En un graphique: les déterminants de la santé

La pandémie de COVID-19 a braqué les projecteurs sur les impacts dévastateurs que peut avoir un virus sur la santé, ce que la population des pays occidentaux, protégée par des vaccins trop souvent inaccessibles ailleurs, avait eu tendance à oublier depuis quelques décennies. L’incursion brutale de ce virus dans nos vies et la course au vaccin qu’elle a stimulée tend néanmoins à renforcer la conception de la santé qui prédomine dans ces mêmes pays, conception largement centrée sur les causes biologiques et individuelles de la maladie (génétique, bactéries, virus, mauvaises habitudes de vie, etc.), ainsi que sur le rôle du système de soins (et en particulier des médecins, des hôpitaux et des médicaments) comme remède principal aux problèmes de santé. Or, ces facteurs sont loin d’être les seuls déterminants de l’état de santé des populations. En fait, ce ne sont même pas les plus importants.

Une résidence pour tous, mais les profits pour qui?

Photo: Etan J. Tal (Wikipédia)

Le 26 septembre dernier, le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) lançait sa campagne « Une résidence pour tous ». Malgré ce que suggère son titre, cette campagne ne vise pas à favoriser l’accès à des services d’hébergement pour toutes les personnes qui en ont besoin. Elle est en fait le visage public d’une offensive des propriétaires de résidences privées pour aîné·e·s (RPA), qui font pression depuis plusieurs mois pour un sauvetage de leur modèle d’affaires par l’État. Les propriétaires de CHSLD privés non conventionnés ne sont pas en reste, revendiquant eux aussi une bonification substantielle du financement public dont ils profitent déjà. Un rapport de recherche récemment publié par les autrices de ce billet permet de jeter un éclairage critique sur ces demandes, qui consistent pour l’essentiel à renforcer un écosystème de l’hébergement basé sur la socialisation des coûts et la privatisation des profits. 

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50 ans de la Loi sur l’assurance maladie — Une bataille inachevée

Il y a exactement 50 ans, soit le 1er novembre 1970, la Loi sur l’assurance maladie entrait en vigueur. Le Québec devenait ainsi la dernière province à adhérer au programme mis en place par le gouvernement fédéral cinq ans plus tôt, lui-même à la remorque de la plupart des autres pays occidentaux. Si la pandémie actuelle nous rappelle l’importance d’un accès universel à des services de santé de qualité, elle démontre également que les luttes ayant entouré la mise en place de l’assurance maladie demeurent aujourd’hui inachevées.

Le gouvernement québécois sait comment freiner la pandémie, mais tarde à agir

Photo: Lea-Kim Chateauneuf

La deuxième vague de COVID-19 est bel et bien en cours au Québec et les conséquences négatives des restrictions sanitaires s’accumulent quotidiennement. Dans ce billet, je présente trois éléments clés qui permettraient de ralentir considérablement, voire complètement, la progression du virus en sol québécois. Le gouvernement caquiste est nécessairement au courant de ces éléments, mais il tarde à les appliquer. Je conclus en expliquant pourquoi le gouvernement agit de la sorte et comment une telle inaction risque de se retourner contre lui à plus long terme.

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Des solutions systémiques au racisme systémique en santé et services sociaux (1re partie)

La mort de Joyce Echaquan et le traitement abominable que lui ont fait subir des membres du personnel de l’hôpital de Joliette ont ravivé le débat sur l’existence du racisme systémique au Québec, braquant cette fois les projecteurs sur le racisme anti-autochtone dans le domaine de la santé et des services sociaux. Malgré des divisions à ce sujet au sein de son gouvernement, le premier ministre Legault et son nouveau ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, refusent toujours de reconnaître que ce problème dépasse les comportements de quelques individus déviants et qu’il s’inscrit plutôt dans nos institutions et notre histoire coloniale. Outre le fait que l’usage de ce mot hérisse une partie de sa base électorale, une autre raison explique probablement ce rejet de la notion de racisme systémique : cela reviendrait à reconnaître que les solutions au racisme ne se limitent pas à pointer du doigt et à sanctionner quelques coupables, mais qu’elles sont, elles aussi, systémiques.

