L’austérité ou la démocratie confisquée

L’austérité est sur toutes les lèvres au Québec depuis le retour au pouvoir des Libéraux en avril 2014. Le climat politique qui règne chez nous fait écho à la « crise budgétaire » qui affecte l’Europe depuis la crise financière et économique en 2008.

Pourtant, des deux côtés de l’Atlantique l’austérité budgétaire n’est pas une simple réaction à la crise économique. Malgré l’ampleur qu’a pris la politique de l’austérité depuis sept ans, l’obsession pour l’équilibre budgétaire est apparue bien avant que n’éclate la bulle des subprimes et qu’elle n’emporte avec elle l’économie mondiale. L’austérité est simplement la forme que prend aujourd’hui l’enjeu de l’équilibre des finances publiques.

Bye Bye : deux remarques

À chaque Bye Bye sa marée de commentaires. Pas vraiment une critique au sens fort du terme, mais un série de « j’aime » ou « j’aime pas ». « Trop télé » nous dit  Le Devoir. « Au contraire, trop politique » nous dit le Métro. Eh bien. Mais, par delà des goûts et des couleurs, que nous dit le Bye Bye sur nous? Sur l’état de l’idéologie au Québec? Probablement beaucoup de choses – notamment sur notre rapport au poids et au poil facial des femmes –, mais je me contenterai de deux remarques.

Les assistés sociaux

Une étude conjointe du Center for Effective Government et de l’Institute for Policy Studies publiée hier révèle que le montant versé aux PDG de 7 des 30 plus grandes corporations américaines est plus élevé que celui qu’elles ont payé en impôt fédéral en 2013. Malgré des profits avant impôt de 74 milliards de dollars, elles ont reçu un remboursement global de 1,9 milliard de la part du Internal Revenue Service (IRS, l’équivalent de notre agence du revenu). Sur les 100 PDG les mieux payés aux États-Unis, 29 ont en outre touché une rémunération supérieure à ce que leur entreprise a versé au fisc l’année dernière. L’étude souligne aussi que les entreprises où travaillent ces fortunés dirigeants exploitent globalement 237 filiales dans des paradis fiscaux.

La politique selon Martin Coiteux

Dans le cadre d’un portrait de l’actuel président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, un journaliste m’a demandé mon opinion au sujet de ce monsieur. N’ayant croisé la personne qu’à une ou deux reprises dans ma vie et ne l’ayant lu que quelques fois dans les journaux, j’étais bien incapable de fournir une opinion informée à son sujet. Fait rare, le journaliste en question avait du temps devant lui, j’ai donc pu prendre quelques jours pour parcourir environ deux cent pages de ses écrits : surtout des textes publiés dans La Presse, mais également des rapports de recherche et quelques articles scientifiques.

Comment vont les riches?

Depuis la fin de la crise, le gouvernement n’a cessé de nous dire qu’il faut se serrer la ceinture. Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue pour sortir le gouvernement du déficit dans lequel il s’est embourbé.

La stratégie du gouvernement est simple : compresser la croissance des dépenses de l’État. À première vue ça n’a pas l’air trop méchant, réduire la croissance des dépenses : elles continuent quand même d’augmenter. Or, comme le gouvernement doit maintenir une croissance rapide de ses dépenses en santé, notamment à cause du salaire des médecins et du coût des médicaments, réduire la croissance des dépenses globales signifie des coupures de postes et de services dans plusieurs ministères.

Pour l’instant, cette stratégie n’a pas donné des résultats très excitants, que ce soit pour la croissance, l’emploi ou l’équilibre budgétaire. Le Québec – comme plusieurs pays dans le monde – vit une période économique plutôt morose.

Morose? Peut-être pas pour tout le monde. 

Nuisibles ballounes

Les gouvernements aiment tester leurs idées. Pour le faire, ils envoient dans l’espace public ce qui a été baptisé des «ballons-sondes» par les médias. Les ballons sont des idées de politiques publiques, pas encore ficelées qu’on propulse – par une fuite ou par une mention lors d’une entrevue – dans l’oreille de la population pour tenter de mesurer sa réaction. On comprend l’idée : les politiques et les gens qui les entourent veulent savoir s’ils auront à affronter ou non l’opinion publique sur un enjeu.

Le Saint Graal

Il ne passe presque plus une journée sans que l’on nous rappelle combien l’économie est dans un piètre état. La semaine dernière c’était au tour de l’ONU de s’inquiéter de la lenteur avec laquelle l’économie mondiale et surtout les pays occidentaux retrouve le chemin de la croissance. Dans un rapport de la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement, l’organisation internationale enjoint les gouvernements d’adopter des mesures pour favoriser la demande (la consommation) et l’activité productive (les investissements des entreprises) et non d’alimenter des bulles spéculatives en favorisant la liquidité sur les marchés financiers. Les conséquences sociales de la morosité actuelle, tel que la hausse inquiétante du chômage de longue durée en Europe, expliquent cette « nostalgie de la croissance ». Les signes d’une reprise économique se font aussi rares au Québec. Tout indique en fait que nous traversons une période de stagnation économique, que viennent renforcer les politiques d’austérité du gouvernement provincial. Ceci se reflète par exemple dans la situation de l’emploi, qui est au beau fixe depuis 2012.

