La logique des entreprises capitalistes expliquée par François Morin

Photo: Société d'histoire du Lac-Saint-Jean

Dans un livre édité en 2017 par nos ami·e·s de chez Lux, François Morin schématise quelques idées afin de nous aider à mieux comprendre les cycles de valorisation du capital, soit les moyens mobilisés par les entreprises pour tirer un profit de leurs activités. Loin de se limiter à une représentation abstraite de ces cycles, Morin propose de les approcher à partir des modes d’organisation des firmes capitalistes. L’objectif est ambitieux : comprendre le procès de valorisation mis à branle par différents types d’entreprises afin de mieux en saisir les modes opératoires. L’économie politique du XXIe siècle : de la valeur-capital à la valeur-travail, une lecture captivante dont je ne vais tenter de synthétiser qu’une petite partie. 

Le FMI contre le néolibéralisme?

Dans le plus récent Finance and Development, le magazine du Fonds Monétaire International (FMI), trois chercheurs du FMI signent un texte au titre étonnant : Neoliberalism : Oversold?. Les chercheurs qui, comme à l’IRIS, ont une posture critique face au néolibéralisme depuis un moment vivent toujours une satisfaction un peu malsaine à lire ce genre d’articles. L’envie de crier : « On vous l’avait bien dit! » aux deux lignes, par exemple. Cela dit, le FMI n’a pas, en lui-même, plus de crédibilité aujourd’hui quand il doute du néolibéralisme qu’hier quand il l’imposait dans certains pays de la planète. Il est néanmoins intéressant de voir quels chemins parcourent les chercheurs pour trouver aujourd’hui des défauts à cette doctrine qui hier séduisait tant leur organisation.

 

L’histoire ne se répète pas mais elle se ressemble

L’annonce cette semaine de la publication des Panama papers par un consortium médiatique semble avoir eu l’effet d’une bombe, voire d’une surprise pour plusieurs personnes. À moins que l’on ait omis de me spécifier que nous n'étions plus dans le capitalisme et que la tendance de ce dernier à se financiariser de plus en plus n’était qu’un leurre pour vendre plus de livres critiques d’économie, il n’y a pas grand-chose de surprenant. 

Le capital comme pouvoir

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Pour comprendre le monde qui est le nôtre, pour le critiquer et pour le transformer, il faut être en mesure de bien saisir ce qui en constitue la forme dominante. De l’âge d’or de l’économie classique anglaise à ses nombreuses critiques (marxiste, féministe, écologiste, etc.), tenter de bien cerner ce que peut bien être le capital a pris les allures d’un véritable travail sans fin. Et si le capital était en fait l’incarnation symbolique des relations sociales de pouvoirs?

En 2009, Jonathan Nitzan et Shimshon Bichler ont publié Le capital comme pouvoir : Une étude de l’ordre et du créordre[i]. Traduit en 2012 chez Max Milo, il s’agit d’une contribution majeure à la réflexion critique contemporaine. La prémisse de base des auteurs peut se résumer ainsi : selon leur perspective, les théories libérales et marxistes ont le même défaut, soit d’être incapables d’expliquer ce qu’est le capital autrement qu’en recourant à des unités fictives (les « utiles » pour les libéraux et le « temps de travail abstrait » pour les marxistes). Dans chacune de ces conceptualisations du capital, le même problème, soit une incapacité de toucher concrètement au capital, d’en définir la forme et surtout d’en expliciter le processus d’accumulation.