Québec doit ajouter 500 M$ en santé mentale

Photo: Pixabay

Le 10 octobre a été désigné comme Journée mondiale de la santé mentale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). On nous rappelle généralement lors de cette journée certaines statistiques peu réjouissantes, comme le fait que 1 personne sur 5 sera atteinte par des troubles de santé mentale au cours de sa vie, que les coûts liés à ces troubles s’élèvent au Canada à entre 20 G$ et 30 G$ annuellement, ou encore que chaque dollar investi en prévention et en soins de santé mentale rapporte 1,62 $. Les organismes les plus variés reconnaissent par ailleurs que la santé mentale ainsi que la santé physique sont des composantes intrinsèques du bien-être et que les préserver est non seulement nécessaire, mais même payant. Le gouvernement du Québec a lui aussi reconnu cette réalité dans la dernière année et a posé des gestes afin de s’attaquer à ce problème. Or, en ces temps de crise sanitaire et de ralentissement économique où la santé mentale de plusieurs Québécois·es est mise à rude épreuve, Québec devrait ajouter une somme de 500 M$ au budget déjà prévu à cet effet afin de répondre adéquatement aux besoins de la population.

Le scepticisme compulsif n’équivaut pas à de l’esprit critique

Dans une lettre ouverte publiée le 3 septembre 2020, le professeur titulaire et directeur du département de français de l’Université d’Ottawa, Maxime Prévost, soulevait plusieurs interrogations quant aux mesures de restriction sanitaire appliquées un peu partout au pays. Sous couvert de questionnement raisonnable, les sous-entendus du directeur sont toutefois problématiques autant d’un point de vue logique que factuel.

Faire la grève pour protéger les services essentiels et mettre fin au régime « d’exception permanente »

Au milieu des années 1960, après plusieurs vagues de grèves illégales menées par les travailleurs (et surtout les travailleuses) de la santé et de l’éducation, un gain majeur est arraché au gouvernement du Québec : le droit de grève dans le secteur public.

CHSLD privés contre publics — L’historique derrière les statistiques

Dans sa chronique, Francis Vailles relance le débat sur la nationalisation des CHSLD. Il s’appuie sur un article publié la veille où l’on apprenait que les CHSLD privés sont fortement surreprésentés parmi les 10 CHSLD ayant le pire taux de mortalité dû à la COVID-19 : ils occupent la moitié de ce morbide palmarès alors qu’on ne compte qu’environ un tiers de CHSLD privés au Québec.

Choisir la santé populationnelle avant l’industrie des données

Photo: Pixabay

Au mois de mars, à peine la multiplication des cas d’infections au SRAS-CoV-2, maladie virale communément appelée « nouveau coronavirus » ou COVID-19, était-elle qualifiée de pandémie que des technologies permettant de collecter des données nouvelles pour la santé publique étaient déjà en cours de création. Les entreprises qui les développent ambitionnent de mettre l’intelligence artificielle (IA) au service de la santé publique. Or, en y regardant de plus près, on constate que c'est davantage la santé publique qui risque d'être mise au service de l'industrie des données.

Déconfinement : le recul a-t-il déjà été une option? 

Depuis le 15 avril dernier, le déconfinement progressif est enclenché au Québec. Bien que la province soit la plus touchée par la pandémie au pays, le gouvernement caquiste maintient son échéancier de déconfinement, à l’exception du grand Montréal où le déconfinement est reporté (au moins) jusqu’au 25 mai et jusqu’en septembre pour le retour à l’école. Or, la plupart des provinces canadiennes et des états américains repoussent constamment leur échéance de déconfinement, les risques de deuxième vague étant considérés encore trop élevés. Pourquoi un tel empressement au Québec? Dans ce billet, je présente une série d’arguments permettant de croire que la stratégie québécoise de déconfinement est fortement influencée par le secteur privé québécois, et que les possibilités de « reconfinement », en cas de deuxième vague, sont minces, voire inexistantes.

Déconfinement: se baser sur la science… quand elle fait son affaire

Photo: Dylan Passmore

Le premier ministre François Legault a annoncé la première phase de son plan de déconfinement le 27 avril. Ce plan prévoit la réouverture des écoles primaires et des garderies en dehors de la région métropolitaine dès le 11 mai prochain, et le 19 mai pour les établissements montréalais. Pour justifier cette décision, le premier ministre évoque 5 raisons particulières: le bien des enfants, l’accord de la santé publique, le risque moindre pour les personnes de moins de 60 ans, la situation des hôpitaux sous contrôle et le fait que la vie doit continuer. Si ces 5 raisons sont en apparence fort louables, il est toutefois nécessaire de s’assurer qu’elles soient vérifiées et légitimes. Dans ce billet, je propose de passer en revue ces 5 raisons en plus de faire un état général de la pandémie au Québec et de sa prise en charge par les autorités publiques.