L’éternel retour du remède néolibéral

Vous souvenez-vous des programmes d’ajustement structurel? Imaginés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à la fin des années 1980, ils permettaient à un pays de réduire sa dette à condition de procéder à des réformes qui, disait-on, encourageraient l’investissement étranger et favoriseraient ainsi  son « développement ». La Banque mondiale affirma à propos de ces programmes dans son rapport annuel de 1990 : « la réduction de la dette est un moyen et non une fin en soi ».

Dans les faits, la réduction de la dette a servi de prétexte pour faire reculer l’encadrement politique de l’économie à coup de diminution des dépenses publiques, de privatisations, de libéralisation financière et de dérèglementation des marchés. Bref, la dette a été dans les pays du Sud l’instrument de l’application du programme néolibéral, mis également de l’avant à l’époque dans les pays dits « développés » sous la houlette des Thatcher, Reagan, Mulroney et autres fervents défenseurs des vertus du libre-marché.

Rapport Godbout-Montmarquette : silence complaisant et catastrophisme

Le rapport d’experts sur l’état des finances publiques du Québec reste silencieux sur les origines de la diminution des revenus de l’État et amplifie exagérément la croissance des dépenses à prévoir. Ce biais amène les auteurs du rapport à proposer des mesures qui vont aggraver les problèmes dénoncés.

L’indépendance du Québec et le fédéral

Dans un texte publié récemment, Mark Milke soulignait la dépendance du Québec aux transferts fédéraux et affirmait qu'elle diminuerait sa capacité à réaliser son indépendance politique du Canada. En faisant une lecture tronquée d’une note socio-économique réalisée par mon collègue Francis Fortier, il n’est pas parvenu à en saisir les arguments de fond, ni même les démonstrations les plus simples. Je tenterai ici d’exposer différemment ces arguments, mais également de répondre à la question posée par Mark Milke à savoir si la fin du rapport au gouvernement fédéral serait un lourd handicap économique pour un éventuel Québec indépendant.

Le triste bilan d’une campagne décevante

La campagne électorale se termine aujourd’hui. Au final, cette ronde aura été décevante. Les sujets qui ont pris le plus de place ont tous été abordés de manière stérile. Après 8 mois de déchirements sur la charte, qu’est-ce qu’il restait à dire? Encore plus devant des partis qui martèlent leurs mêmes positions, sans fléchir, depuis le début. Quant au référendum, c’est beau. On a compris. Personne n’en veut, même si certains aimeraient bien qu’on en veuille un. Sur l’intégrité, difficile de clore le sujet avant la fin des audiences de la commission Charbonneau.

Élections : les cadres financiers et le « réalisme »

Dans un texte récent, Francis Vailles reprochait au cadre financier de la Coalition Avenir Québec (CAQ), du Parti libéral (PLQ) et de Québec solidaire (QS) de manquer de réalisme. En somme, le chroniqueur économique de La Presse nous dit que ces partis promettent la lune sans nous montrer qu’ils peuvent l’atteindre. Si cet argument se défend, la posture politique du chroniqueur qui perce à travers son texte peut, elle, être contestée.

Ne croyez pas aux slogans (économiques)

Le 27 février, je me suis retrouvée sur le plateau de l’émission de débat de MaTv, Open Télé, pour discuter fiscalité et services publics. On m’avait invitée avec sept autres personnes à répondre à une question : est-ce que les contribuables québécois en ont pour leur argent? Comme le format de l’émission rend difficile la possibilité d'aller au fond de sa pensée (1 heure, 8 invités, 1 animatrice et quelques incursions dans le merveilleux monde des réseaux sociaux) et que je n’ai souvent pas pu me prononcer même si j’essayais de mon mieux d’attirer l’attention de l’animatrice, j’utiliserai cet espace pour répliquer à certaines affirmations entendues durant les échanges.

Est-ce que le Québec paie ses garderies avec le pétrole albertain?

Le parti Wild Rose de l'Alberta a mis le Québec au cœur de sa stratégie médiatique de réforme du programme de péréquation. Mme Smith déclarait que « l'argent donné par l'Alberta permet par exemple au Québec de se payer de bons programmes sociaux, comme les garderies à sept dollars ou des études postsecondaires bon marché ». Dans une note publiée aujourd'hui, l'IRIS étudie spécifiquement la validité de cette affirmation, tout en regardant s’il serait possible de développer suffisamment les ressources naturelles, dont le pétrole pour se sortir de la péréquation.

