Mise à jour économique fédérale: toujours pas de raison de s’inquiéter

La ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland présentait hier l'énoncé économique de l'automne, premier exercice budgétaire depuis la mise à jour économique de l'automne 2019 – et le premier pour celle qui a succédé à Bill Morneau cet été à ce poste-clé du gouvernement. Résultat: le déficit du gouvernement fédéral passe de 343 milliards de dollars à 382 milliards de dollars. Est-ce inquiétant ? Pas du tout, pour au moins trois raisons :

Mise à jour économique : il n’y a pas qu’une seule avenue

Photo: Tony Webster

Jeudi, le ministre des Finances Éric Girard présentera sa mise à jour économique. On saura comment évolue le déficit du gouvernement québécois que l’on estimait à 15 milliards de dollars en juin. On pourrait en savoir plus par ailleurs sur les orientations qui risquent de guider le gouvernement Legault dans les prochaines années en matière de finances publiques.

Sortir des sentiers battus

Les confinements du printemps et de l’automne ont fortement touché les finances publiques du Québec.

Il y a huit mois à peine, le gouvernement nageait dans des surplus dépassant les 8 milliards et profitait de trois années de forte croissance économique. Le portrait a changé du tout au tout : le déficit oscillera cette année autour de 15 milliards et le poids de la dette par rapport à l’économie est passé de 43,4 % à 50,4 %.

Crise du néolibéralisme et barbarie 

De quoi accouchent les quatre décennies de domination néolibérale? D’un monde plus prospère dans lequel chacun est à même de saisir les opportunités qui se présentent, ou bien d’un monde plus dur, plus injuste et où les référents autoritaires ont le vent dans les voiles? Je le concède, il s’agit là d’une question bien rhétorique tellement les preuves s’accumulent en faveur de la seconde option : inégalités croissantes, division identitaire plus marquée, discrédit des processus démocratiques, etc. Il va sans dire que les quarante dernières années contrastent avec celles des Trente glorieuses : à force de définir la liberté de circulation du capital comme seule valeur commune, il n’est pas surprenant de trouver partout les traces de la « destruction créatrice » qui en est la marque de commerce.

La solution est avant tout entre les mains des gouvernements

« Une bonne partie de la solution est entre vos mains. » C’est ce qu’a gravement affirmé François Legault au lendemain de l’annonce du passage en zone rouge pour plusieurs régions du Québec. Il s’adressait ici aux jeunes, mais cette phrase condense l’essentiel du message martelé par le gouvernement depuis le début de la pandémie : c’est avant tout aux individus qu’incombe la responsabilité de freiner la progression du virus mortel, et c’est sur leur conscience que devront peser les morts et les souffrances qui résulteront de la deuxième vague qui s’amorce.

L’architecture budgétaire du Québec à la croisée des chemins

Photo: Tony Webster

Si la crise sanitaire ne se prolonge pas indéfiniment, les impacts de la pandémie sur les finances publiques du Québec ne devraient pas être dévastateurs. Ils ne seront toutefois pas négligeables quant à leurs effets sur les perspectives budgétaires et l’endettement public. Puisque personne ne souhaite revivre les affres de la gestion post-crise de 2008, voici quelques options à examiner dans l’optique de contrer les tentations du retour à l’austérité.

Les belles histoires du pays d’en haut

Photo: Shealah Craighead (The White House)

L’entrée en vigueur, le 1er juillet, de l’Accord Canada – États-Unis – Mexique (ACÉUM) suscite relativement peu de réactions dans les médias, la plupart positives, presque avec des lunettes roses. Un bel exemple en est la lettre ouverte des professeurs Jean-Frédéric Morin et Richard Ouellet, publiée le 2 juillet dans Le Devoir. Les deux auteurs s’évertuent à donner le beau rôle au gouvernement canadien, comme si ce dernier avait réussi à tromper l’administration Trump avec un traité bien plus favorable au Canada qu’il n’y paraît. Ce point de vue, aussi défendable qu’il soit, ne repose que sur une perspective partielle, celle de la concurrence entre les pays.

Québec peut hausser ses revenus pour faire face à la crise

Vendredi dernier, le gouvernement du Québec a présenté un portrait de la situation financière et économique de la province. Le ministre des Finances Eric Girard a confirmé ce qu’il annonçait depuis longtemps : la crise économique provoquée par la COVID-19 va créer un trou de 15 milliards de dollars dans les coffres de l’État québécois. Le ministre s’attend par ailleurs à ce que le retour à l’équilibre budgétaire prenne de 3 à 5 ans. Ce déficit de 15 milliards s’explique de deux manières : une hausse des dépenses liée aux besoins nouveaux créés par l’épidémie (+11,4% des dépenses de portefeuille des ministères) et une baisse des revenus fiscaux engendrée par le confinement et la baisse des activités économiques (-6,3%). Le PIB réel devrait se contracter de 6,5% en 2020, puis reprendre son rythme de 2019 dès la fin de l’année prochaine.

La disparition de l’argent comptant

Photo: Andrew Currie

Parmi les innombrables conséquences de la crise de la COVID-19, l’une des plus facilement observable est l’abandon de l’argent comptant. Avec un virus qui court, les consommateurs et les consommatrices laissent de plus en plus tomber l’argent papier, perçu comme peu sanitaire, et effectuent de plus en plus leurs transactions avec une forme ou une autre d’argent numérique. Cela renforce une tendance déjà très bien établie depuis des décennies qui, bien qu’elle puisse sembler relativement anodine, se révèle en réalité être plus significative que ce que l’on pourrait croire.

Sortie de crise et nationalisations: où trouver l’inspiration?

Photo: Jean Gagnon

Avec le désastre sanitaire actuel qui frappe nos CHSLD et nos résidences privées pour aînés, l’idée de nationaliser complètement ces centres d’hébergement a refait surface. La crise que nous traversons montre à quel point la « logique marchande » est difficilement compatible avec les soins à accorder aux personnes âgées. En aucune circonstance, un centre d’hébergement ne devrait être laissé entre les mains d’un promoteur privé et, souhaitons-le, l’actuelle catastrophe sera mise à contribution afin de régler cette aberration.