Alain Bouchard, pdg du groupe Alimentation Couche-Tard, a affirmé en mai dernier à l’occasion d’une causerie organisée par le Cercle canadien de Montréal, un club sélect réunissant des membres de la communauté des affaires, que « l’acquisition de connaissances économiques stimulerait la création de richesse ». Venant de quelqu’un dont l’entreprise au Québec paie les personnes qu’elle emploie à peine au-dessus du salaire minimum, cette déclaration a de quoi surprendre. M. Bouchard, lui, a touché un salaire avec compensations de 7,9 millions de dollars en 2014. Mais ce n’est pas tout. Cette année-là, il a aussi décroché la 28e position dans le classement 2015 des plus grandes fortunes canadiennes selon le Canadian Business, et ce, grâce à une richesse évaluée à 2,5 milliards de dollars.
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Les politiques du gouvernement Harper ont réussi à diminuer les inégalités au Canada
Cela peut paraître antinomique de considérer que les politiques néo-libérales du gouvernement Harper auront comme effet de diminuer les inégalités au pays. Mais, comme toute politique, il faut souvent attendre quelques années avant de voir leur véritable effet. En 2010, ce gouvernement a décidé de changer la forme de la collecte de données de Statistique Canada, faisant passer le questionnaire long du recensement aux oubliettes, au profit d’une nouvelle forme de collecte de données : l’Enquête Nationale auprès des Ménages (ENM).
7 milliards ça fait beaucoup
Sortir de la crise a un coût. Pour les femmes du Québec, celui-ci s’est élevé à près de 7 milliards $ de 2008 à aujourd’hui. Et ce n’est qu’une partie de l’histoire… Commençons par le début.
En 2008, le Québec, comme la plupart des États occidentaux, a connu une crise économique que plusieurs affirment être la plus sévère depuis le fameux crash boursier de 1929. Pendant deux ans, le gouvernement s’est autorisé à faire des déficits. Par contre, une fois la (maigre) croissance de retour, les politiques d’austérité se sont pointées le bout du nez. Il faut croire que le chant du déficit zéro a été trop séduisant. Bien que de nouvelles dépenses continuaient d’être annoncées, la part du lion des annonces gouvernementales concernait plutôt des compressions. Au total, c’est plus de 23 milliards $ qui ont été coupés de l’économie québécoise par les mesures d’austérité. Et de ce montant, 13 milliards $ ont touché plus particulièrement les femmes, soit 3 milliards $ de plus que les hommes.
La stagnation permanente : Krugman contre Gordon
On s'inquiète de plus en plus de la forte baisse de la croissance économique des dernières années. Par exemple, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soulignait récemment les conséquences tragiques de cette absence de croissance notamment sur l'augmentation du chômage de longue durée. En plus, on commence à se demander si cette situation ne perdurera pas.
Le Centre for Economic Policy Research (CEPR), centre londonien de recherche en politique économique, a justement diffusé récemment un livre gratuit sur Internet portant sur ce sujet, livre intitulé Secular Stagnation: Facts, Causes and Cures (La stagnation permanente, les faits, les causes et les solutions). Ce livre regroupe 14 textes écrits par des économistes de renom. J'ai lu environ la moitié de ces textes (malgré des différences de points de vue, cela devient répétitif…) et en présenterai deux dans ce billet, car ce sont ceux qui représentent, selon moi, le mieux les divergences de points de vue.
« L’erreur de l’IRIS » selon Vincent Geloso : une blague?
Vincent Geloso nous fait le plaisir de répondre à l’étude que Francis Fortier et moi avons publié mercredi. Je savais qu’il était économiste et qu’il avait étudié à la prestigieuse London School of Economics, mais je ne savais pas qu’il avait également des talents d’humoriste comme il nous l’a montré hier. Il a décidé de démarrer sur un gros punch en prétendant dans son titre que nous faisions erreur sur les taxes à la consommation. Voyons voir ce qu’il en est.
Hausser les taxes à la consommation?
Les inégalités à l’abri des crises économiques
Les inégalités sont à la hausse. Depuis maintenant une trentaine d’années, on ne compte plus les publications, les rapports et les études qui appuient sur la sonnette d’alarme. Un monde plus inégalitaire, c’est non seulement un monde dans lequel la pauvreté est à la fois plus dure et plus étendue; ce sont aussi des sociétés qui se disloquent : problèmes de logement, d’alimentation, de santé, de transport, etc.
