Les priorités fédérales 2014 : chars, nucléaire et ski-doo

Après un autre 14 G$ de compressions budgétaires, nous voici de retour à l’équilibre budgétaire. Bien-sûr, si vous questionnez Jim Flaherty, le ministre des Finances, il répliquera au contraire qu’il lui faut toujours résorber un déficit de 0,1% du PIB avant d’y parvenir. Mais lorsqu’un déficit est aussi petit, il vaut mieux parler d’un déficit volontaire… Tout porte à croire que des stratèges conservateurs tiennent à retenir d’une année la bonne nouvelle du déficit zéro et ainsi cueillir le fruit de la « responsabilité fiscale » en contexte préélectoral.

Le gouvernement conservateur a toutefois maintenu la même détermination à réduire la taille de l’État. Les dépenses ont été coupées certes, mais c’est au chapitre des revenus que l’on observe avec le plus d’éclat l’application des valeurs conservatrices aux finances publiques. En effet, le ratio des revenus au PIB est passé de 16% à 14% suite à la crise et il s’est maintenu à ce niveau depuis. Ce qui montre un affaiblissement des capacités fiscales de l’État. À titre comparatif, ce ratio était à près 18% à la fin des années 90.

Surenchère olympique

Si, comme le prétend le spécialiste de la sociologie du sport Michel Caillat « analyser le sport c’est aussi analyser la société », il apparaît opportun de se demander ce que nous disent les olympiques des sociétés actuelles alors que les 22e Jeux olympiques (JO) d’hiver battent leur plein dans la ville russe de Sotchi.

Les jeux modernes n’ont bien sûr rien à voir avec leurs ancêtres de l’Antiquité grecque, qui étaient entièrement destinés au culte des divinités hellènes. Cependant, dans leur forme actuelle, les olympiques semblent également prendre une signification différente de l’idée que s’en faisait Pierre de Coubertin au moment de refonder les jeux à la fin du XIXe siècle.

La science, la guerre et la politique

Le livre The War on Science de Chris Turner aborde l’essentielle question du traitement de la science par l’actuel gouvernement du Canada. Les histoires qu’on y relate confortent les pires impressions qu’on pouvait avoir à ce sujet et contre lesquelles certain.es se mobilisent à juste titre. Cependant, la posture prise par l’auteur à propos du rapport entre science et politique montre en relief le problème qui a pu mener Stephen Harper au pouvoir et face auquel l’auteur reste complètement aveugle.

La guerre contre la science

La thèse de l’ouvrage est simple, le gouvernement de Stephen Harper mène une guerre contre la science empirique. Pourquoi? Parce que les faits empiriques contredisent l’idéologie qu’il défend. La proposition simple et la démonstration relativement bien menée. Toutefois, les répétitions fréquentes rendent la lecture quelque peu lassante et l’ode au « vrai Canada pur et grand » en fin d’ouvrage est d’un sirupeux indigeste. Relevons, cela dit, quelques passages croustillants.

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Budget fédéral : faut-il précipiter le retour au déficit zéro?

La poursuite de l’équilibre budgétaire peut être contreproductive lorsqu’elle devient obsessive. Comme au Québec, la date du retour au déficit zéro fait l’objet de spéculations à Ottawa. Lorsque l’attention du public y est portée, on oublie de considérer le coût socio-économique de cette lutte acharnée au déficit. Le budget alternatif du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) est là pour nous le rappeler et nous offrir d’autres avenues pour la gestion des finances publiques.

Le budget 2014-2015 du gouvernement Harper sera déposé la semaine prochaine. On s’attend à un budget déficitaire et à l’annonce d’un retour à l’équilibre pour le prochain exercice, celui de 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, le gouvernement applique des compressions budgétaires depuis plusieurs années. En faisant le choix de l’austérité, le gouvernement a contribué à assécher l’économie en sacrifiant au passage non seulement des citoyen-ne-s qui ont besoin de services, mais aussi ceux et celles qui veulent travailler.

Le virage vert kaki du gouvernement fédéral

Dans moins d’une semaine, le gouvernement fédéral dévoilera son budget pour l’année à venir. Avec des prédictions tablant sur l’atteinte d’un surplus de 3,7 milliards $ en 2015-2016, tout porte à croire que le gouvernement Harper pourra se présenter devant l’électorat le torse bien bombé. Il aura les poches pleines et sera en position de mettre de l’avant ses priorités, sans compromis. Si le passé est garant de l’avenir, parions que lors de la prochaine campagne électorale, en plus des enjeux liés à l’économie, il sera beaucoup question de « l’urgence » d’investir massivement dans la sécurité intérieure et extérieure.

Sur ce dernier point, une note de recherche que j’ai publiée ce matin avec mon collègue Guillaume Hébert incite à reconsidérer certains lieux communs. Certes, l’héritage que lèguera Stephan Harper et ses troupes sera teinté de vert kaki. Toutefois, la tendance à prioriser les dépenses de « sécurité » avant les dépenses « sociales » est ancrée dans les dynamiques fondamentales de l’État fédéral, et ce, depuis le milieu des années 1990.

