Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

Le nouvel étalon

Les dernières décennies nous avaient habitué à une croissance stable du produit intérieur brut (PIB) des pays de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. Pas le Klondike, mais un constant 2% ou 3%. C’était le niveau normal, l’étalon à partir duquel on se disait : en haut, c’est bon, en bas, ça ne va pas.

Au début novembre, Larry Summers, ancien secrétaire du Trésor de Clinton et proche conseiller d’Obama au lendemain de la crise, a participé à une conférence au Fonds monétaire international (FMI) où il a annoncé qu’il était peut-être temps de mettre cet étalon de croissance au rancart. Il a en effet avancé que le marasme dans lequel était englué les économies développées était the new normal (que je traduis par : le nouvel étalon). La croissance se situerait désormais entre 0,5 et 1,5%.

Manque à gagner de 6 000 $ par année pour les travailleuses et travailleurs

productivite

On nous dit souvent qu’il faut créer de la richesse avant de la distribuer. Annoncé comme cela, ça semble être une évidence. On peut cependant se demander si la richesse qu’on crée est effectivement distribuée en fin de compte. C’est à cette question que l’IRIS a voulu répondre dans une note publiée dernièrement.

L’IRIS a comparé l’évolution de la productivité du travail (mesurée par le produit intérieur brut –PIB- par heure travaillée) et la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs (salaires et avantages sociaux) entre 1981 et 2010 au Québec. Alors que la productivité a augmenté de plus de 30% pendant cette période, la rémunération des salarié.e.s n’a, elle, augmenté que de 15%, soit la moitié moins. En dollars de 2010, si la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs avait suivi le rythme de la productivité, elle aurait progressé en moyenne de 22$ à 29$ entre 1981 et 2010, alors qu’elle est seulement passée à 26$. Pour une personne travaillant 40 heures par semaine pendant 50 semaines, l’écart équivaut à 6 000$.

Quelques idées sur le « Fiscal Cliff »

Dans un billet publié sur le blogue du Progressive Economics Forum, l’économiste Marc Lee formule quelques idées à propos de l’hystérie entourant le « Fiscal Cliff » aux États-Unis, ce qui a été traduit en français en faisant tantôt référence à une « falaise », tantôt à un « mur fiscal » (côté métaphore comptable, les États-Unis sont à la traîne du Québec qui lui, révélait le chef du Parti libéral Jean-Marc Fournier, souffre « d’angoisse fiscale »).

Qu’est-ce que le PIB?

Lorsque vient le temps de dire si l’économie se porte bien ou non, de nombreux analystes ont comme réflexe naturel de se tourner vers le produit intérieur brut, ou PIB. C’est là un indice, semble-t-il, qui fournirait une sorte de diagnostic-éclair, trimestre après trimestre, de la santé de notre économie.

Les graphiques (7): le choix des données

Je termine ici ma série sur les graphiques, avec probablement le sujet le plus important de tous, soit le choix des données. En effet, on aura beau avoir sous les yeux un graphique présenté dans les règles de l’art, s’il présente des données choisies plus ou moins honnêtement pour démontrer un point de vue plutôt que de choisir les données les plus pertinentes pour présenter objectivement un phénomène, on pourra se faire une idée fausse du phénomène illustré.

Lettre à Pierre

Vrai, je ne m’appelle pas Julie. Je semble, par contre, partager certaines de ses idées et c’est à ce titre que je me permets de te répondre. Tu me permets que je te tutoies? C’est une mauvaise habitude : quand on laisse entendre que je porte qu’une réflexion superficielle sur le monde, ça me donne des petites envies de « tu ». Je suis persuadée que tu comprends.