Éloge de la gratuité

La situation budgétaire du Québec en inquiète plus d’un (comme il est possible de le voir iciici et ici). Les Québécois-e-s, au travers leur État et leurs institutions publiques, vivraient bien au-dessus de leurs moyens, et ce, depuis fort longtemps. En conséquence il faudrait augmenter les tarifs exigés des utilisateurs des services publics. C’est exactement ce principe qu’a suivi Mme Marois il y a quelques semaines en annonçant une augmentation des tarifs des services de garde, ceux-ci devant passer de 7$ par jour à 9$.

Ce principe, que l’on nomme souvent « l’utilisateur-payeur », repose sur une idée toute simple voulant qu’il n’existe pas une telle chose qu’un service public gratuit, quelqu’un quelque part devant payer la facture (pour les infrastructures, les salaires, l’administration, etc.). Il serait donc injuste d’imposer le paiement de ce coût à l’ensemble de la population.

Prospérité hypothétique, tarifs assurés

Depuis cinq ans on ne parle que d’austérité : réduire les dépenses pour freiner l’augmentation de l’endettement public, voilà les mesures qui devaient favoriser le retour de la croissance suite à la crise financière de 2008. On sait maintenant qu’elles ont, au contraire, nui à l’économie. Le Parti québécois prétend désormais abandonner cette politique pour mettre le cap sur la prospérité. À la vue du budget présenté aujourd’hui, on peut douter des prévisions de croissance du gouvernement, mais on peut surtout questionner les bénéfices que vont tirer les Québécois et les Québécoises des orientations budgétaires actuelles.

Mentionnons d’abord que le gouvernement prévoit que la hausse de l’investissement des entreprises sera le moteur de la croissance, passant de 0,7% cette année à 3,2% l’an prochain. Misant, entre autres, sur cette croissance, il envisage une augmentation de ses propres revenus de 4,2% l’an prochain. Difficile de ne pas voir là un enthousiasme typiquement pré-électoral, alors que le ministre reconnaît lui-même que l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale entraîne « de l’hésitation dans l’investissement ».

Les priorités fédérales 2014 : chars, nucléaire et ski-doo

Après un autre 14 G$ de compressions budgétaires, nous voici de retour à l’équilibre budgétaire. Bien-sûr, si vous questionnez Jim Flaherty, le ministre des Finances, il répliquera au contraire qu’il lui faut toujours résorber un déficit de 0,1% du PIB avant d’y parvenir. Mais lorsqu’un déficit est aussi petit, il vaut mieux parler d’un déficit volontaire… Tout porte à croire que des stratèges conservateurs tiennent à retenir d’une année la bonne nouvelle du déficit zéro et ainsi cueillir le fruit de la « responsabilité fiscale » en contexte préélectoral.

Le gouvernement conservateur a toutefois maintenu la même détermination à réduire la taille de l’État. Les dépenses ont été coupées certes, mais c’est au chapitre des revenus que l’on observe avec le plus d’éclat l’application des valeurs conservatrices aux finances publiques. En effet, le ratio des revenus au PIB est passé de 16% à 14% suite à la crise et il s’est maintenu à ce niveau depuis. Ce qui montre un affaiblissement des capacités fiscales de l’État. À titre comparatif, ce ratio était à près 18% à la fin des années 90.

Budget fédéral : faut-il précipiter le retour au déficit zéro?

La poursuite de l’équilibre budgétaire peut être contreproductive lorsqu’elle devient obsessive. Comme au Québec, la date du retour au déficit zéro fait l’objet de spéculations à Ottawa. Lorsque l’attention du public y est portée, on oublie de considérer le coût socio-économique de cette lutte acharnée au déficit. Le budget alternatif du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) est là pour nous le rappeler et nous offrir d’autres avenues pour la gestion des finances publiques.

Le budget 2014-2015 du gouvernement Harper sera déposé la semaine prochaine. On s’attend à un budget déficitaire et à l’annonce d’un retour à l’équilibre pour le prochain exercice, celui de 2015-2016. Pour parvenir à ce résultat, le gouvernement applique des compressions budgétaires depuis plusieurs années. En faisant le choix de l’austérité, le gouvernement a contribué à assécher l’économie en sacrifiant au passage non seulement des citoyen-ne-s qui ont besoin de services, mais aussi ceux et celles qui veulent travailler.