La vieille économie s’en fout

Donc, le Québec serait dans le rouge. Encore. Tout le monde le dit depuis trois jours. Notre niveau de vie serait trop bas, notre productivité anémique, nos dépenses publiques trop élevées. C’est le mantra de ce que j’appellerais « la vieille économie ». Celle d’avant le passage au… 20e siècle.

Dans la vieille économie, tout dépend du produit intérieur brut (PIB), un outil pratique qui permet de mesurer l’ensemble des activités économiques. Quand on vous verse un salaire, ça fait augmenter le PIB, quand une entreprise achète des machines aussi. Bien utile, mais également bien incomplet, voire souvent carrément déformant.

Le capital comme pouvoir

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Pour comprendre le monde qui est le nôtre, pour le critiquer et pour le transformer, il faut être en mesure de bien saisir ce qui en constitue la forme dominante. De l’âge d’or de l’économie classique anglaise à ses nombreuses critiques (marxiste, féministe, écologiste, etc.), tenter de bien cerner ce que peut bien être le capital a pris les allures d’un véritable travail sans fin. Et si le capital était en fait l’incarnation symbolique des relations sociales de pouvoirs?

En 2009, Jonathan Nitzan et Shimshon Bichler ont publié Le capital comme pouvoir : Une étude de l’ordre et du créordre[i]. Traduit en 2012 chez Max Milo, il s’agit d’une contribution majeure à la réflexion critique contemporaine. La prémisse de base des auteurs peut se résumer ainsi : selon leur perspective, les théories libérales et marxistes ont le même défaut, soit d’être incapables d’expliquer ce qu’est le capital autrement qu’en recourant à des unités fictives (les « utiles » pour les libéraux et le « temps de travail abstrait » pour les marxistes). Dans chacune de ces conceptualisations du capital, le même problème, soit une incapacité de toucher concrètement au capital, d’en définir la forme et surtout d’en expliciter le processus d’accumulation.

Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

Le fractionnement du revenu favorise les mieux nantis

Quatre-vingt-six pourcent (86%) des Canadien.ne.s ne bénéficieront en rien du fractionnement du revenu que le gouvernement fédéral entend mettre en place selon une étude publiée aujourd’hui par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

Cette mesure permettra aux couples de partager leurs revenus entre un conjoint plus fortuné et un conjoint moins fortuné pour ainsi réduire leur niveau d’imposition. Or, l’économiste David Macdonald s’est penché sur trois scénarios de fractionnement du revenu incluant celui envisagé par le gouvernement fédéral, mais également sur des scénarios plus généreux concernant toutes les familles. Dans tous les cas étudiés, les résultats accroissent les inégalités de revenus et la mesure se révèle très couteuse pour le gouvernement canadien.

L’exploitation goûte meilleure quand on l’aime

Êtes-vous de ceux ou celles dont le travail est également la passion? Seriez-vous prêt·e·s à accepter une réduction de salaire simplement pour le plaisir de conserver l’emploi que vous avez actuellement, avec les collègues que vous avez présentement? Selon un sondage mené par la firme de recrutement Monster l’an dernier, ce sont ceux et celles qui gagnent le plus cher qui se retrouvent le plus dans cette catégorie. Il ne faut pas s’en étonner. Les salaires élevés sont souvent le lot de travail que l’on choisit de son plein gré, qui vient avec des responsabilités, de l’influence et de la reconnaissance. Par contre, pour la grande majorité des travailleurs et travailleuses, le travail est plutôt une corvée rémunérée, avec trop souvent peu de chance d’avancement et encore moins de pouvoir sur les orientations de la boîte ou la manière de faire les choses.

La pauvreté alimentaire: l’autre visage des inégalités

Ces dernières années, la question de savoir si les écarts de richesse dans la population québécoise s’accentuent ou s’amenuisent fait à la fois les manchettes et, surtout, fait débat. Toutefois, lors de ces débats, les différentes positions limitent leur réponse aux revenus. L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a publié un rapport il y a quelques années qui apportait un tout autre regard face aux inégalités de revenus. Dans ce rapport, l’évolution de l’espérance de vie entre des quartiers riches et d’autres plus défavorisés de Montréal est analysée. L’espérance de vie a augmenté pour tous et donc, l’écart d’espérance de vie entre les riches et les pauvres est demeuré stable. Cependant, cette stabilité n’est pas très réjouissante, on parle d’une différence de 11 ans d’espérance de vie entre certains quartiers. Il y a donc des impacts beaucoup plus larges et importants que le simple fait d’une inégalité des revenus, lorsque l’on parle d'écart de richesse. On pourrait réduire le débat en disant que la pauvreté est moins pire ici qu’ailleurs, ou encore qu’il y a une culture de la malbouffe qui serait le corolaire de la précarité. Et si la bonne nutrition était plus un problème systémique qu’une question de choix personnel ou culturel? Ce qui expliquerait en partie l’écart de l’espérance de vie entre les riches et les pauvres.