Soyons créatifs : détruisons l’université

Dans son premier numéro de juillet, la revue The Economist proposait, en première page, la photo d’un mortier de diplômé transformé en bombe sur le point d’exploser sous le titre : « Creative destruction : reinventing the university ». Reprenant la célèbre expression de Joseph Schumpeter, on nous annonçait cette fois que la vénérable institution subirait une véritable révolution à cause de ses coûts croissants, d’une transformation du monde du travail et d’une rupture technologique importante.

Le plus étonnant dans la série d’articles est le fait qu’ils aient été écrits si récemment. En effet, The Economist reprend essentiellement le même discours sur l’université qu’on entend de la part de l’OCDE et d’une série d’agences internationales depuis bientôt 20 ans. Depuis le milieu des années 1990, tant des intellectuels comme Michael Gibbons et Helga Nowotny que des gouvernements comme celui du Québec ou celui de la Grande-Bretagne n’ont eu cesse de nous dire que le marché de l’emploi avait changé et qu’il fallait que l’université participe à un nouveau mode de production du savoir. À cela se sont ensuite greffés les impacts d’Internet sur l’enseignement, les vagues successives de compression des coûts dans les missions d’enseignement et les investissements pour favoriser la recherche commercialisable. Bref, la « révolution » qu’attend The Economist est déjà en cours depuis longtemps.

Cachez cette preuve que je ne saurais voir

Les Conservateurs de Stephen Harper continuent leur travail de sape dans le secteur de la recherche réalisée par le gouvernement fédéral. Cette fois-ci, c’est le budget de la recherche du ministère de la Justice, qui produit des études sur le droit, qui vient d’être amputé de 1,2 million de dollars. Concrètement, cette compression de l’ordre de 20% des dépenses en recherche de ce ministère entraînera la perte de huit chercheur.e.s.

La fin d’une époque: adieu recherche fondamentale

Depuis maintenant près de deux mois, il ne se passe pas une journée sans que la question de l’avenir de l’éducation universitaire ne soit posée. Souvent abordée – et à juste titre – sous l’angle du problème de l’accessibilité, trop souvent sont occultées les transformations imposées au monde de la recherche dans le vaste mouvement qu’est la marchandisation du savoir.