de l’accord demeure inaccessible aux citoyennes et citoyens, certains éléments ont filtré. Ainsi, nous savons qu’il :

Vers une révolution dans l’assurance-médicaments?

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Il y a bientôt trois ans, l’IRIS publiait un rapport conjoint avec le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) sur les avantages que présenterait un régime universel d’assurance-médicaments auquel adhéreraient toutes les provinces. Depuis, l’idée a fait beaucoup de chemin et ce, à un point tel qu’un sondage pancanadien réalisé ce mois-ci par la firme Ekos chiffre à près de 80% l’appui de la population à un régime qui couvrirait les médicaments de la même façon que sont couverts actuellement les frais des services hospitaliers et médicaux.

Dans ce débat, la position du Québec est particulière puisque l’ensemble de la population est déjà couverte par un régime d’assurance-médicaments. Ce n'est pas le cas au Canada anglais où beaucoup de personnes sont sans couverture. Toutefois, le modèle québécois n’est pas « universel », mais bien « général », puisque toutes et tous ne sont pas couverts par le même régime. Pire, le fonctionnement actuel permet aux assureurs privés de couvrir la meilleure portion de la population active, soit celle qui engendre le moins de coûts pour les régimes, et canalise les « restants » au régime public qui s’en trouve largement déficitaire. C'est d'ailleurs la province qui échoue le plus lamentablement à contrôler ses coûts en médicaments, poste budgétaire inflationniste s'il en est un.

Regards sur la CAQ: une bonne note pour la politique sur les médicaments

Dans son document sur la santé, M. Legault propose, afin de réduire le coût des médicaments: 1-d’abolir la règle de 15 ans, 2-d’étendre la durée des renouvellements de prescription pour certaines conditions de 1 à 3 mois, et 3-de faire preuve d’une plus grande exigence pour permettre le remboursement de nouveaux médicaments.