Sommes-nous en 1889?

Photo: NDR (Unsplash)

«Le travail des enfants très jeunes est encore permis dans quelques parties du Canada. Ce travail nuit à la santé, entrave le développement physique et l’éducation des enfants employés, de sorte qu’ils ne peuvent devenir des êtres forts ou des citoyens intelligents. Nous croyons que l’emploi régulier, dans les usines, les fabriques et les mines d’enfants au-dessous de quatorze ans devrait être strictement défendu.»

Voilà une des recommandations que formulait en 1889 la Commission royale sur les relations du travail avec le capital au Canada (à l’époque, on n’appelait pas encore les patrons des «leaders» ni des «dragons»), à qui on avait donné le mandat d’étudier les conditions de travail dans les usines du pays.

La santé et la sécurité du travail au bas de l’échelle

Quelques semaines avant le dépôt du projet de loi 59 visant la « modernisation » du régime de santé et de sécurité du travail, je publiais un billet affirmant que le Québec ne peut plus se permettre d’être le cancre de l’Amérique du Nord dans ce domaine. Or, loin de renforcer et d’étendre les dispositions du régime actuel, la réforme proposée par le ministre Jean Boulet aura pour effet, si elle est adoptée telle quelle, de provoquer des reculs majeurs. Sans surprise, le projet de loi fait face à un barrage de critiques, dont certaines ont toutefois eu très peu d’écho médiatique, même si elles méritent d’être entendues.

Le Québec ne peut plus se permettre d’être le cancre de la santé et sécurité au travail en Amérique du Nord

Avec la pandémie de COVID-19, pratiquement tous les milieux de travail sont désormais dangereux. À l’exception de celles et ceux qui jouissent du privilège de travailler à distance, la plupart des travailleurs (et encore plus les travailleuses) sont confrontés à un risque sérieux – et même à un risque potentiellement mortel – dans le cadre de leur emploi. Ils et elles en sont d’ailleurs tout à fait conscient·e·s, comme le montre l’explosion des plaintes à la CNESST durant la première vague de la pandémie. Plus que jamais, les enjeux de santé et sécurité au travail deviennent donc prioritaires, surtout si on souhaite éviter une aggravation de la pénurie de personnel : les derniers mois ont démontré que les travailleuses et les travailleurs qui le peuvent préféreront quitter leur emploi plutôt que d’y risquer leur vie. Or, comme nous le verrons dans ce billet, le Québec est un véritable cancre en matière de protection de la santé et sécurité au travail.

Dix transformations à venir dans le monde du travail

Photo: Axel Drainville

L’économiste canadien Jim Stanford publiait la semaine dernière un rapport dans lequel il propose dix façons de transformer le travail suite aux ravages de la pandémie de COVID-19. Malgré l’incertitude entourant l’après-crise, Stanford montre que plusieurs avancées pourraient être réalisées. Et pourquoi pas ? L’exercice en tout cas est stimulant. Nous présentons dans ce billet les dix transformations nécessaires du travail énumérées par Stanford.

Santé et sécurité du travail: les employeurs encouragés à déroger à leurs obligations?

Photo: zenjazzygeek (Flickr)

Nous assistons à une perturbation inégalée des systèmes de prévention en santé et sécurité du travail avec l’arrivée de la COVID-19, ce nouveau risque biologique grave pouvant circuler dans l’ensemble des milieux de travail. Nous constatons également que plusieurs États étaient mieux préparés que d’autres pour y faire face et que divers régimes fournissent une meilleure réponse dans l’élimination des risques du travail. À ce propos, et en tout respect pour ses fonctionnaires, le gouvernement du Québec ne mérite aucun éloge en matière d’intervention publique contre la pandémie dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. 

Les lois du travail s’appliquent même (et surtout) en temps de crise

Photo: Verne Ho (Unsplash)

La crise sanitaire actuelle nous force à examiner les conditions de travail sous un angle nouveau, puis à repenser nos choix en matière de politiques sociales. Alors que l’on commence à mieux saisir les risques majeurs auxquels sont confrontés les travailleuses et les travailleurs du domaine de la santé, on accorde aussi dorénavant une plus grande importance au travail réalisé par une multitude de personnes œuvrant dans le secteur des services ou dans des conditions précaires. C’est dans ce contexte que l’Organisation internationale du Travail (OIT) vient tout juste de publier un rapport sur lequel nous devrions nous appuyer pour adapter nos politiques publiques à un contexte de pandémie et de transition juste.

Délais de traitement à la CNESST : la pointe de l’iceberg

Photo: Wesley Tingey [Unsplash)

Dans une publication qui paraît aujourd’hui, l’IRIS pose à nouveau sa loupe sur une importante institution québécoise, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Cette créature de l’État, jadis connue sous le nom de Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), a été fondée en 1980 pour prendre en charge l’ensemble du régime public de prévention et de réparation des accidents du travail et des lésions professionnelles.