Le gouvernement du Québec a enfin annoncé la teneur de la hausse du salaire minimum qui aura lieu le 1er mai prochain et, malheureusement, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les travailleuses et les travailleurs pauvres.
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Salaire minimum: un effort de plus est nécessaire
Le taux général du salaire minimum est passé à 14,25$/heure au Québec le 1er mai. Le ministre du Travail Jean Boulet s’est félicité de cette « augmentation de 5,56 % [qui] permettrait d’atteindre, pour la période 2022-2023, la cible d’un ratio de 50 % entre le taux général du salaire minimum et le salaire horaire moyen. »
Inflation: que peuvent faire les gouvernements ? (2)
Dans notre précédent billet, nous avons vu que plusieurs facteurs expliquent la hausse marquée de l’inflation, dont la paralysie des chaînes d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie. On ne peut donc pas expliquer la situation actuelle par des décisions gouvernementales ou une hausse marquée des salaires et de la consommation.
Un salaire minimum viable
Depuis 2015, de nombreuses organisations sociales demandent un rehaussement rapide du salaire minimum afin que celui-ci atteigne 15$/h (un exemple, un autre et un autre). C’est dans ce contexte que l’IRIS a entamé un programme de recherche afin de cerner les effets d’une éventuelle application de cette revendication populaire.
Le sexisme des chiffres hors contexte
Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a fait dans les derniers jours une tournée médiatique pour réagir à la grève des éducatrices en milieu familial. Certains de ses propos méritent d’être soupesés, car s’il est faux de dire qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, il est vrai que leur mise en contexte peut être aussi importante que les chiffres eux-mêmes.
Voici pourquoi la plupart des études d’impacts du salaire minimum sont biaisées
Beaucoup d’encre a coulé sur les questions de salaire minimum dans les dernières décennies, notamment en raison des mouvements états-uniens et canadiens réclamant des hausses substantielles de salaire minimum à court terme. Plusieurs économistes et analystes en politiques publiques en ont profité pour ressortir la fameuse « cassette » des pertes d’emploi : les fortes hausses de salaire minimum peuvent faire plus de mal que de bien si les pertes d’emploi qu’elles engendrent sont trop élevées. Mais qu’en est-il réellement? Dans ce billet, je présente sommairement les résultats d’une toute nouvelle étude, réalisée dans le cadre de ma scolarité doctorale, qui démontre que la grande majorité des études sur le salaire minimum au Canada (et aux États-Unis dans une moindre mesure) ont fort probablement surestimé les pertes d’emploi subséquemment engendrées par une telle politique, le tout au détriment des faibles salarié-e-s
Salaire minimum : la mobilisation paie
La semaine dernière, Statistique Canada dévoilait un rapport sur l’évolution du travail au salaire minimum au cours des vingt dernières années. On y apprenait que le taux de salarié·e·s gagnant le salaire minimum a doublé au Canada depuis 1998, passant de 5,2% à 10,4%. Cette augmentation n’est heureusement pas due au fait que plus d’emplois sont mal payés, mais plutôt à l’augmentation rapide et substantielle du salaire minimum dans de nombreuses provinces, principalement l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Ainsi, les salarié·e·s qui gagnaient plus que l’ancien taux mais moins que le nouveau dans ces provinces ont commencé à recevoir le salaire minimum et ont vu leur pouvoir d’achat augmenter également.
Bientôt le salaire minimum à 15$ aux États-Unis ?
Les élus de la chambre des représentants aux États-Unis seront appelés sous peu à voter sur un projet de loi qui propose de faire passer le salaire minimum fédéral de 7,25$US (9,52$CA) à 15$US (19,69$CA) l’heure d’ici 2024, soit une hausse de plus du double. Le « Raise the Wage Act », présenté en février dernier par le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders et le représentant démocrate de la Virginie Bobby Scott, prévoit en outre d’indexer le salaire minimum à la variation du salaire médian au pays ainsi que de relever les minimums salariaux pour les employé·e·s de la restauration, les adolescent·e·s et les personnes en situation de handicap.
Salaire minimum: rien n’empêche une hausse
Le gouvernement du Québec annoncera sous peu la prochaine hausse du salaire minimum. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Jean Boulet, a déjà indiqué qu’il ne jugeait pas opportun d’aller de l’avant avec une augmentation substantielle. Principalement, le ministre évoque l’expérience ontarienne pour justifier sa position : la hausse à 14 $ de l’heure l’an dernier aurait été si néfaste pour l’économie de nos voisins qu’il serait plus que téméraire d’aller dans la même direction.
Pourtant, comme l’indique la dernière étude de l’IRIS sur ce sujet, l’analyse des dynamiques du marché du travail ontarien ne laisse pas entrevoir une telle catastrophe. Voyons ce qu’il en est.
Impact de la hausse du salaire minimum en Ontario: réponse à l’IEDM
L’Institut économique de Montréal (IEDM) a publié cette semaine un document de deux pages concluant que « 56 100 travailleurs âgés de 15 à 24 ans ont perdu leur emploi entre l’adoption de la loi et octobre 2018 » en raison de la hausse de 21 % (de 11,60 $ à 14,00 $) du salaire minimum en Ontario en janvier 2018.
L’impact positif de la hausse du salaire minimum
Dans une lettre d’opinion parue mardi, Norma Kozhaya, vice-présidente du Conseil du patronat du Québec (CPQ), écarte du revers de la main les conclusions de notre étude sur l’impact pour l’économie des régions d’une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Reprenant le mantra défaitiste patronal, elle affirme que « ce sont ceux qu’on tente d’aider qui seront les premières victimes, c’est-à-dire les personnes à faible revenu ».
Le salaire minimum à 12 $/h : quel risque pour les PME?
Nous apprenons ce matin que le salaire minimum sera haussé de 75 ¢ le 1er mai prochain. Cette hausse, qui s’ajoute à celle de 50 ¢ de l’an passé, portera alors le salaire minimum à 12 $/h. On peut bien entendu se réjouir de cette annonce : considérant que près du quart des employé·e·s du Québec sont des bas salarié·e·s, toute mesure allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie est la bienvenue.