À propos du top 100 des PDG

La semaine dernière, nos collègues du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) publiaient leur mise à jour annuelle sur la rémunération des 100 dirigeants d’entreprises les mieux payés au Canada.

Lorsqu’on appartient à ce groupe, on gagne en moyenne 8 millions (M) de dollars par année, une fois additionnés les différents modes de rémunération (salaire, primes, actions, options, etc.).

Gagner 8 millions par an, ça veut dire que le 2 janvier 2014, à 13h11, on a déjà empoché environ 47 000$, soit le salaire moyen d’un travailleur au Canada.

Pourquoi, ça survient le 2 janvier ? Parce que le 1er, c’est férié…

Un blogue de Noël

Le temps des fêtes est probablement la période de l’année qui nous replonge le plus dans nos classiques. Que ce soit les cantiques de Noël, nos dessins animés préférés ou les contes de Noël. Le conte de Noël qui a probablement le plus de versions est assurément celui Charles Dickens paru en 1843. Que l’on ait lu ou pas l’original, on se souvient toutes et tous des trois esprits de Noël qui viennent hanter un individu grippe-sou qui ne veut pas se mettre au diapason avec le véritable esprit de Noël. On se souvient aussi de son employé et de son fils, le petit Tim, qui font les frais de ce manque d’esprit de Noël. Les différentes relectures  de l’œuvre de Dickens ont toutes des perceptions différentes de ce que devrait être le véritable esprit de Noël. Cependant, peu de ces lectures préservent l’esprit de Dickens qui incorpore une critique sociale et économique des relations de pouvoir de son époque. Qu’est-ce que pourraient nous dire les esprits sur notre Noël 2013? Tout comme les autres lectures du Conte de Noël, nous ne réécrivons pas un classique, nous ne faisons que l’adapter partiellement à la réalité contemporaine.

 

L’éloge de la richesse

Le 3 décembre dernier, les drapeaux des édifices gouvernementaux québécois étaient mis en berne pour souligner le décès de l’homme d’affaires Paul Desmarais, survenu deux mois plus tôt. Moult personnalités publiques se sont déplacées à la Basilique Notre-Dame de Montréal pour rendre hommage au richissime défunt, reconnu comme « l’un des plus grands entrepreneurs de notre pays ».

Deux jours plus tard avait lieu pour une treizième année consécutive la grande guignolée des médias. À cette occasion, les médias québécois joignent leurs efforts pour recueillir auprès du public des dons en argent et en denrées non périssables destinés aux personnes les plus démunies. La solidarité est à l’honneur tout au long de cette journée qui nous rappelle que, pour beaucoup trop de familles, le temps des Fêtes est synonyme non pas de réjouissance et d’abondance, mais d’estomac souvent vide et de dénuement matériel.

Les employé.e.s du secteur public : des gras durs? Vraiment?

On entend souvent dire que les employé.e.s du secteur public sont des gras durs, des privilégiés. Que leurs conditions salariales sont exceptionnelles. En fait, à entendre certains commentateurs travailler pour le gouvernement québécois équivaut à des salaires mirobolants et des conditions de travail hors de l’ordinaire.

Soyons honnête, trouver un emploi au gouvernement est en général une bonne nouvelle. Pour la plupart des gens, ça signifie un emploi relativement stable et relativement bien payé avec de bons avantages sociaux. En fait, les employé.e.s du secteur public québécois sont une bonne part de ce qui constitue la classe moyenne au Québec. Par rapport à l’ensemble de la planète et à bien des gens au Québec (chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale, travailleuses et travailleurs précaires, etc.) c’est une position somme toute confortable, on s’entend. Par contre, les employé.e.s de l’État québécois jouissent-ils pour autant de privilèges imposants par rapport aux autres travailleuses et travailleurs du Québec? Le prétendre relève d’un préjugé.

Et si on donnait de l’argent à tout le monde

Les Suisses aiment les référendums. À chaque année, ils se déplacent à de multiples reprises pour donner leur avis sur des enjeux sociaux et politiques. Récemment, de nombreuses questions économiques ont été lancées. Au-delà des discussions à l’intérieur du pays, ces débats sont suivis et nourris par des intervenant.e.s de partout à travers le monde, curieux et attentifs aux orientations que prendra la Suisse.

