Il est temps de nationaliser les résidences pour personnes âgées

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Nous le savons – et la triste expérience européenne aurait dû y préparer le gouvernement québécois –, c’est dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et les résidences privées pour aîné·e·s (RPA) que le virus provoque des hécatombes, là précisément où il aurait fallu prendre le plus de précautions. En date du 7 avril, près de la moitié des décès attribuables à la COVID-19 s’étaient produits dans des CHSLD, et 20 % dans des RPA. Cette catastrophe sociale s’explique par des raisons structurelles qui perdurent depuis des années : des conditions de travail déplorables, un manque d’écoute des gens sur le terrain et la pression à la rentabilité des résidences privées. La réponse cohérente devrait se faire sur deux fronts simultanés : nationalisation des installations privées et démocratisation des établissements publics.

La santé publique, la COVID-19 et le capitalisme

Photo: Archives de la Ville de Montréal

Sous le choc brutal imposé par la pandémie de COVID-19, la population et le gouvernement du Québec découvrent soudainement l’importance cruciale d’un secteur habituellement très peu valorisé (et très peu financé) : celui de la santé publique. Alors que l’imaginaire collectif entourant le domaine de la santé se résume en temps normal aux médecins, aux médicaments et aux hôpitaux (qui accaparent d’ailleurs la plus grande partie du budget du ministère de la Santé et des Services sociaux), nous prenons actuellement toute la mesure du rôle vital que joue ce secteur, responsable notamment des programmes de prévention et de vaccination. Comment dans ce cas expliquer son sous-financement chronique, les coupes successives dans son budget et sa marginalisation systématique au sein du réseau sociosanitaire? Une des explications se trouve dans la relation contradictoire qu’entretient le capitalisme (et les capitalistes) avec la santé publique.

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Le retour à la normale n’est pas une option

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Il est raisonnable de penser qu’il n’y aura pas de retour à la normale après cette crise. D’abord, parce que la crise sanitaire modifie déjà notre rapport à la communauté, aux services publics, aux gouvernements, aux chaînes d’approvisionnement, aux frontières et aux relations entre les nations. Ensuite, parce qu’avant même son déclenchement, nos systèmes politiques et économiques faisaient déjà l’objet d’un discrédit qui s’est durablement installé suite à la dernière crise – celle de 2008. Enfin, parce que l’inconséquence de nos représentants face à la crise climatique accentuait elle aussi le sentiment d’une cassure à venir.

Le billet vert: notre système de santé et de services sociaux est-il prêt pour faire face à la crise climatique?

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Dans mon dernier billet, je comparais la réponse rapide et vigoureuse des autorités sanitaires et gouvernementales mondiales face au nouveau coronavirus et leur réaction anémique et peu empressée face à la crise climatique, qui représente pourtant selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « la plus grande menace pour la santé dans le monde au XXIe siècle ». Mais qu’en est-il du gouvernement et du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) québécois? Sont-ils prêts à faire face à cette urgence de santé publique qu’est la crise climatique ?

Coronavirus : et si la crise climatique était aussi considérée comme une urgence mondiale de santé publique?

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Par un effet de contraste saisissant, la réaction pour le moins vigoureuse des autorités gouvernementales et de santé publique mondiales à la menace que représente le nouveau coronavirus 2019-nCoV met en lumière la mollesse et l’irrésolution de ces mêmes autorités face à ce qui est pourtant la plus grande urgence sanitaire à laquelle est présentement confrontée l’humanité : la crise climatique. Comment comprendre ce double standard?

