La colonie en fête

Aujourd'hui est célébrée d’un océan à l’autre la Fête du Canada. Jusqu’en 1982, on désignait plutôt cette date par le nom de Fête du Dominion. Un rappel sans doute devenu insupportable que bien qu’il soit politiquement indépendant, notre pays demeure une monarchie constitutionnelle. De nos jours, les visites répétées de la famille royale en sol canadien, où les sujets de sa Majesté sont invités à lui témoigner leur indéfectible amour, nous ramènent périodiquement à cette absurde et anachronique réalité.

Ce que l’austérité change dans votre vie

Le gouvernement a réduit radicalement la croissance de ses dépenses, car il a décidé que nous devions collectivement nous serrer la ceinture. Comme la croissance de certaines dépenses en santé et en éducation est inévitable pour maintenir certains services, il faut carrément en couper ailleurs. On prétend que ça n’aura aucune influence sur les services reçus par la population. Toutefois, ce n’est pas ce que nous révèle l’analyse des montants d’argent que le gouvernement compte attribuer aux ministères cette année. Voyons qui seront les gens principalement touchés :

Les enfants en difficulté : On parle d’une diminution de 150 M$ du budget des commissions scolaires. Plus tôt ce mois-ci, la Commission scolaire de Montréal a d’ailleurs annoncé l’abolition de 25 postes qui viennent en aide directement aux élèves : des psychologues, des psychoéducatrices et des orthopédagogues… pourtant déjà cruellement en demande. On trouve des mesures similaires à Jonquière et à Longueuil où on coupe également des travailleurs sociaux et des techniciennes en éducation spécialisée. Avec les compressions à venir, d’autres réductions de services sont à prévoir.

Retour sur le dernier budget du Québec : les négos sont lancées…

Le dépôt du premier budget de Carlos Leitão a fait couler beaucoup d’encre. Après que le Vérificateur général du Québec ait décrit la situation budgétaire du Québec en des termes catastrophiques, le ton était résolument donné. En gros, ce budget a définitivement placé le Québec sur la voie de l’austérité tout en lançant des réformes structurelles majeures destinées à limiter durablement la capacité de l’État à remplir son rôle social.

Un volet peu discuté du budget fut toutefois celui de la prochaine négociation entre l’État et ses employé.e.s. En effet, le 31 mars prochain, la convention collective qui définit les conditions d’emploi des employé.e.s de l’État viendra à échéance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que M. Leitão a placé ses billes.

Du « grand fiou » à la transition

Vous êtes ministre des Finances et vous annoncez à grands cris une catastrophe à venir. Lorsque vous présentez finalement des changements plus timides, tout le monde pousse un grand « Fiou! » de soulagement : on l’a échappé belle. Personne ne porte alors attention aux transformations bien réelles en cours. De toute évidence, Carlos Leitão connaît bien cette stratégie baptisée « le grand fiou » par le groupe d’humoristes Les Zapartistes.

Budget Leitão : faire l’austérité sans la nommer

Avant le dépôt du budget, comme pendant sa présentation, le ministre des Finances Carlos Leitão a parlé de rigueur et de sérieux, mais jamais d’austérité. Pourtant, il est bien question d’austérité dans ce budget, plusieurs ministères obtiendront moins d’argent l’an prochain qu’ils n’en ont cette année. Voici les compressions :

Le prochain budget du Québec : vérité ou mensonge?

Mercredi prochain, le gouvernement Couillard déposera son premier budget. Avec son tout nouveau ministre des Finances, le premier ministre tentera de réaliser un tour de magie. À la fois faire adopter des coupures de 3,7 milliards $ tout en se défendant de proposer un plan budgétaire centré sur l’austérité. Avec un budget total de 73,7 milliards $, un tel serrement de ceinture représentera des compressions, pour une seule année, de l’ordre de 5 %.

Cachez cette preuve que je ne saurais voir

Les Conservateurs de Stephen Harper continuent leur travail de sape dans le secteur de la recherche réalisée par le gouvernement fédéral. Cette fois-ci, c’est le budget de la recherche du ministère de la Justice, qui produit des études sur le droit, qui vient d’être amputé de 1,2 million de dollars. Concrètement, cette compression de l’ordre de 20% des dépenses en recherche de ce ministère entraînera la perte de huit chercheur.e.s.

