L’éternel retour du remède néolibéral

Vous souvenez-vous des programmes d’ajustement structurel? Imaginés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à la fin des années 1980, ils permettaient à un pays de réduire sa dette à condition de procéder à des réformes qui, disait-on, encourageraient l’investissement étranger et favoriseraient ainsi  son « développement ». La Banque mondiale affirma à propos de ces programmes dans son rapport annuel de 1990 : « la réduction de la dette est un moyen et non une fin en soi ».

Dans les faits, la réduction de la dette a servi de prétexte pour faire reculer l’encadrement politique de l’économie à coup de diminution des dépenses publiques, de privatisations, de libéralisation financière et de dérèglementation des marchés. Bref, la dette a été dans les pays du Sud l’instrument de l’application du programme néolibéral, mis également de l’avant à l’époque dans les pays dits « développés » sous la houlette des Thatcher, Reagan, Mulroney et autres fervents défenseurs des vertus du libre-marché.

La vieille économie s’en fout

Donc, le Québec serait dans le rouge. Encore. Tout le monde le dit depuis trois jours. Notre niveau de vie serait trop bas, notre productivité anémique, nos dépenses publiques trop élevées. C’est le mantra de ce que j’appellerais « la vieille économie ». Celle d’avant le passage au… 20e siècle.

Dans la vieille économie, tout dépend du produit intérieur brut (PIB), un outil pratique qui permet de mesurer l’ensemble des activités économiques. Quand on vous verse un salaire, ça fait augmenter le PIB, quand une entreprise achète des machines aussi. Bien utile, mais également bien incomplet, voire souvent carrément déformant.

Le capital comme pouvoir

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Pour comprendre le monde qui est le nôtre, pour le critiquer et pour le transformer, il faut être en mesure de bien saisir ce qui en constitue la forme dominante. De l’âge d’or de l’économie classique anglaise à ses nombreuses critiques (marxiste, féministe, écologiste, etc.), tenter de bien cerner ce que peut bien être le capital a pris les allures d’un véritable travail sans fin. Et si le capital était en fait l’incarnation symbolique des relations sociales de pouvoirs?

En 2009, Jonathan Nitzan et Shimshon Bichler ont publié Le capital comme pouvoir : Une étude de l’ordre et du créordre[i]. Traduit en 2012 chez Max Milo, il s’agit d’une contribution majeure à la réflexion critique contemporaine. La prémisse de base des auteurs peut se résumer ainsi : selon leur perspective, les théories libérales et marxistes ont le même défaut, soit d’être incapables d’expliquer ce qu’est le capital autrement qu’en recourant à des unités fictives (les « utiles » pour les libéraux et le « temps de travail abstrait » pour les marxistes). Dans chacune de ces conceptualisations du capital, le même problème, soit une incapacité de toucher concrètement au capital, d’en définir la forme et surtout d’en expliciter le processus d’accumulation.

Le nouvel étalon

Les dernières décennies nous avaient habitué à une croissance stable du produit intérieur brut (PIB) des pays de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. Pas le Klondike, mais un constant 2% ou 3%. C’était le niveau normal, l’étalon à partir duquel on se disait : en haut, c’est bon, en bas, ça ne va pas.

Au début novembre, Larry Summers, ancien secrétaire du Trésor de Clinton et proche conseiller d’Obama au lendemain de la crise, a participé à une conférence au Fonds monétaire international (FMI) où il a annoncé qu’il était peut-être temps de mettre cet étalon de croissance au rancart. Il a en effet avancé que le marasme dans lequel était englué les économies développées était the new normal (que je traduis par : le nouvel étalon). La croissance se situerait désormais entre 0,5 et 1,5%.

Dix propositions pour mieux vivre sans croissance (1ère partie)

Cette semaine à HEC Montréal se tenait le premier colloque du Collectif de recherche interuniversitaire et transdisciplinaire sur les impasses de la croissance (CRITIC) intitulé « Creuser jusqu’où? Les limites de la croissance ».

Cette semaine à HEC Montréal se tenait le premier colloque du Collectif de recherche interuniversitaire et transdisciplinaire sur les impasses de la croissance (CRITIC) intitulé « Creuser jusqu’où? Les limites de la croissance ». À l'occasion de ce colloque sur la décroissance, on a entendu de très pertinentes critiques du mouvement décroissant à l'égard de l’économie de l’accumulation qui recherche des profits illimités alors que les limites environnementales et sociales de la planète sont de plus en plus précises.

Au même moment, la revue française Alternatives économiques publiait un dossier intitulé Vivre mieux sans croissance qui met de l’avant 10 propositions afin d'améliorer notre vie dans le contexte 0ù la fin de la croissance est soit souhaitable, soit inévitable. Les propositions avancées sont très intéressantes, aisément réalisables et devraient être mieux connues. Elles ont pour but de diminuer les dépenses individuelles de manière à défavoriser la recherche de l’accumulation monétaire. Nous en faisons ici la recension en les adaptant à la situation québécoise.

Budget fédéral : rompre avec l’austérité qui tue

Nos collègues du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) publient aujourd’hui leur Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral (ABGF). Chaque année, cet exercice rigoureux, fruit d’une collaboration entre de nombreux économistes et groupes progressistes, permet de formuler une vision fort différente de celle que nous offre le gouvernement sur le budget fédéral à adopter.

Crise et politiques d’austérité

Les économies occidentales sont entrées, depuis 2008, dans une crise de croissance sans précédent. Alors que les enseignements de John Maynard Keynes voudraient que les gouvernements augmentent leurs dépenses pour stimuler l’économie et relancer l’accumulation, ces derniers ont plutôt choisi de mettre en place des politiques d’austérité et de compression des dépenses gouvernementales.

Les graphiques (7): le choix des données

Je termine ici ma série sur les graphiques, avec probablement le sujet le plus important de tous, soit le choix des données. En effet, on aura beau avoir sous les yeux un graphique présenté dans les règles de l’art, s’il présente des données choisies plus ou moins honnêtement pour démontrer un point de vue plutôt que de choisir les données les plus pertinentes pour présenter objectivement un phénomène, on pourra se faire une idée fausse du phénomène illustré.

Lettre à Pierre

Vrai, je ne m’appelle pas Julie. Je semble, par contre, partager certaines de ses idées et c’est à ce titre que je me permets de te répondre. Tu me permets que je te tutoies? C’est une mauvaise habitude : quand on laisse entendre que je porte qu’une réflexion superficielle sur le monde, ça me donne des petites envies de « tu ». Je suis persuadée que tu comprends.