Les arracheurs de dents

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Dans son discours du trône de la semaine dernière, Justin Trudeau a ouvert la porte à l’instauration d’une assurance dentaire universelle, qualifiant cette mesure promue par le Nouveau parti démocratique de « bonne idée ». Sur la scène provinciale, l’élargissement de la couverture publique des soins dentaires a aussi fait l’objet de promesses lors des dernières élections. Une assurance dentaire universelle serait une avancée majeure et essentielle pour l’accès aux soins buccodentaires au Québec, où le pourcentage d’adultes de plus de 45 ans qui sont complètement édentés est deux fois plus élevé que dans le reste du Canada. Cependant, si les dentistes sont rémunérés à l’acte comme les médecins dans un éventuel régime public d’assurance dentaire, ils pourraient bien être tentés de continuer à jouer aux arracheurs de dents.

Entente sur la rémunération : les médecins québécois gagneront-ils vraiment 9% de moins que leurs collègues canadiens ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les données sur la rémunération des médecins au Québec sont opaques. Il est ardu de prendre la mesure réelle de qui reçoit combien et pourquoi il le reçoit des huit milliards de dollars que la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) verse aux médecins. Après les autres dépenses en santé et celles en éducation, cette somme représente de facto le troisième poste budgétaire en importance au Québec.

Élections fédérales et assurance médicaments : les leçons du « modèle québécois » public-privé

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Un des enjeux importants de la campagne électorale qui s’amorce sur la scène politique fédérale sera l’instauration au niveau national d’une assurance médicaments publique et universelle (AMPU). En effet, le Nouveau parti démocratique (NPD) et le Parti vert se sont engagés à mettre sur pied un tel régime, tandis que le Parti libéral envisage sérieusement de le faire. Tout indique donc que l’AMPU comptera parmi les promesses phares de trois des quatre principaux partis en lice pour le pouvoir. Or, la ministre québécoise de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a déjà signifié son opposition à toute intervention du gouvernement fédéral dans ce domaine, faisant valoir que le Québec jouit déjà de son propre régime d’assurance médicaments. Mais aux besoins de qui ce « modèle québécois » d’assurance répond-il?

Les soins à domicile : une affaire rentable

La semaine dernière, Statistique Canada publiait une série de données fort intéressante au sujet des soins à domicile. Nous y apprenions que les revenus d’exploitation des entreprises du secteur privé dans ce domaine étaient en hausse de 5,1 %, passant de 5,1 G$ à 5,4 G$ entre 2016 et 2017 pour l’ensemble du Canada. Le vieillissement de la population n’est certes pas étranger à cette situation. La proportion des aîné·e·s (personnes de 65 ans et plus) est passée de 7,9 % de la population totale en 1971 à 17,2 % l’an dernier. Lorsqu’on connaît les grands besoins de soins à domicile de cette population, il n’est pas étonnant de voir le chiffre d’affaires des entreprises de ce secteur suivre une courbe ascendante. 

Grève des préposées aux bénéficiaires : les résidences privées pour personnes âgées ont-elles les moyens de payer décemment leurs employées?

La semaine dernière, les préposées aux bénéficiaires ainsi que d’autres employées de dix résidences privées pour aîné·e·s (RPA) ont tenu trois jours de grève pour réclamer des salaires décents. Cette grève n’est pas la première dans ce secteur : depuis au moins 2016, les travailleuses des RPA, dont la rémunération frôle actuellement le salaire minimum, revendiquent un salaire à l’embauche de 15 $ de l’heure. Elles font toutefois face à des patrons peu disposés à accorder un revenu viable à leurs employées. Une analyse rapide de ce secteur économique en pleine expansion indique pourtant qu’ils en ont parfaitement les moyens.

Ces faits que la FMOQ préfère ignorer

Dans sa réponse à notre fiche technique sur les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) publiée la semaine dernière, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), M. Louis Godin, parle « d’inexactitudes », de « faits alternatifs » et de « propagande » pour qualifier nos conclusions. Pourtant, les chiffres qu’il amène pour « rectifier » nos affirmations sont strictement identiques à ceux que nous utilisons. Il pourrait difficilement en être autrement puisque nos données sont directement tirées de la Lettre d’entente 229 conclue entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et M. Godin lui-même.