L’urticaire municipale

La fiscalité municipale. Juste à y penser, plusieurs développent de l’urticaire. À l’année longue, on finit presque par oublier qu’on contribue aux finances de la ville. Puis arrive le compte de taxes qu’on ouvre du bout des doigts, se demandant cette année quelle sera la hausse qu’on nous imposera. Pour plusieurs ménages, personnes âgées ou jeunes familles, cette missive peut signaler la fin du projet de propriété. Nos salaires suivent rarement la montée vertigineuse que peut connaitre parallèlement le secteur immobilier. Toutefois, puisque les villes n’ont que la taxe foncière comme outil de perception fiscale, on se retrouve bien souvent avec une forme d’urbanisme fiscal, où les municipalités ont tout intérêt à faire des choix qui favorisent la spéculation immobilière, aux dépens de la santé financière des ménages ou des entreprises sur son territoire.

L’entente entre la Caisse et Québec : de la privatisation sous le vernis d’une institution publique

Il ne faut pas douter que l’annonce qui a été faite sur la nouvelle entente entre la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le gouvernement est une forme de privatisation sournoise des services publics. On voit ici un modèle de gestion et de financement ouvrant la porte à ce que des investisseurs privés s’accaparent des infrastructures en se présentant dans l’espace médiatique avec le vernis d’une institution publique. Mais la logique néolibérale est encore plus forte dans ce cas-ci qu’elle ne l’était dans les partenariats public-privé (PPP).

La guerre aux pauvres

Quelques jours avant le passage de la nouvelle année, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale a une fois de plus montré qu’il porte très mal son nom. Vous êtes certainement nombreux et nombreuses à avoir été choqué par cette histoire : une bénéficiaire de l’aide sociale qui se fait réclamer 25 738 $ pour n’avoir pas déclaré ses revenus de mendicité des dix dernières années.

Bye Bye : deux remarques

À chaque Bye Bye sa marée de commentaires. Pas vraiment une critique au sens fort du terme, mais un série de « j’aime » ou « j’aime pas ». « Trop télé » nous dit  Le Devoir. « Au contraire, trop politique » nous dit le Métro. Eh bien. Mais, par delà des goûts et des couleurs, que nous dit le Bye Bye sur nous? Sur l’état de l’idéologie au Québec? Probablement beaucoup de choses – notamment sur notre rapport au poids et au poil facial des femmes –, mais je me contenterai de deux remarques.

La liste de cadeaux de l’IRIS

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À chaque année alors que la période des Fêtes approche, l’IRIS se fait une tradition de présenter quelques livres appréciés et recommandés par ses chercheur·e·s.

Bien que l’année ait été riche en publications, nous souhaitons attirer votre attention sur des livres qui n’ont pas nécessairement connu un succès planétaire, mais qui ont un intérêt marqué pour mieux comprendre les effets de l’économie.

Austérité et bordel informatique

Jean-Nicolas Blanchet du Journal de Québec est sans doute le journaliste qui suit de plus près le secteur de l’informatique gouvernementale au Québec. Son dossier « Le bordel informatique » a mis plus d’une fois de l’avant les problèmes de ce secteur. Le 3 décembre dernier, le journaliste faisait état des résultats d’une demande d’accès à l’information qu’il a réalisée, constatant que les consultant.e.s privés en informatique étaient presque aussi nombreux et nombreuses que les fonctionnaires au sein du gouvernement du Québec, ce qui entraîne des coûts importants pour l’administration publique. Blanchet notait par exemple qu’au sein du Centre des Services Partagés du Québec (organisme dont la mission est d’offrir des services aux organismes publics), le budget octroyé aux 324 consultant.e.s privés est plus élevé que celui consacré aux fonctionnaires, pourtant trois fois plus nombreux et nombreuses!