La question que l’on peut se poser est alors la suivante : pouvons-nous espérer un retournement de situation ou bien s’agit-il d’une réalité bien ancrée dans notre époque? Maintenant que les élites politiques appliquent depuis plus de 30 ans le même type de gouvernance néolibérale de l’État et des finances publiques et que la mainmise du secteur financier sur le reste de l’économie s’avère presque entière, pouvons-nous espérer un retournement de situation?
Qui est responsable de la montée des inégalités au Québec?
Piqués par Piketty
Décidément, les thèses de l’économiste français Thomas Piketty dans son livre à succès Le capital au XXIe siècle dérangent bien des gens. Plus fondamentalement, ce sont ses recommandations préconisant de taxer davantage la richesse qui agacent. Après le Financial Times britannique qui s’est appliqué à relever des erreurs de calcul dans une œuvre que tous acclament comme une contribution importante en matière de documentation sur les fortunes, et dont les bases de données servent désormais à l’OCDE, voici qu’une nouvelle offensive se déploie dans les médias pour semer le doute dans les esprits. Après le professeur Herbert Grubel, fellow de l’Institut Fraser, (La Presse du 21 juin), c’est au tour du professeur Pierre Chaigneau, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal (Le Devoir du 18 juillet) d’y aller de ses critiques.
Contrairement à Piketty, dont l’une des thèses principales est que la richesse se concentre chez les déjà-riches parce que le taux de rendement du capital est systématiquement supérieur au taux de croissance de l’économie, les auteurs évoquent toutes sortes de phénomènes.
Ce que l’austérité change dans votre vie
Le gouvernement a réduit radicalement la croissance de ses dépenses, car il a décidé que nous devions collectivement nous serrer la ceinture. Comme la croissance de certaines dépenses en santé et en éducation est inévitable pour maintenir certains services, il faut carrément en couper ailleurs. On prétend que ça n’aura aucune influence sur les services reçus par la population. Toutefois, ce n’est pas ce que nous révèle l’analyse des montants d’argent que le gouvernement compte attribuer aux ministères cette année. Voyons qui seront les gens principalement touchés :
Les enfants en difficulté : On parle d’une diminution de 150 M$ du budget des commissions scolaires. Plus tôt ce mois-ci, la Commission scolaire de Montréal a d’ailleurs annoncé l’abolition de 25 postes qui viennent en aide directement aux élèves : des psychologues, des psychoéducatrices et des orthopédagogues… pourtant déjà cruellement en demande. On trouve des mesures similaires à Jonquière et à Longueuil où on coupe également des travailleurs sociaux et des techniciennes en éducation spécialisée. Avec les compressions à venir, d’autres réductions de services sont à prévoir.
La Fête de la St-Jean : c’est le temps de fêter la richesse de nos différences…
Aujourd’hui, c’est le temps de mettre de côté nos différences politiques, d’origine, de statut social et d’être tous des Québécois.e.s. Cependant, demain matin, le retour à la réalité risque d’être plus accentué pour certain.e.s que pour d’autres. Alors que les revenus d’emploi sont relativement égaux pour les francophones, les anglophones et les allophones, pour les autochtones et les immigrant.e.s de première génération qui travaillent, la différence importante de revenus se vit quotidiennement.
Piketty : contre les inégalités du capitalisme et pour un savoir libre de propriété intellectuelle?
Au cours des dernières semaines, voire des derniers mois, le livre de Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, est devenu un véritable bestseller. C’est un fait assez rare de voir un livre économique, et académique par surcroît, devenir le centre de l’univers médiatique. Mais son succès n’est pas si surprenant. Le livre comporte une solution politique qui s’attaque à une vache sacrée de la droite économique, soit une taxation accrue des revenus provenant du capital. Et cela, pour s’attaquer au problème des inégalités économiques qui est en pleine explosion partout dans le monde. Ce constat sur le problème des inégalités croissantes est également fait par des institutions internationales, la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), qui ne sont pas nécessairement reconnues comme étant progressistes. Et de l’autre côté, le livre de Piketty met des chiffres sur le mouvement Nous sommes le 99%. Toutefois, le succès médiatique de l’ouvrage et les critiques de la droite économique ont éclipsé un des projets derrière les chiffres utilisés par Piketty. Mais qu’est-ce qui se cachent véritablement derrière ces chiffres?