L’heure est au décrochage

VictorVPhonograph

Qu’il s’agisse de rigueur budgétaire ou d’austérité, nous savons quelle direction entend prendre le gouvernement de Philippe Couillard dans les prochains mois.

Certain.e.s, l’IRIS notamment, sont d’avis qu’il s’agit d’un très mauvais choix de politique publique. Tel que nous l’anticipions il y a un an, la résorption trop hâtive du déficit budgétaire a nui à la relance économique, amenuisant ainsi les recettes de l’État et contribuant au maintien d’un déficit.

D’autres s’époumonent à faire écho aux nombreuses remises en question des politiques d’austérité qui nous viennent d’Europe et d’ailleurs. Le FMI, l’OCDE, la Commission européenne, les États-Unis ont tous remarqué que l’austérité apparaît comme contre-productive. Les plus dogmatiques des néolibéraux insistent pour garder le cap, mais ces institutions s'effraient de l'instabilité que pourrait générer l’accentuation des conséquences socio-économiques de ces politiques.

Papa a raison

Nouveau gouvernement, nouveau rapport d’experts, nouveau trou « inattendu » dans le budget, nouveau rappel qu’on vit au-dessus de nos moyens. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on nous brandisse le « bon père de famille », cette figure mythique que l’État n’incarnerait plus depuis longtemps et dont l’absence explique notre situation économique catastrophique. La dette nous étouffe! Il faut que ça balance! Vous, votre budget, vous le gèreriez comme ça?

Mais avant de s’attaquer au fond du problème, parlons un peu de la forme et de cette notion désuète de « bon père de famille ». Elle laisse entendre qu’il existe qu’un seul (bon) modèle de père qu’on imagine traditionnel, autoritaire, mais juste, celui qui disait non quand votre mère disait oui (ou est-ce le contraire?)… Une bonne mère gèrerait son budget autrement? Ce sont les mères monoparentales qui doivent être déçues.

Québec dans le rouge : la faute à DiCaprio

C’est reparti. L’approche du budget du Québec entraîne les frappes préventives de la droite économique. La semaine dernière, la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke marquait le début de la saison budgétaire en évoquant le « choc » qui frappera le Québec « d’ici 2050 ». Aujourd’hui, c’est au tour du Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal de publier son bilan de la productivité du Québec, un véritable exercice annuel d’autoflagellation à propos de l’économie québécoise et des finances publiques.

Les constats sont connus. Le Québec n’est pas assez productif, il ne crée pas suffisamment d’emplois et les impôts sont trop élevés. Par ailleurs, l’État, comme les ménages, vivent au-dessus de leurs moyens. Le premier dépense une fortune dans les services publics et les deuxièmes sont surendettés parce qu’ils manquent de littératie financière. Vient enfin le vieillissement de la population qui assène le coup de grâce aux contribuables québécois excessivement oisifs qui vivraient « à l’européenne ».

Quelques idées sur le « Fiscal Cliff »

Dans un billet publié sur le blogue du Progressive Economics Forum, l’économiste Marc Lee formule quelques idées à propos de l’hystérie entourant le « Fiscal Cliff » aux États-Unis, ce qui a été traduit en français en faisant tantôt référence à une « falaise », tantôt à un « mur fiscal » (côté métaphore comptable, les États-Unis sont à la traîne du Québec qui lui, révélait le chef du Parti libéral Jean-Marc Fournier, souffre « d’angoisse fiscale »).