L’oléoduc Ligne 9B et le pétrole léger des sables bitumineux

Dans une capsule vidéo mise en ligne ce mardi, l’ancien chef du Parti vert du Québec et député péquiste Scott McKay tente de concilier son appui au projet de renversement du flux de l’oléoduc Ligne 9B d’Enbridge  avec sa farouche opposition à la version antérieure du projet, qui comportait une extension jusqu’à Portland au Maine. Or, les motifs avancés par M. McKay pour justifier son appui et celui de son gouvernement au projet actuel d’oléoduc Ligne 9B qui apporterait au Québec le pétrole des sables bitumineux reposent sur des prémisses contestables.

D'abord, selon M. McKay, l'oléoduc ne transporterait que du pétrole léger (sauf "à peu près 5%" de pétrole lourd, avance-t-il). Ici, la distinction avancée par M. McKay entre « pétrole léger » et « pétrole lourd » est fallacieuse. En utilisant cette distinction, il souhaite probablement donner à penser que le « pétrole léger » serait moins polluant que le « pétrole lourd » – une stratégie qui rappelle celle des fabricants de cigarettes.

Retraites et démagogie

À l’heure où on se parle, les ministres des Finances du Canada et des provinces canadiennes sortent à peine de leur réunion au lac Meech où ils ont été incapables de dégager un consensus au sujet des retraites. Cette année, on en aura beaucoup parlé, des retraites, avec le Rapport D’Amours, la mise en place des RVER et la campagne électorale municipale. Alors que la préoccupation semblait être jusqu’à présent de trouver un moyen de sauver et d’améliorer le taux de couverture (le nombre de personnes ayant un régime de retraite) et le taux de remplacement (les prestations à la retraite comparées au salaire précédent) tout en diminuant le poids des déficits dans les budgets des employeurs, le gouvernement fédéral semble maintenant essayer de changer l’enjeu. Les Canadien·ne·s à la retraite jouissant d’un des meilleurs systèmes lorsqu’on le confronte à ceux des autres pays comparables, aucune modification n’est nécessaire, rien ne doit être espéré à ce palier. Toute réforme demandant un investissement devra attendre les conditions gagnantes. Lesquelles? On le saura quand on les verra.

L’AECG : une menace à l’agriculture québécoise

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À la mi-octobre, une entente sur les principaux éléments de l’Accord économique et commercial global (AECG) a été conclue entre le gouvernement canadien et l’Union européenne. Ce traité de libre-échange a été présenté comme une opportunité en or d’accroitre le commerce des denrées agricoles, en particulier celles provenant du secteur céréalier. Dans le cadre de l’AECG, les produits agricoles canadiens verront leurs droits de douane réduits de 95%. Le gouvernement assure que l’élimination de ces tarifs bénéficiera également aux industries bovine et porcine en augmentant leur exploitation.

Tant pis pour les fromages du Québec

Au chapitre du fromage, le gouvernement se fait moins rassurant. L’AECG devrait permettre l’entrée au pays de quelque 17 700 tonnes additionnelles de fromages provenant d’Europe. Les producteurs laitiers et fromagers québécois ont fortement réagi à cette nouvelle et ont laissé savoir que ça n’avait selon eux « carrément pas d’allure ». Cette mesure affectera d’ailleurs directement les producteurs fromagers du Québec, où se trouve 60 % de la production de fromages fins du Canada.

Le nouvel étalon

Les dernières décennies nous avaient habitué à une croissance stable du produit intérieur brut (PIB) des pays de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. Pas le Klondike, mais un constant 2% ou 3%. C’était le niveau normal, l’étalon à partir duquel on se disait : en haut, c’est bon, en bas, ça ne va pas.

Au début novembre, Larry Summers, ancien secrétaire du Trésor de Clinton et proche conseiller d’Obama au lendemain de la crise, a participé à une conférence au Fonds monétaire international (FMI) où il a annoncé qu’il était peut-être temps de mettre cet étalon de croissance au rancart. Il a en effet avancé que le marasme dans lequel était englué les économies développées était the new normal (que je traduis par : le nouvel étalon). La croissance se situerait désormais entre 0,5 et 1,5%.

Les résultats du PISA : L’Asie et la Finlande, que faut-il comprendre?

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Les résultats du PISA 2012 ont été dévoilés la semaine dernière par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le Program for International Student Assessment (PISA), ce test qui évalue les aptitudes académiques de jeunes de 15 ans en sciences, mathématiques et lecture dans 65 économies et pays, révèle une réalité bien différente que celle mise de l’avant par les PISA des années précédentes. En effet, si les résultats de 2000 et 2006 dévoilaient un partage des meilleurs scores entre pays européens et asiatiques (ainsi que le Canada), les résultats de 2012 exposent une ascension fulgurante des pays et économies asiatiques qui s’emparent des sept premières places, sans équivoque. La Finlande et le Canada ne sont pas loin derrière (12 et 13ème positions respectivement), tout deux ayant été des pays dominants en 2000 et 2006.

