Le gouvernement québécois sait comment freiner la pandémie, mais tarde à agir

Photo: Lea-Kim Chateauneuf

La deuxième vague de COVID-19 est bel et bien en cours au Québec et les conséquences négatives des restrictions sanitaires s’accumulent quotidiennement. Dans ce billet, je présente trois éléments clés qui permettraient de ralentir considérablement, voire complètement, la progression du virus en sol québécois. Le gouvernement caquiste est nécessairement au courant de ces éléments, mais il tarde à les appliquer. Je conclus en expliquant pourquoi le gouvernement agit de la sorte et comment une telle inaction risque de se retourner contre lui à plus long terme.

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Des solutions systémiques au racisme systémique en santé et services sociaux (1re partie)

La mort de Joyce Echaquan et le traitement abominable que lui ont fait subir des membres du personnel de l’hôpital de Joliette ont ravivé le débat sur l’existence du racisme systémique au Québec, braquant cette fois les projecteurs sur le racisme anti-autochtone dans le domaine de la santé et des services sociaux. Malgré des divisions à ce sujet au sein de son gouvernement, le premier ministre Legault et son nouveau ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, refusent toujours de reconnaître que ce problème dépasse les comportements de quelques individus déviants et qu’il s’inscrit plutôt dans nos institutions et notre histoire coloniale. Outre le fait que l’usage de ce mot hérisse une partie de sa base électorale, une autre raison explique probablement ce rejet de la notion de racisme systémique : cela reviendrait à reconnaître que les solutions au racisme ne se limitent pas à pointer du doigt et à sanctionner quelques coupables, mais qu’elles sont, elles aussi, systémiques.

Québec doit ajouter 500 M$ en santé mentale

Le 10 octobre a été désigné comme Journée mondiale de la santé mentale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). On nous rappelle généralement lors de cette journée certaines statistiques peu réjouissantes, comme le fait que 1 personne sur 5 sera atteinte par des troubles de santé mentale au cours de sa vie, que les coûts liés à ces troubles s’élèvent au Canada à entre 20 G$ et 30 G$ annuellement, ou encore que chaque dollar investi en prévention et en soins de santé mentale rapporte 1,62 $. Les organismes les plus variés reconnaissent par ailleurs que la santé mentale ainsi que la santé physique sont des composantes intrinsèques du bien-être et que les préserver est non seulement nécessaire, mais même payant. Le gouvernement du Québec a lui aussi reconnu cette réalité dans la dernière année et a posé des gestes afin de s’attaquer à ce problème. Or, en ces temps de crise sanitaire et de ralentissement économique où la santé mentale de plusieurs Québécois·es est mise à rude épreuve, Québec devrait ajouter une somme de 500 M$ au budget déjà prévu à cet effet afin de répondre adéquatement aux besoins de la population.

La croissance intenable des inégalités

Photo: Scott Smith

L’économiste français Thomas Piketty a acquis une notoriété internationale suite à la publication en 2013 de son ouvrage Le capital au XXIe siècle. Cet ouvrage jetait un éclairage nouveau sur la croissance des inégalités de revenus et de patrimoine. On peut supposer que la soudaine popularité de Piketty au sein d’une partie de l’élite libérale, notamment aux États-Unis, s’explique par le diagnostic lucide qu’il pose sur un phénomène – la croissance des inégalités – qui a contribué dans les dernières années au discrédit grandissant de l’establishment dans le monde occidental. Piketty n’est pas un radical et donc contenir ces inégalités serait aux yeux de l’élite dirigeante l’une des clés de voûte du maintien d’un système dans lequel ils sont privilégiés.

Redressement économique : les leçons de l’économiste Tim Jackson et de la crise financière de 2008

Photo: Nations unies

Comment redresser l’économie du Canada dans le contexte de la pandémie de COVID-19? Cette question s’est retrouvée au centre des priorités du dernier discours du Trône. Acclamé par certains et critiqué par d’autres, plusieurs interrogations subsistent néanmoins à propos du plan de redressement économique du gouvernement libéral. 