Radio-Canada : il est bien de consulter, mais encore faut-il bien consulter

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Le 5 mai dernier, le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, faisait une allocution au Cercle canadien de Montréal pour exposer la situation financière de Radio-Canada. Le discours se voulait une présentation de l’impact des réductions budgétaires du gouvernement fédéral sur le diffuseur public, mais surtout une exposition de la nouvelle réalité provoquée par l’arrivée de nouveaux modes de consommation du contenu radiophonique et télévisuel. Puisque, pour reprendre les mots de son président, CBC/Radio-Canada est « à l’heure des choix », cette allocution servait également à lancer un sondage en ligne : « Transformer CBC/Radio-Canada pour l’avenir : dites-nous ce que vous en pensez ».

Cette volonté de consulter la population et les employé.e.s de Radio-Canada est très louable. Cependant, pour que cette consultation soit valide et représentative de l’opinion de ceux et de celles qui y participent, il faut s’assurer qu’elle suive les règles de l’art en termes de méthodologie. Malheureusement, après l’avoir soumise à quelques tests, nous parvenons à la conclusion que ce n’est pas le cas pour trois raisons majeures que nous exposerons ici soit les problèmes techniques et méthodologiques de l’échantillonnage, la direction politique qui imprègne l’ensemble du sondage et la construction des questions et des choix de réponses qui dirigent la réponse des sondé.e.s.

Le privé : le roi des bas prix

Il y a environ deux semaines, le gouvernement du Québec publiait un rapport d’experts (Luc Godbout et Claude Montmarquette) sur l’état des finances publiques. Le document a fait couler beaucoup d’encre, surtout au niveau des critiques que l’on lui a apportées : un questionnement au niveau des solutions, des propositions considérées trop timides par une certaine droite ou encore des contestations sur les chiffres utilisés. Il est évident que le débat va se poursuivre, en particulier depuis que les rumeurs sur la nomination pressentie de M. Godbout à la tête de la Commission d’enquête sur la fiscalité battent leur plein. Le débat est lancé au moins jusqu’au budget de 2015, mais sur quels paramètres de discussion va-t-il se dérouler?

Jim Flaherty : un grand ministre des Finances ?

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Au plan personnel, l’homme était sympathique et attachant. Sa solidité et sa détermination tranquille forçaient le respect et inspiraient la confiance. Son décès subit et prématuré suscite une grande tristesse.

Comme ministre des Finances, son bilan et son héritage demeurent très discutables. Vedette du gouvernement conservateur ontarien de Mike Harris  dans les années 1990, il a contribué de manière zélée à la mise en œuvre de la « révolution du bon sens » qui consistait à démanteler l’État afin de réduire les impôts.  Dix ans plus tard, l’Ontario est devenue une province récipiendaire de péréquation qui peine à rétablir ses équilibres financiers suite à la crise.

Papa a raison

Nouveau gouvernement, nouveau rapport d’experts, nouveau trou « inattendu » dans le budget, nouveau rappel qu’on vit au-dessus de nos moyens. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on nous brandisse le « bon père de famille », cette figure mythique que l’État n’incarnerait plus depuis longtemps et dont l’absence explique notre situation économique catastrophique. La dette nous étouffe! Il faut que ça balance! Vous, votre budget, vous le gèreriez comme ça?

Mais avant de s’attaquer au fond du problème, parlons un peu de la forme et de cette notion désuète de « bon père de famille ». Elle laisse entendre qu’il existe qu’un seul (bon) modèle de père qu’on imagine traditionnel, autoritaire, mais juste, celui qui disait non quand votre mère disait oui (ou est-ce le contraire?)… Une bonne mère gèrerait son budget autrement? Ce sont les mères monoparentales qui doivent être déçues.

Quelques questions supplémentaires pour MM. Godbout et Montmarquette

Vendredi dernier, Luc Godbout et Claude Montmarquette ont publié leur rapport sur l’état des finances publiques. Un premier coup d’œil et quelques échanges avec mes collègues m’ont mené à faire ce billet et cette entrevue. Durant toute la fin de semaine, les écrits de MM. Godbout et Montmarquette ont continué de me trotter dans la tête, pour finalement me rendre compte que j’avais encore beaucoup de questions et de doutes quant à leur document. Ces questions sont un peu pointues, mais mises ensemble, elles font surgir en moi plusieurs doutes sur le résultat final auquel parviennent les deux économistes.