Et les revenus dans tout ça?

Depuis son élection, le Premier ministre Couillard fait tout pour éviter d’utiliser publiquement les termes austérité et coupures. Il préfère parler de « changements budgétaires ». Dans la réalité, nous nous doutons bien que les résultats risquent d’être pas mal les mêmes. Nous avons déjà écrit un billet de blogue sur les effets des politiques d’austérité déjà annoncées sur la vie du commun des mortels au Québec. Comme notre premier ministre, nous ne sommes évidemment pas contre la lutte au gaspillage des fonds publics. Cependant, considérant que depuis le début de la quête de l’atteinte du déficit zéro, l’exercice budgétaire se rapproche davantage à un acharnement à réduire la taille de l’État plutôt qu’à une réelle volonté d’améliorer l’accessibilité et le fonctionnement des services, il faut peut-être se demander si les coupures budgétaires n’ont pas plutôt nui à l’économie au lieu de la favoriser.

Reculer 40 ans en arrière avec l’invisibilité du genre

Depuis la crise économique de 2008, il n’y a qu’un seul mot sur les lèvres des dirigeants politiques et économiques de par le monde : austérité. Le Québec ne fait pas exception à la règle qui prévaut dans les économies dominantes. Ce n’est un secret pour personne, le dernier budget du Québec a mis les pierres d’assise d’un plan d’austérité pour les prochaines années et ce, même si le ministre des Finances Carlos J. Leitão se fait plus timide que certains dirigeants européens tant au niveau de la forme que du fond. C’est évident que les politiques qui sont anticipées pour le Québec ne seront pas aussi virulentes que celles appliquées en Grèce par exemple. Il n’en demeure pas moins que les mesures d’austérité partagent plusieurs points communs.

Toutes ces politiques se mettent en place sous couvert de l’inévitabilité, elles reposent sur des prémisses d’une vision économique néolibérale et elles n’épargneront personne. Ce dernier élément qui se retrouve le plus explicitement dans la maxime rhétorique, pour ne pas dire populiste, du «tout le monde doit se serrer la ceinture», est probablement l’aspect le plus pernicieux et le plus régressif des politiques d’austérité. En d’autres termes, elles tentent, et dans une certaine mesure réussissent, à s’implanter en prétextant être neutres. Elles sont mises en place sans considération des disparités sociales existantes au niveau socio-économique qui, souvent, se développent et se maintiennent par l’entremise de relations de pouvoir genrées ou encore racialisées.

L’odeur du pari passu excite les vautours

VautourLe 16 juin dernier, l’Argentine a échoué à faire entendre à la Cour suprême des États-Unis un appel de la décision prononcée par un juge new-yorkais dans une affaire qui l’oppose à deux fonds vautours, NML Capital et Aurelius. Ma collègue Julia Posca a déjà parlé de cette affaire dans un billet publié il y a dix-huit mois. Les péripéties des dernières semaines ont suscité de nombreuses spéculations, projections et analyses dans l’univers de la finance. Cette affaire est importante puisqu’elle traite de dette souveraine à une époque où l’endettement public est une préoccupation généralisée. Et dans laquelle les vautours mangent de la dette.

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2001, l’Argentine est en faillite. Elle avait pourtant été une « élève modèle du Fonds monétaire international (FMI) » et appliqué à la lettre les diktats ultralibéraux des années 80-90 : « Elle a, en effet, mis en œuvre avec application et persévérance des programmes d'ajustement structurel, gouvernés par trois principes, qui font partie intégrante du "Consensus de Washington" : la flexibilité, l'ouverture de l'économie et le retrait de l'État, réduit à des fonctions régaliennes strictes. » (La documentation française). Mais la prospérité n’était pas au rendez-vous. Au contraire, la seule « grande classe moyenne » de l’Amérique latine a sombré avec l’économie du pays.

La colonie en fête

Aujourd'hui est célébrée d’un océan à l’autre la Fête du Canada. Jusqu’en 1982, on désignait plutôt cette date par le nom de Fête du Dominion. Un rappel sans doute devenu insupportable que bien qu’il soit politiquement indépendant, notre pays demeure une monarchie constitutionnelle. De nos jours, les visites répétées de la famille royale en sol canadien, où les sujets de sa Majesté sont invités à lui témoigner leur indéfectible amour, nous ramènent périodiquement à cette absurde et anachronique réalité.