Au mois de mars, appelés à se prononcer sur les rémunérations « abusives » des dirigeant.e.s d’entreprises cotées en bourse, plus des deux tiers des votes sont allés en faveur d’un meilleur contrôle de la part des actionnaires. La semaine dernière, c’était au tour d’une proposition de limiter les salaires des patrons à un maximum de 12 fois celui du plus petit salaire de leur entreprise à faire l’objet d’une consultation. Bien que l’initiative n’ait pas recueilli les majorités nécessaires pour devenir texte de loi, le sujet a permis de mettre en lumière quelques cas d’écarts de revenus indécents entre les patrons et les employé.e.s.

Charte des valeurs québécoises : une mauvaise réponse au mauvais problème

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Impossible d’ignorer le débat actuel entourant la Charte des valeurs québécoises. Une société qui fait le choix de réfléchir aux valeurs qui sont les siennes semble a priori une chose louable. Le débat actuel n’offre malheureusement pas l’occasion de se réjouir d’une telle pertinence. Il n’y sera pas question des valeurs québécoises en ce qui a trait à l’exploitation de nos ressources, à l’occupation du territoire ou encore à notre volonté de respecter les limites que nous impose notre écosystème. Il ne sera pas non plus question des valeurs québécoises dans les domaines si importants de l’accès universel aux services de santé gratuits et de qualité, des soins aux personnes âgées ou du maintien de notre réseau d’éducation publique hors des pressions du monde des affaires.

Ce que l’on nous présente comme un débat sur « nos valeurs » n’est en fait qu’une reprise du mélodrame sur les accommodements raisonnables qu’a connu le Québec en 2006-2007 et qui a débouché sur la Commission Bouchard-Taylor. Le gouvernement actuel, manifestement anxieux de masquer son incapacité à traiter directement de cet enjeu, accouche donc de cette Charte des valeurs.

L’État néolibéral : “partenaire” ou “grand stratège”?

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Une série de billets parus sur le blogue de l’IRIS depuis l’an dernier tente de démontrer en quoi le néolibéralisme loin de se traduire par un retrait pur et simple de l’État a plutôt donné lieu à une redéfinition de son rôle. Le cas de l’action publique en matière de formation de la main-d’œuvre dans les vingt dernières années au Québec illustre bien ces propos.

Ainsi, pourrait-on croire que la mise en place au milieu des années 1990 de nouveaux partenariats au sein du marché du travail, avec la création entre autres de la Commission des partenaires du marché du travail, a donné le ton à un retrait de l’État sur les questions de la formation et de l’emploi au bénéfice d’une plus grande concertation entre l’État et les acteurs socioéconomiques. Pour notre part, nous dirions que cette évolution représente plutôt une redéfinition du rôle de l’État.

Et si le travail était la solution au problème du travail?

La Fête du travail, qui était célébrée hier dans plusieurs pays dont le Canada, est censée souligner l’apport des travailleurs et des travailleuses à la société. Lorsqu’on réfléchit à la condition salariale aujourd’hui (stagnation des salaires, emplois précaires, épuisement professionnel, etc.), on a pourtant l’impression que l’ambiance n’est pas à la fête. Tant le droit au travail que les droits des travailleurs et travailleuses sont mis à mal par les transformations qui sont en cours dans l’économie depuis les années 1970 et les attaques que doivent subir les salarié.e.s sont autant d’ordre matériel que symbolique.

Manque à gagner de 6 000 $ par année pour les travailleuses et travailleurs

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On nous dit souvent qu’il faut créer de la richesse avant de la distribuer. Annoncé comme cela, ça semble être une évidence. On peut cependant se demander si la richesse qu’on crée est effectivement distribuée en fin de compte. C’est à cette question que l’IRIS a voulu répondre dans une note publiée dernièrement.

L’IRIS a comparé l’évolution de la productivité du travail (mesurée par le produit intérieur brut –PIB- par heure travaillée) et la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs (salaires et avantages sociaux) entre 1981 et 2010 au Québec. Alors que la productivité a augmenté de plus de 30% pendant cette période, la rémunération des salarié.e.s n’a, elle, augmenté que de 15%, soit la moitié moins. En dollars de 2010, si la rémunération horaire des travailleuses et travailleurs avait suivi le rythme de la productivité, elle aurait progressé en moyenne de 22$ à 29$ entre 1981 et 2010, alors qu’elle est seulement passée à 26$. Pour une personne travaillant 40 heures par semaine pendant 50 semaines, l’écart équivaut à 6 000$.