L’intelligence artificielle et les mauvais pauvres

Photo: Trevor Vannoy (Unsplash)

Alors que les personnes en situation de précarité sont les plus à même d’éprouver des difficultés à avoir une connexion numérique ou à utiliser les plateformes en ligne, le gouvernement a prévu un budget minimum de 25,6M$ pour numériser les dossiers des prestataires de l’aide de dernier recours afin, entre autres, d’intégrer de l’intelligence artificielle à ses processus décisionnels. Cette contradiction révèle le biais moral de cette initiative. Fondées sur des préjugés anciens, les mesures de contrôle croissent sans améliorer les services rendus aux personnes précaires.

Choisir la santé populationnelle avant l’industrie des données

Au mois de mars, à peine la multiplication des cas d’infections au SRAS-CoV-2, maladie virale communément appelée « nouveau coronavirus » ou COVID-19, était-elle qualifiée de pandémie que des technologies permettant de collecter des données nouvelles pour la santé publique étaient déjà en cours de création. Les entreprises qui les développent ambitionnent de mettre l’intelligence artificielle (IA) au service de la santé publique. Or, en y regardant de plus près, on constate que c'est davantage la santé publique qui risque d'être mise au service de l'industrie des données.

Qui profite des investissements publics en intelligence artificielle?

À l’occasion de la présentation du budget 2019-2020 le 21 mars dernier, le gouvernement provincial annonçait des investissements de 330 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir le domaine de l’intelligence artificielle (IA), en plus de 68,5 millions de dollars sur dix ans en infrastructures dans le cadre du Plan québécois des infrastructures 2019-2029. Ceux-ci s’ajoutent aux 1,6 milliard de dollars investis depuis 2016 par les gouvernements du Canada et du Québec, en plus des généreux avantages fiscaux accordés aux entreprises et des exemptions d’impôt offertes aux « talents » étrangers. Quels moyens seront pris pour que ces investissements se traduisent en bénéfices économiques et sociaux concrets au niveau local ?