M. Yves-Thomas Dorval, P.-D.G. du Conseil du patronat du Québec, s’est récemment livré à un vibrant plaidoyer en faveur de la démocratie et de la transparence, afin de justifier son opposition au projet de loi C-4 débattu à la Chambre des communes. Celui-ci vise essentiellement à annuler deux lois touchant aux organisations syndicales adoptées sous l’ancien gouvernement conservateur. La Loi C-525 forçait notamment la tenue de scrutins à bulletins secrets pour les accréditations relevant du Code canadien du travail. La Loi C-377, quant à elle, obligeait toutes les organisations syndicales à rendre publics des états financiers très détaillés. Cet argumentaire cache pourtant assez mal les véritables intentions derrière l’opposition au projet de loi C-4 : affaiblir encore un peu plus le mouvement syndical.
Catégorie : Travail et emploi
Que les travailleurs pauvres se trouvent un coloc!
Depuis deux ans maintenant, mon collègue Minh Nguyen et moi publions l’indice du salaire viable au Québec. En gros, on pose la question suivante : combien une personne qui travaille à temps plein doit gagner par heure pour couvrir ses besoins de base et se donner la marge de manœuvre financière nécessaire pour vivre convenablement?
Pour un salaire minimum à 15,10 $/heure
Dimanche prochain, le salaire minimum sera haussé à 10,75 $/heure. On peut s’en réjouir, mais pourtant nous sommes loin de la coupe aux lèvres. Malgré l’augmentation annoncée, il manquera encore 4,35 $/heure au salaire minimum pour permettre une sortie de la pauvreté.
Salaire viable 2016
L’effet Desmarais pour hausser le salaire minimum à 15$ dès 2017
Depuis quelques années déjà, les inégalités de revenus prennent le haut du pavé, aux côtés des problèmes environnementaux, comme enjeu inévitable du capitalisme contemporain. Et, depuis un peu plus d’un an, une des solutions avancées par plusieurs États américains serait d’offrir un salaire minimum à 15$/h. Cette revendication existe aussi au Québec. Évidemment, de l’autre côté, il y a des détracteurs qui crient au loup et qui pointent, sans vraiment de fondement empirique, une épée de Damoclès évoquant la destruction potentielle de l’économie québécoise si une augmentation graduelle du salaire minimum d’environ 4$ de l’heure survenait.
Une discrimination flagrante dans le revenu garanti aux personnes seules
La machine gouvernementale est bel et bien partie en matière de revenu minimum garanti. L’épaisse documentation du budget du Québec 2016-2017 rendue publique le 17 mars dernier en donne des signes indiscutables. Et elle livre sur un plateau d’argent… un exemple patent de discrimination systémique quant au revenu présentement garanti aux personnes seules sans emploi comparativement à celui qui est garanti aux familles dans le même cas.
Voici ce qui en est.
Le gouvernement Trudeau est-il préoccupé par l’endettement des ménages canadiens ?
Éclipsé par les attentats de Bruxelles et le décès de l’ex-maire de Toronto Rob Ford survenus le même jour, le premier budget Morneau, dévoilé le 22 mars dernier, ne mérite pas moins qu’on s’y attarde. Voilà un document qui nous permet d’avoir une meilleure idée de ce qui attend le pays sous la gouverne des Libéraux. Mon attention s’est portée sur le chapitre 8, intitulé « Un régime fiscal équitable et un secteur financier vigoureux », où il est question de « renforcer le secteur financier pour soutenir la croissance économique ». Le gouvernement souhaite entre autres renforcer la résilience du secteur financier, mieux protéger les consommateurs et les consommatrices et contenir les risques qui pèsent sur le système financier. Pour ce faire, il entend notamment « Analyser le secteur du logement et l’endettement des ménages ».
Les niveaux de vie décile par décile : des différences énormes
Comment nous répartissons-nous dans la société québécoise en dessous et au-dessus de la ligne de ce qu’il faut pour couvrir le strict nécessaire ?
Dans une note récente, Le déficit humain imposé aux plus pauvres, nous avons utilisé la Mesure du panier de consommation (MPC) comme indicateur reconnu «pour suivre les situations de pauvreté du point de vue de la couverture des besoins de base». Nous nous intéressions alors aux dollars qui manquent selon cette ligne de couverture minimale dans les revenus des ménages. Tout en rappelant que cette mesure détermine un seuil du strict nécessaire qui ne suffit pas à indiquer un seuil de sortie de la pauvreté, nous avons posé que ces dollars vitaux et manquants pouvaient à coup sûr être considérés comme un emprunt à la qualité de vie et l’espérance de vie des plus pauvres. Nous avons montré que de 2002 à 2011, ce déficit humain selon la MPC était passé de 2,5 G$ à 3,6 G$ en dollars constants de 2011. Sur dix ans, ce déficit dont on ne parle pas était trois fois plus élevé que le déficit budgétaire total du Québec, dont on a abondamment parlé. Pendant ce temps le revenu excédentaire au seuil de la MPC des ménages situés au-dessus de cette ligne était passé de 81,2 G$ à 91 G$. La simple croissance de ce revenu excédentaire aurait suffi à régler le déficit humain en question.
L’Institut Fraser et le salaire minimum
La semaine dernière, des économistes du Fraser Institute ont publié un document sur les travailleurs et travailleuses au salaire minimum dans lequel ils affirmaient qu’une proportion importante de ces derniers et dernières restent chez leurs parents ou vivent avec un·e conjoint·e qui gagne assez pour que le ménage se retrouve au-dessus du seuil de la pauvreté.
Vivre en-dessous de la ligne
Nous savons toutes et tous qu’il existe une ligne en-dessous de laquelle il ne faut pas passer. Un niveau de revenu en bas duquel nous ne sommes pas capable de vivre décemment. Comme pour le fil de l’eau, quand on passe en-dessous, on se noie. Vivre avec moins que le minimum, ça veut dire hypothéquer sa santé tant physique que mentale et emprunter sur sa durée de vie. Nous savons aussi qu’au Québec plusieurs personnes vivent en-dessous de cette ligne. Dans une note publiée hier, nous avons tenté de savoir combien d’argent permettrait à tout le monde de se sortir la tête hors de l’eau.
Surprise : la fausse collaboration ne fonctionne pas
Dans un texte récent, The Economist s’en prenait à l’excès de collaboration qu’on trouverait au sein des entreprises, notamment dans la fort mal nommée économie du savoir. S’appuyant sur un numéro de la Harvard Business Review et sur un bouquin de Carl Newport, l’auteur arrive à l’étonnante conclusion que de harceler les employé·e·s avec des apps collaboratives et de remplir leur journée de réunion nuirait à leur travail. La lecture du célèbre magazine britannique nous renverse une fois de plus par sa clairvoyance.
Confondre innovation et éducation
Hier, Robert Gagné et son équipe du Centre sur la productivité et la prospérité y sont allés de la 7e édition de leur bilan sur la productivité au Québec. Comme chaque année, le même verdict fatal tombe: le Québec n’est pas assez productif.