Financement par activité : un saut dans l’inconnu

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La majorité de la population ne se rend probablement pas compte que le système de santé au Canada subit actuellement une profonde transformation de son financement, qui bien qu’en sourdine, est susceptible d’avoir de grandes répercussions sur les patient.e.s. En effet, trois provinces – le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique – sont en voie d’adopter un nouveau mécanisme de financement des hôpitaux.

Et si on allait chercher 240 M$ avec les bouteilles d’eau?

Le gouvernement nous le martèle depuis un bout de temps, mais de façon encore plus frénétique depuis quelques semaines : l’état des finances publiques est dramatique, mais rien ne l’empêchera d’atteindre le déficit zéro dans les délais annoncés. Ainsi, tous les moyens sont bons pour couper dans les budgets de l’État et réduire les services à la population. Le tout, en restant assez modeste dans sa volonté et sa capacité à aller chercher de nouveaux revenus. Pourtant, un peu d’imagination permettrait surement de proposer quelques pistes intéressantes. De plus, cette recherche de nouvelles entrées d’argent pourrait être envisagée dans une perspective écologique de diminution de la pollution, plus concrète que la bourse du carbone. À l’instar de certaines juridictions états-uniennes, l’idée de taxer les bouteilles de plastique me semble une avenue nécessaire à explorer. Regardons ce qu’il en est.

Les changements d’emplois aux États-Unis

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Bien des gens ont été surpris quand j'ai montré, dans un billet paru au début de 2014, qu'il est faux de prétendre qu’on change plus souvent d’emploi qu’avant. Des données de différentes sources montrent que ce n'est pas le cas et même que c'est plutôt le contraire. En réponse à un commentateur qui se demandait d'où venait cette légende urbaine, j'ai répondu que je l'ignorais, mais qu'il était possible que cela soit vrai aux États-Unis, compte tenu de «la baisse de la syndicalisation, la faiblesse relative du secteur public et les lois du travail qui avantagent encore plus les employeurs». Le National Bureau of Economic Research (NBER) a justement publié une étude portant sur cette question il y a quelques mois. Intitulée Labor Market Fluidity and Economic Performance (Fluidité du marché du travail et performance économique), cette étude examine l'évolution de ce qu'elle appelle le taux de réaffectation («reallocation» en anglais) des emplois, soit en fait le taux de changements d'emplois, et analyse ses conséquences sur la performance économique.

Mise à jour économique : le premier acte s’achève

Carlos Leitão a retrouvé le sourire, le premier acte s’achève. Dans la logique de la politique purement calculatrice et centrée sur le pouvoir qui domine l’espace publique aujourd’hui – et dont je parlais ici –, on peut repérer trois actes classiques. Le premier est celui de l’action contre la catastrophe causée par le gouvernement précédent. Cet acte s’est échelonné sur les huit premiers mois du gouvernement libéral. Le catastrophisme du rapport Godbout-Montmarquette a ouvert le rideau prématurément tôt. Ensuite sont venus le premier budget Leitão, les mesures sur les garderies, le rapport Robillard et, enfin, les annonces de M. Coiteux. La mise à jour économique d’hier ouvre la période de transition entre le premier et le deuxième acte, celui qu’on pourrait nommer la fanfaronnade rassurante. M. Leitão disait en gros hier : c’est fait, le pire est passé, nous atteindrons nos objectifs. Le message se décompose en deux énoncés : le premier (le pire est passé) concerne la population et le deuxième (nous atteindrons nos objectifs) prétend s’adresser aux investisseurs et aux agences de notation. Il faut s’habituer, ces message seront au cœur de la stratégie de communication du gouvernement pendant la prochaine année et demi… si tout va bien.

PPP : l’effoirement

La consistance des partenariats public-privé (PPP) ramollit tellement vite qu’on se demande combien de temps encore pourra survivre cette rhétorique pâteuse dans le débat public. Depuis que l’IRIS a publié une note socio-économique favorable à l’interruption des PPP des CHUs montréalais, les mauvaises nouvelles continuent de venir s’abattre sur le corps déjà inerte de cette mauvaise méthode de gestion de fonds et d’infrastructures publics.