La politique d’austérité budgétaire au Québec à la suite de la crise financière

Nos services publics sont sérieusement malmenés ces dernières années en raison de la politique d’austérité. Selon les données budgétaires, ce sont 20 milliards d’efforts qui ont été exigés de la population du Québec sur une période de six ans, de 2010 à 2015. Cela représente 3,4 milliards par an en moyenne, dont 2,3 milliards par an en compressions de dépenses. Trois ministres des finances se sont succédé, Bachand, Marceau et Leitão, chacun avec son plan de retour à l’équilibre budgétaire, chacun avec son cortège de compressions de dépenses et de hausses de taxes. L’objet du présent texte est de revoir, à travers l’examen des budgets successifs, comment s’est déployé le grand schéma conçu en 2009-2010, et dégager les reliefs de cette période.

L’équilibre budgétaire : un prétexte?

L’équilibre budgétaire qui a été au cœur du discours gouvernemental est un prétexte qui n’a rien à voir avec la plupart des mesures implantées en son nom. Le but n’était pas d’économiser, c’était de continuer la transformation de l’État entreprise depuis Jean Charest: gérer les services publics comme une entreprise privée. Le déficit servait simplement à faire peur pour pouvoir imposer les mesures.

Les priorités de l’austérité

Le ministre Barrette est heureux de nous annoncer qu’il y aura plus (plus, plus, toujours plus!) d’argent qui sera économisé grâce à ses réformes du système de santé. Les cadres fuient, les médecins aussi? Plus d’économies! Au-delà du fait qu’il est légitime de se demander si c’est rassurant qu’un ministre de la santé se félicite d’abord et avant tout des économies qu’il peut faire, cette déclaration nous ramène encore à l’obsession budgétaire du gouvernement. 

Fonds des générations : s’endetter pour des peanuts

La semaine dernière, le ministre des Finances était très fier d’annoncer le retour du Québec au déficit zéro. Pour l’occasion, il s’est bien gardé de faire la liste des compressions, des diminutions de service et des coupures d’emploi qui furent nécessaires à l’atteinte du Saint Graal budgétaire.

L’austérité ou la démocratie confisquée

L’austérité est sur toutes les lèvres au Québec depuis le retour au pouvoir des Libéraux en avril 2014. Le climat politique qui règne chez nous fait écho à la « crise budgétaire » qui affecte l’Europe depuis la crise financière et économique en 2008.

Pourtant, des deux côtés de l’Atlantique l’austérité budgétaire n’est pas une simple réaction à la crise économique. Malgré l’ampleur qu’a pris la politique de l’austérité depuis sept ans, l’obsession pour l’équilibre budgétaire est apparue bien avant que n’éclate la bulle des subprimes et qu’elle n’emporte avec elle l’économie mondiale. L’austérité est simplement la forme que prend aujourd’hui l’enjeu de l’équilibre des finances publiques.

Papa a raison

Nouveau gouvernement, nouveau rapport d’experts, nouveau trou « inattendu » dans le budget, nouveau rappel qu’on vit au-dessus de nos moyens. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on nous brandisse le « bon père de famille », cette figure mythique que l’État n’incarnerait plus depuis longtemps et dont l’absence explique notre situation économique catastrophique. La dette nous étouffe! Il faut que ça balance! Vous, votre budget, vous le gèreriez comme ça?

Mais avant de s’attaquer au fond du problème, parlons un peu de la forme et de cette notion désuète de « bon père de famille ». Elle laisse entendre qu’il existe qu’un seul (bon) modèle de père qu’on imagine traditionnel, autoritaire, mais juste, celui qui disait non quand votre mère disait oui (ou est-ce le contraire?)… Une bonne mère gèrerait son budget autrement? Ce sont les mères monoparentales qui doivent être déçues.

Budget fédéral : faut-il précipiter le retour au déficit zéro?

La poursuite de l’équilibre budgétaire peut être contreproductive lorsqu’elle devient obsessive. Comme au Québec, la date du retour au déficit zéro fait l’objet de spéculations à Ottawa. Lorsque l’attention du public y est portée, on oublie de considérer le coût socio-économique de cette lutte acharnée au déficit. Le budget alternatif du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) est là pour nous le rappeler et nous offrir d’autres avenues pour la gestion des finances publiques.

Le budget 2014-2015 du gouvernement Harper sera déposé la semaine prochaine. On s’attend à un budget déficitaire et à l’annonce d’un retour à l’équilibre pour le prochain exercice, celui de 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, le gouvernement applique des compressions budgétaires depuis plusieurs années. En faisant le choix de l’austérité, le gouvernement a contribué à assécher l’économie en sacrifiant au passage non seulement des citoyen-ne-s qui ont besoin de services, mais aussi ceux et celles qui veulent travailler.

Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

À la lumière du budget du Québec : effets et risques d’une faible inflation

Dans sa mise à jour économique et financière du 28 novembre, le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, a annoncé un déficit budgétaire de 2,5 milliards pour l’année en cours, qui se termine le 31 mars 2014, et un retour à l’équilibre en 2015-2016, soit deux ans plus tard que prévu. Se réclamant d’un bon contrôle de ses dépenses, il a déploré ne pas pouvoir respecter son engagement de réaliser l’équilibre dès cette année, en raison de revenus « qui ne sont pas au rendez-vous », parce que la croissance du PIB nominal (en dollars courants), dont dépendent les revenus budgétaires, sera inférieure à celle prévue en mars 2013 (2,1 % au lieu de 3,6 % pour l’année 2013).

Il est à noter que si cette réduction s’explique en partie par une croissance du PIB réel (sans l’inflation) légèrement plus faible que celle prévue en mars 2013 (0,9 % au lieu de 1,3 %), elle est surtout le résultat de la chute du taux d’inflation : 73 % de la réduction de la croissance du PIB nominal (1,1 point de pourcentage sur 1,5) est le résultat d’une inflation inférieure à celle qui avait été prévue.

Déficit zéro : Marceau démissionnera-t-il?

Nicolas Marceau

Le ministre des Finances et de l’Économie du Portugal, Vítor Gaspar, a démissionné la semaine dernière entraînant ce pays et l’Europe dans un nouveau psychodrame dont les principaux acteurs sont à nouveau l’austérité, la confiance des marchés et l’avenir de la zone euro. Et si au Québec Nicolas Marceau mettait le pied dans la même trappe d’austérité avec sa résorption précipitée du déficit, démissionnerait-il?

Depuis la présentation de son premier budget à l’automne dernier, le gouvernement Marois a été très clair à propos de l’équilibre budgétaire : il est exclu de déroger d’une quelconque façon à cette priorité. Il semble que le gouvernement y voit une condition à sa crédibilité économique. Il a donc maintenu l’objectif du gouvernement précédent d’un retour (inutilement) rapide au déficit zéro. Pour ce faire, le ministre des Finances et de l’Économie Nicolas Marceau s’est résolu à effectuer des coupures aussi douloureuses que douteuses, telles que celles dans l’aide sociale.