De Wal-Mart à Denis Coderre : la privatisation tranquille

L’idée selon laquelle il faut diminuer l’emprise de l’État sur nos vies et notre économie est sans doute un des lieux communs les plus persistants de la pensée néolibérale. Cette position s’appuie sur la croyance que l’État brime les libertés individuelles et l’initiative privée (on trouve un exemple de ce point de vue ici), en plus de nuire à la compétitivité des entreprises (ce point de vue est exprimé ici) en mettant d’innombrables obstacles sur le chemin de la croissance de leur profit (taxes, impôt, réglementations environnementales, normes du travail, etc.).

Sans nier l’importance des pouvoirs publics dans les sociétés actuelles, on se demande tout de même si cet acharnement contre la supposée toute-puissance de l’État ne nous empêche pas de voir l’extraordinaire emprise qu’ont en revanche les grandes entreprises sur nos vies, sur l’économie et sur nos gouvernements.

L’université québécoise toujours à vendre

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Afin d’éviter une autre « crise importante » comme la grève étudiante du printemps 2012, et afin de préserver « la paix sociale », le ministre Duchesne « incite les directions » des CÉGEP « à organiser des « ateliers politiques » pour que les jeunes puissent exprimer leurs idées. C’est une bonne idée de favoriser l’engagement des jeunes. Cependant, il faudrait d’abord reconnaître que les étudiant.e.s n’ont pas attendu ces « ateliers » pour parler, et qu’ils et elles ont déjà exprimé un profond malaise que l’on s’empresse aujourd’hui d’oublier.

En effet, l’an dernier, nombre d’étudiant.e.s, professeur.e.s et citoyen.ne.s ont, à travers une mobilisation importante, exprimé leur rejet d’une orientation commerciale et instrumentale donnée à l’éducation par l’État québécois. Ses élu.e.s ont beau avoir porté le carré rouge au moment opportun, on constate, encore une fois, que le gouvernement du Parti Québécois persiste dans la voie de son prédécesseur libéral : celle d’une privatisation accrue de l’éducation, tant en ce qui concerne les espaces physiques que les finalités qui orientent l’enseignement et la recherche. Bref, malgré les nombreuses mises en garde, le cap est encore résolument orienté vers les mirages de « l’économie du savoir » et de la privatisation de l’éducation.

L’Université Alouette

Le 20 août 2013, le ministre de l’Éducation Pierre Duschesne annonçait qu’un pavillon « universitaire » privé, financé par une aluminerie, sera construit à Sept-Îles : « Évalué à 10 millions de dollars, l'investissement dans cette construction est entièrement assumé par Aluminerie Alouette ». Le Journal de Montréal considère qu’il est évident qu’une logique donnant-donnant doive s’installer entre l’université et le secteur privé : « Évidemment, comme la construction est financée par Alouette, on offrira une formation en transformation d'aluminium supervisée par l'Université du Québec à Chicoutimi ». « Évidemment », donc, Alouette peut se payer une université privée de l’aluminium et le concours de l’UQAC, le tout avec la bénédiction du gouvernement. Et, à l’inverse, il semble désormais que l’État, pour construire des universités, ne puisse se passer du secteur privé.

Évaluation du programme de procréation assistée : évaluer d’abord la place du privé

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Le gouvernement du Québec a récemment donné le mandat au commissaire à la santé et au bien-être d’évaluer le programme de procréation assistée, implanté en 2010. Une décision justifiée après bientôt trois ans de fonctionnement.

Le cadre législatif accompagnant le programme a permis de faire chuter de manière importante le nombre de grossesses multiples, en limitant les techniques médicales engendrant ces grossesses multiples. La gratuité de services de procréation assistée a également garanti aux personnes moins fortunées un accès à ces techniques médicales de pointe. Malgré tout, le programme avait été mis en place rapidement et sans consultation publique sur ses limites. Depuis, diverses questions ont été soulevées, notamment quant à l’admissibilité des femmes célibataires, plus âgées et homosexuelles.

Grandeur et décadence du NHS

Le Royaume-Uni a entrepris une réforme sans précédent de son système de santé, le National Health Service (NHS). Mis en place en 1948 au moment de la reconstruction du pays, le NHS aura été l’une des pièces-maîtresses du système social mis en place en Angleterre suite au Rapport Beveridge.

Privatiser la SCHL ?

Dans une récente entrevue accordée au Globe and Mail, le ministre des Finances du Canada Jim Flaherty s’inquiétait du poids financier que les opérations hypothécaires de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) faisaient porter aux contribuables canadiens.