Protocole de priorisation : les profits ou la vie?

Le gouvernement et les médias nous préparent depuis plusieurs jours à l’application imminente du « Protocole de priorisation aux soins intensifs ». Ce terme pudique et en apparence purement bureaucratique désigne la procédure à suivre et les critères éthiques à respecter pour celles et ceux qui, si ce protocole devait s’appliquer, auraient la tâche ingrate de choisir entre les personnes qui auront accès aux soins intensifs, et celles qui en seront privées. Il peut paraître étonnant que le recours à de tels extrêmes (on parle ici de choisir entre soigner ou laisser mourir) soit envisagé avec résignation et fatalisme, comme s’il était normal, ou du moins inévitable, d’en arriver là en temps de pandémie. Or, la pandémie ne fait qu’exacerber le « triage » généré par un autre « protocole de priorisation », qui s’applique quant à lui depuis déjà très longtemps : celui imposé par le capitalisme et son impératif de profits.

En un graphique: les déterminants de la santé

La pandémie de COVID-19 a braqué les projecteurs sur les impacts dévastateurs que peut avoir un virus sur la santé, ce que la population des pays occidentaux, protégée par des vaccins trop souvent inaccessibles ailleurs, avait eu tendance à oublier depuis quelques décennies. L’incursion brutale de ce virus dans nos vies et la course au vaccin qu’elle a stimulée tend néanmoins à renforcer la conception de la santé qui prédomine dans ces mêmes pays, conception largement centrée sur les causes biologiques et individuelles de la maladie (génétique, bactéries, virus, mauvaises habitudes de vie, etc.), ainsi que sur le rôle du système de soins (et en particulier des médecins, des hôpitaux et des médicaments) comme remède principal aux problèmes de santé. Or, ces facteurs sont loin d’être les seuls déterminants de l’état de santé des populations. En fait, ce ne sont même pas les plus importants.

Choisir la santé populationnelle avant l’industrie des données

Photo: Pixabay

Au mois de mars, à peine la multiplication des cas d’infections au SRAS-CoV-2, maladie virale communément appelée « nouveau coronavirus » ou COVID-19, était-elle qualifiée de pandémie que des technologies permettant de collecter des données nouvelles pour la santé publique étaient déjà en cours de création. Les entreprises qui les développent ambitionnent de mettre l’intelligence artificielle (IA) au service de la santé publique. Or, en y regardant de plus près, on constate que c'est davantage la santé publique qui risque d'être mise au service de l'industrie des données.

Déconfinement : le recul a-t-il déjà été une option? 

Depuis le 15 avril dernier, le déconfinement progressif est enclenché au Québec. Bien que la province soit la plus touchée par la pandémie au pays, le gouvernement caquiste maintient son échéancier de déconfinement, à l’exception du grand Montréal où le déconfinement est reporté (au moins) jusqu’au 25 mai et jusqu’en septembre pour le retour à l’école. Or, la plupart des provinces canadiennes et des états américains repoussent constamment leur échéance de déconfinement, les risques de deuxième vague étant considérés encore trop élevés. Pourquoi un tel empressement au Québec? Dans ce billet, je présente une série d’arguments permettant de croire que la stratégie québécoise de déconfinement est fortement influencée par le secteur privé québécois, et que les possibilités de « reconfinement », en cas de deuxième vague, sont minces, voire inexistantes.

Déconfinement: se baser sur la science… quand elle fait son affaire

Photo: Dylan Passmore

Le premier ministre François Legault a annoncé la première phase de son plan de déconfinement le 27 avril. Ce plan prévoit la réouverture des écoles primaires et des garderies en dehors de la région métropolitaine dès le 11 mai prochain, et le 19 mai pour les établissements montréalais. Pour justifier cette décision, le premier ministre évoque 5 raisons particulières: le bien des enfants, l’accord de la santé publique, le risque moindre pour les personnes de moins de 60 ans, la situation des hôpitaux sous contrôle et le fait que la vie doit continuer. Si ces 5 raisons sont en apparence fort louables, il est toutefois nécessaire de s’assurer qu’elles soient vérifiées et légitimes. Dans ce billet, je propose de passer en revue ces 5 raisons en plus de faire un état général de la pandémie au Québec et de sa prise en charge par les autorités publiques.

Le billet vert: notre système de santé et de services sociaux est-il prêt pour faire face à la crise climatique?

Photo: Can Pac Swire (Flickr)

Dans mon dernier billet, je comparais la réponse rapide et vigoureuse des autorités sanitaires et gouvernementales mondiales face au nouveau coronavirus et leur réaction anémique et peu empressée face à la crise climatique, qui représente pourtant selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « la plus grande menace pour la santé dans le monde au XXIe siècle ». Mais qu’en est-il du gouvernement et du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) québécois? Sont-ils prêts à faire face à cette urgence de santé publique qu’est la crise climatique ?

Coronavirus : et si la crise climatique était aussi considérée comme une urgence mondiale de santé publique?

Photo: wanderin' wolfgang (Flickr)

Par un effet de contraste saisissant, la réaction pour le moins vigoureuse des autorités gouvernementales et de santé publique mondiales à la menace que représente le nouveau coronavirus 2019-nCoV met en lumière la mollesse et l’irrésolution de ces mêmes autorités face à ce qui est pourtant la plus grande urgence sanitaire à laquelle est présentement confrontée l’humanité : la crise climatique. Comment comprendre ce double standard?

Loterie vidéo : changer de politique au lieu de déplacer le problème

Réagissant à un article de La Pressequi indiquait que quatre dollars sur cinq insérés dans les appareils de loterie vidéo (AVL) provenaient de la poche de joueurs pathologiques ou en voie de le devenir, le premier ministre Legault nous apprenait qu’il « haïssait » ce type de machine.

La croisade de Philippe Couillard contre la rémunération à l’acte

« Il est temps de reconnaître l’effet nocif de la rémunération à l’acte sur notre système de santé, que plusieurs acceptent maintenant comme une évidence ». C’est ainsi que Philippe Couillard terminait une tirade contre la rémunération à l’acte dans une lettre ouverte publiée le 13 février… 1999 (Le Devoir, p. A13). M. Couillard était alors professeur agrégé au Service de neurochirurgie de l’Université de Sherbrooke, cinq ans avant de devenir ministre de la Santé dans le gouvernement libéral de Jean Charest. Quinze ans avant de devenir Premier ministre du Québec.