4 359 places en garderie : il n’en manque que 3864

Le ministre de la Famille annonce aujourd’hui la création de 4 359 places en service de garde subventionné (CPE et garderie privée subventionnée). Le tout devrait se répartir dans 13 régions administratives. Une première réaction est certainement d’accueillir favorablement cette annonce, surtout lorsque l’on considère qu’environ 43 000 jeunes sont toujours sur les listes d’attente. 

La solution est avant tout entre les mains des gouvernements

« Une bonne partie de la solution est entre vos mains. » C’est ce qu’a gravement affirmé François Legault au lendemain de l’annonce du passage en zone rouge pour plusieurs régions du Québec. Il s’adressait ici aux jeunes, mais cette phrase condense l’essentiel du message martelé par le gouvernement depuis le début de la pandémie : c’est avant tout aux individus qu’incombe la responsabilité de freiner la progression du virus mortel, et c’est sur leur conscience que devront peser les morts et les souffrances qui résulteront de la deuxième vague qui s’amorce.

Des leçons à tirer de la situation financière des ménages

Photo: Matthew Henry (Stock Snap)

Cette pandémie n’en finit pas de nous fournir des leçons qui, souhaitons-le, inspireront la population et les décideurs publics qui comprennent l’importance de rebâtir la société et l’économie sur des bases plus viables. À ce propos, les données sur la situation financière des ménages offrent un éclairage intéressant pour comprendre certaines dimensions de l’économie capitaliste ainsi que certaines de ses faiblesses.

Le sexisme des chiffres hors contexte

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a fait dans les derniers jours une tournée médiatique pour réagir à la grève des éducatrices en milieu familial. Certains de ses propos méritent d’être soupesés, car s’il est faux de dire qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, il est vrai que leur mise en contexte peut être aussi importante que les chiffres eux-mêmes.

Le Québec ne peut plus se permettre d’être le cancre de la santé et sécurité au travail en Amérique du Nord

Avec la pandémie de COVID-19, pratiquement tous les milieux de travail sont désormais dangereux. À l’exception de celles et ceux qui jouissent du privilège de travailler à distance, la plupart des travailleurs (et encore plus les travailleuses) sont confrontés à un risque sérieux – et même à un risque potentiellement mortel – dans le cadre de leur emploi. Ils et elles en sont d’ailleurs tout à fait conscient·e·s, comme le montre l’explosion des plaintes à la CNESST durant la première vague de la pandémie. Plus que jamais, les enjeux de santé et sécurité au travail deviennent donc prioritaires, surtout si on souhaite éviter une aggravation de la pénurie de personnel : les derniers mois ont démontré que les travailleuses et les travailleurs qui le peuvent préféreront quitter leur emploi plutôt que d’y risquer leur vie. Or, comme nous le verrons dans ce billet, le Québec est un véritable cancre en matière de protection de la santé et sécurité au travail.

L’architecture budgétaire du Québec à la croisée des chemins

Photo: Tony Webster

Si la crise sanitaire ne se prolonge pas indéfiniment, les impacts de la pandémie sur les finances publiques du Québec ne devraient pas être dévastateurs. Ils ne seront toutefois pas négligeables quant à leurs effets sur les perspectives budgétaires et l’endettement public. Puisque personne ne souhaite revivre les affres de la gestion post-crise de 2008, voici quelques options à examiner dans l’optique de contrer les tentations du retour à l’austérité.

Problèmes financiers de GNL Québec : des nouvelles en provenance des Bermudes

Photo: J.boulian (Wikipédia)

On apprenait le mois dernier que les deux entreprises responsables de la réalisation du projet d’exportation de gaz naturel liquéfié Énergie Saguenay éprouvaient des difficultés financières. Tant GNL Québec Inc. que Gazoduq Inc. ont dû se résoudre à licencier des membres de leur personnel, soit environ vingt employé·e·s depuis le mois d’avril. À l’interne, on se fait rassurant et on soutient que le projet n’est pas pour autant en péril. Or, peu d’informations concernant l’état financier réel du consortium sont fournies pour appuyer cet optimisme affiché, malgré le départ du principal bailleur de fonds du projet en février dernier. Parmi tous les commanditaires du projet, un seul rend public un aperçu des problèmes financiers du projet, et il se trouve aux Bermudes.