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9 novembre: le bénévolat féminin commence

10 novembre 2015

  • FF
    Francis Fortier

Le gouvernement libéral que Justin Trudeau a nommé la semaine dernière est un cabinet paritaire. Plusieurs étaient aux premières loges pour s’empresser de féliciter l’« effort » de constituer un cabinet composé d’autant de femmes que d’hommes. De l’autre côté, encore en 2015, il faut faire des « efforts » pour y arriver. Cet « effort » reflète justement la persistance des inégalités de genre dans nos sociétés.

Les inégalités genrées se manifestent encore aujourd’hui sur plusieurs plans. L’IRIS a exposé dernièrement les problèmes au sein de la séparation des tâches domestiques; tâches ne comprenant pas seulement de faire la vaisselle et de passer l’aspirateur, mais également de changer l’huile de la voiture, de déneiger l’entrée et de poser de nouveaux bardeaux. Ces inégalités ne peuvent se résumer à un supposé contrat tacite entre un homme et une femme dans la manière dont la division des tâches s’effectuent dans la vie de couple. Ces inégalités sont plutôt systémiques et structurelles. Le marché de l’emploi est, malgré une loi sur l’équité salaire, l’un des endroits où les inégalités sont toujours extrêmement présentes.

Le 9 novembre est donc la journée où les femmes se mettent à travailler gratuitement. En effet, selon Statistique Canada, au Québec, le salaire hebdomadaire médian des hommes est 16 % plus élevé que celui des femmes. Si on observe cette réalité du point de vue des hommes, ceux-ci peuvent arrêter de travailler dès aujourd’hui et ils ramèneront le même salaire annuel que les femmes.

En contraste, nous pouvons constater ce que cette réalité signifie pour les femmes. Le salaire hebdomadaire médian est beaucoup plus bas pour les femmes, et ce, même pour un nombre d’heures travaillées équivalent puisque nous avons utilisé les données du travail à temps plein.

Pourquoi? Il faut d’emblée rejeter les prémisses tentant de naturaliser les différences. Elles s’appuient souvent sur une logique digne d’un homme du Néandertal : « Les femmes sont physiquement moins fortes que les hommes, donc moins productives, donc c’est normal qu’elles gagnent moins ». Ou encore : « Les femmes font le choix de faire passer leur famille avant leur carrière. C’est normal, c’est dans leur nature de s’épanouir par l’entremise de la famille. Aucun patron ne voudrait prendre le risque de payer une femmes qui va tomber enceinte à tous les deux ans pour les 15 prochaines années le même salaire qu’un homme ».

En y repensant bien, c’est peut-être justement à cause de ça que les femmes gagnent moins que les hommes pour le même temps de travail. Ces visions archaïques sont tellement présentes et ancrées dans notre société qu’elles permettent d’offrir et de maintenir des salaires beaucoup plus bas pour des emplois majoritairement considérés comme féminins.

En ce 9 novembre, nous pouvons souhaiter bon bénévolat aux femmes travaillant à temps plein. Et comme pourraient dire ou penser certaines personnes : « Ce n’est pas si grave, c’est dans votre nature… »

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