Qu’est-ce qui se cache derrière le 15$/h?

On ne se lasse pas de nous rappeler que l’origine de la campagne pour la hausse du salaire minimum à 15$ provient des États-Unis, de certaines villes où le coût de la vie est si élevé qu’il est pratiquement impossible de se loger près de son travail quand on est employé au salaire minimum. La situation est différente ici. On a de nombreux programmes pour soutenir le revenu des personnes les plus précaires (surtout les familles) et, grâce à un ensemble de facteurs, l’immobilier et le marché locatif sont beaucoup plus abordables qu’ailleurs. Est-ce à dire que le salaire minimum à 11,25$ est juste ? Pour le savoir, il faut d’abord définir ce qui est « juste » avec un salaire minimum.

1er mai : quoi de mieux qu’une bonne hausse du salaire minimum?

Chaque année, dans le cadre de la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs, Québec relève le niveau du salaire minimum. Cette fois, on parle d’une augmentation de 50 ¢ : le salaire minimum sera dorénavant fixé à 11,25 $ l’heure. Depuis un an, mes collègues et moi avons produit plusieurs études (celle-ci, celle-ci et celle-ci) démontrant qu’une hausse plus substantielle (à 15 $ l’heure, par exemple) serait une bonne politique publique. Voici, en condensé, les éléments d’analyse que nous avons mis de l’avant depuis 12 mois :

Salaire viable 2017 : encore loin du compte

Lundi prochain, le salaire minimum augmentera au Québec. Il passera de 10,75 $ à 11,25 $. Cette hausse de 50 ¢ n’est pas à rejeter du revers de la main : comparée aux années passées, il s’agit en fait d’une augmentation intéressante. Cependant, nous sommes encore loin du compte pour sortir de la pauvreté les travailleurs et les travailleuses au bas de l’échelle. Chaque année, nous calculons un indice du salaire viable, soit un salaire qui, pour une personne à temps plein, permet de couvrir ses besoins et de lui fournir une marge de manœuvre pour parer aux imprévus de la vie. En gros, la différence entre le salaire minimum et le salaire viable tient au fait que le premier ne s’intéresse pas vraiment au niveau de revenu qu’il rend disponible tandis que le second est pensé justement pour offrir un revenu décent aux salarié·e·s.

Hausse du salaire minimum: le vœu de pauvreté du gouvernement

Le gouvernement Couillard a annoncé une hausse du salaire minimum ce matin. 50 ¢ le 1er mai prochain, 50 ¢ en 2018 et 35 ¢ pour les deux années qui suivent. Bien sûr, la ministre du Travail se félicite de cette mesure et veut y voir une preuve de l’ouverture du gouvernement aux demandes de la population. Derrière l’annonce toutefois se cache une triste réalité : cette hausse maintiendra près d’un·e salarié·e sur quatre dans une situation de précarité économique.

 

Salaire minimum en région: l’IEDM et la politique de la peur

Le débat sur le salaire minimum n’est pas près de ralentir. Nous saurons bientôt ce que le gouvernement décidera de faire cette année : allons-nous encore imposer une hausse insuffisante ou, au contraire, Québec mettra-t-il de l’avant une augmentation conséquente afin de lutter contre le phénomène des travailleurs et travailleuses pauvres? Nous serons fixés bientôt.

 

Salaire minimum à 15$/h: pas de bombe atomique

La proposition d’une hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure fait débat depuis des mois. Alors que certains invoquent la « décence » afin de justifier la proposition, d’autres ne versent pas dans la dentelle en affirmant que cela aurait l’effet d’une « bombe atomique » sur l’économie québécoise. Nous avons voulu y voir plus clair en publiant hier une étude sur le sujet.