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Le triste bilan d’une campagne décevante

7 avril 2014

  • Eve-Lyne Couturier

La campagne électorale se termine aujourd’hui. Au final, cette ronde aura été décevante. Les sujets qui ont pris le plus de place ont tous été abordés de manière stérile. Après 8 mois de déchirements sur la charte, qu’est-ce qu’il restait à dire? Encore plus devant des partis qui martèlent leurs mêmes positions, sans fléchir, depuis le début. Quant au référendum, c’est beau. On a compris. Personne n’en veut, même si certains aimeraient bien qu’on en veuille un. Sur l’intégrité, difficile de clore le sujet avant la fin des audiences de la commission Charbonneau.

Le non-débat économique

Aura-t-on beaucoup parlé d’économie? Pas tant. Il y a eu un débat sur les statistiques d’emplois à savoir sur quels chiffres baser son bilan, mais quels sont les plans de politiques industrielles? Plus discrets. Ce n’est pas qu’ils sont absents des plateformes électorales (on peut penser au Projet St-Laurent, au Plan nord + ou au chantier des technologies vertes), mais on a préféré parler de (l’absence d’un) référendum, d’intégrité et de la charte. En boucle.

On s’est fait dire qu’un entrepreneur était meilleur qu’une travailleuse sociale ou qu’un médecin pour créer des emplois, mais nous a-t-on démontré que leur gestion de l’État différait vraiment? Pas tant. On a plutôt essayé de nous convaincre qu’une personne qui a pu « créer » des emplois dans le secteur privé était la meilleure pour devenir le chef d’orchestre de l’État et stimuler l’économie (tout en promettant de geler les embauches de nouveaux fonctionnaires). Derrière cette affirmation, on sent le sous-entendu qu’un homme seul serait capable de grandes choses. Cette vision sous-estime l’apport des services publics (éducation, santé, sécurité, infrastructures, etc.) ou du financement public (subventions, crédits d’impôt, régime fiscal avantageux) dans la création et le maintien d’entreprises privées. Stimuler de l’économie? Ça doit être la même chose que d’investir dans un start-up j’imagine.

Cadres financiers, réalisme et politique

On a comparé les cadres financiers et on les a mesurés au « réel », parce que le prochain gouvernement ne doit pas trop faire de vagues. Même si les colonnes de revenus et de dépenses sont équilibrées, toute promesse qui semble tendre vers une plus grande ou une forme différente d’intervention de l’État est vue avec méfiance. Les écoles tombent en ruine, les élèves ont besoin de plus en plus de suivi, l’environnement est aux limites du point de non-retour, l’attente dans les urgences et la difficulté à trouver un médecin de famille pointent vers un système de santé en grand besoin de restructuration, les familles s’endettent de plus en plus et auront de moins en moins accès à la retraite… Mais commençons d’abord par régler les questions budgétaires. Le reste attendra une croissance qui ne reviendra peut-être jamais.

Conclusion

Que ce soit de la faute des médias d’avoir mal rapporté les idées de tous les partis ou des partis eux-mêmes de ne pas avoir su formuler leurs propositions, le résultat est le même : une grande lassitude. Ce soir, nous aurons un nouveau gouvernement, peut-être minoritaire, peut-être majoritaire. Peu importe qui le formera, l’avenir économique, social et environnemental semble porter bien peu d’espoir.

Il faut dire que l’un des grands problèmes des campagnes électorales, c’est que les partis qui s’affrontent cherchent à se faire élire. Plus encore, ils savent que leur mandat ne pourra durer qu’un maximum de 4 ans dans lequel des résultats tangibles devront avoir eu lieu s’ils souhaitent qu’on les reconduise au pouvoir. On se retrouve alors avec une compression de visions à long terme en des mesures à court terme. Pourtant, les réformes nécessaires pour avoir une une société meilleure et plus juste nécessiteraient d’oser sortir du carcan du premier mandat, tant pour leur application que pour l’évaluation de leurs impacts économiques et sociaux.

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