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L’éloge de la richesse

Le 3 décembre dernier, les drapeaux des édifices gouvernementaux québécois étaient mis en berne pour souligner le décès de l’homme d’affaires Paul Desmarais, survenu deux mois plus tôt. Moult personnalités publiques se sont déplacées à la Basilique Notre-Dame de Montréal pour rendre hommage au richissime défunt, reconnu comme « l’un des plus grands entrepreneurs de notre pays ».

Deux jours plus tard avait lieu pour une treizième année consécutive la grande guignolée des médias. À cette occasion, les médias québécois joignent leurs efforts pour recueillir auprès du public des dons en argent et en denrées non périssables destinés aux personnes les plus démunies. La solidarité est à l’honneur tout au long de cette journée qui nous rappelle que, pour beaucoup trop de familles, le temps des Fêtes est synonyme non pas de réjouissance et d’abondance, mais d’estomac souvent vide et de dénuement matériel.

Enbridge et le rôle de l’État

Vendredi dernier, la commission parlementaire sur l’inversion de l’oléoduc 9B d’Enbridge déposait son rapport moins de 48 heures après la fin des audiences. Sans surprise, le rapport est favorable à l’entreprise albertaine tout en tentant d’amenuiser les risques pour la population d’inverser un oléoduc vieux de 37 ans qui passe sous des quartiers résidentiels. Rappelons que le dernier exercice du genre réalisé par Enbridge a causé la plus grande catastrophe environnementale en sol américain. Les coûts de réparation de ce désastre sont estimés à plus de 1 milliard $.

Par ailleurs, Enbridge a un triste bilan de près de 70 déversements chaque année depuis 10 ans.  Certains experts devant la commission ont mesuré à 90 % les chances qu’un tel évènement se produise sur la ligne 9B. Pour compenser, la commission parlementaire recommande qu’Enbridge fasse les tests de sécurité minimalement adéquats pour éviter un désastre environnemental. Il est désolant de constater que le gouvernement doit faire ce type de recommandations alors qu’il s’agit de sécurité élémentaire. Pour le réchauffement climatique, l’impact du projet est clairement négatif puisqu’il implique d’extraire 300 000 barils supplémentaires par jour d’un des pétroles les plus polluants du monde.

Pas assez de panacée de gouvernance

Valise

Quinze. C’est le nombre de fois qu’on relève le mot gouvernance dans un article signé Yvan Allaire, qu’a publié Le Devoir le 6 décembre dernier. À force de réitérer le fétiche — absent de notre vocabulaire il y a quelques années encore — peut-être viendra-t-on à lui donner le semblant de consistance qu’il n’a toujours pas.

L’auteur, un animateur du nébuleux Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), trouve mille et une manières de conférer des lettres de noblesse au sème. « Nous vivons une crise de gouvernance dans les institutions et organismes de l’État québécois », écrit-il en citant les problèmes de gestion (un mot qui, lui, a une histoire et du sens) qu’on observe au Fonds de solidarité, au CHUM, au CUSM, à Tourisme Montréal et dans les universités, selon ses exemples.

Le gouvernement fédéral est-il responsable du mal-financement des universités?

On se souvient tous et toutes du printemps érable de 2012. Comment ne pas s’en rappeler? De la grève étudiante aux manifestations en passant par les concerts de casseroles, ce printemps a laissé sa trace. À l'arrière-plan de ces événements souvent spectaculaires, un débat de chiffres n’a pas cessé de se tenir. La hausse des droits de scolarité étant le plus souvent justifiée par les besoins financiers des universités, plusieurs, dont l’IRIS, ont fortement critiqué cette manière simpliste de voir les choses.

Pour le dire sommairement, les universités québécoises ne souffrent pas d’un « sous-financement », mais bien d’un « mal-financement ». Une part de plus en plus importante de leur budget va aux projets immobiliers, à la recherche commercialisable et à l’appareil administratif. Bref, le problème n’est pas tant un manque de fonds, mais bien que le financement de l’enseignement, qui est pourtant ce qui doit être au cœur d’une université,  se voit systématiquement marginalisé. Résultat des courses, plus on met de l’argent dans une machine universitaire devenue dysfonctionnelle, plus on aggrave le problème.

La “qualité”, Cheval de Troie de la marchandisation

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Dès l'automne 2014, de nouvelles procédures pilotes "d'assurance-qualité" seront mis en place dans des CÉGEP témoins: (André-Grasset, Sainte-Foy et Shawinigan). La soumission des CÉGEP à ces mécanismes d'évaluation externes, déjà entamée à l'époque de la Réforme Robillard (1993) se parachève. Les CÉGEP sont ainsi amenés à emboîter le pas aux universités et à mettre en place des mécanismes d'évaluation importés du secteur privé. En clair, l'assurance-qualité participe d’un processus de mise en marché du secteur de l’éducation.

Mesurer la rentabilité du savoir

Des mesures d'audit seront mises en place pour évaluer non plus le plan stratégique des collèges, mais leurs procédures d'évaluation et leur capacité à atteindre "leurs objectifs" en matière de "qualité" de l'éducation. Le Larousse définit "l'audit" comme suit: "Procédure consistant à s'assurer du caractère complet, sincère et régulier des comptes d'une entreprise, à s'en porter garant auprès des divers partenaires intéressés de la firme et, plus généralement, à porter un jugement sur la qualité et la rigueur de sa gestion."

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