Le plan vert caquiste manque cruellement d’ambition

Photo: Abdallahh

Le Plan pour une économie verte présenté hier par le gouvernement caquiste est, étonnamment, le premier plan qui ressemble véritablement à un plan de match au Québec en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Plutôt que les sempiternelles orientations vagues servies par des gouvernements désireux d’escamoter le plus possible la question environnementale, le document déposé hier comporte des objectifs et des chiffres clairs. Cette base sera utile aux débats futurs.

La « crise » du déficit n’a pas les conséquences de la crise environnementale

Photo: Kris Krüg

Les récentes projections du déficit fédéral pour l’année 2020-2021, qu’on estime atteindre plus de 343 milliards, ont eu un effet de choc à travers les médias ainsi que la sphère politique canadienne. L’ampleur de la dette fédérale a vite été critiquée par plusieurs, surtout par l’opposition au gouvernement libéral, qui considère que le gouvernement devrait faire de cet enjeu sa priorité. Au vu des dernières données climatiques, il serait pourtant plus opportun de considérer l’environnement comme l’enjeu à prioriser pour le gouvernement dans les prochaines années.

Problèmes financiers de GNL Québec : des nouvelles en provenance des Bermudes

Photo: J.boulian (Wikipédia)

On apprenait le mois dernier que les deux entreprises responsables de la réalisation du projet d’exportation de gaz naturel liquéfié Énergie Saguenay éprouvaient des difficultés financières. Tant GNL Québec Inc. que Gazoduq Inc. ont dû se résoudre à licencier des membres de leur personnel, soit environ vingt employé·e·s depuis le mois d’avril. À l’interne, on se fait rassurant et on soutient que le projet n’est pas pour autant en péril. Or, peu d’informations concernant l’état financier réel du consortium sont fournies pour appuyer cet optimisme affiché, malgré le départ du principal bailleur de fonds du projet en février dernier. Parmi tous les commanditaires du projet, un seul rend public un aperçu des problèmes financiers du projet, et il se trouve aux Bermudes.

Énergie Saguenay : des fonds publics bien investis?

Photo: J.boulian (Wikipédia)

Parmi les secteurs économiques affectés par la pandémie mondiale, celui des hydrocarbures a été particulièrement éprouvé. Pour le mois d’avril, la demande mondiale de pétrole a chuté de près de 30%. Au Canada, les entreprises fossiles font pression auprès des institutions publiques pour obtenir un soutien financier. Ici au Québec, nous apprenions cette semaine que l’entreprise Gazoduq inc., responsable de la construction du pipeline faisant partie du projet Énergie Saguenay, avait modifié en ce sens le mandat de ses 10 lobbyistes. Bien que la crise de la Covid-19 n’aide pas sa cause, les difficultés de ce projet d’exportation de gaz naturel liquéfié dépassent le contexte actuel, son principal actionnaire s’étant retiré au mois de février dernier. Deux facteurs ont pu intervenir dans cette décision : l’incertitude quant à la demande de gaz naturel des pays européens et les coûts de production élevés de GNL Québec comparativement à ses compétiteurs. 

Le gouvernement doit coordonner l’arrêt de l’exploitation du pétrole des sables bitumineux

Photo: Gab Pili (Unsplash)

Avec la chute des prix du pétrole, des actions des entreprises pétrolières canadiennes et la nécessité d’opérer une transition énergétique, le gouvernement canadien ne peut se contenter de sortir du trou l’industrie pétrolière. Il doit prendre les devants et favoriser la mise en place d’une société d’État chargée entre autres de planifier une sortie réfléchie du pétrole des sables bitumineux.

Autonomie alimentaire : Québec devrait envisager la création d’une nouvelle société d’État

Photo: Neil Macc (Unsplash)

Avec la pandémie qui sévit, le gouvernement semble reconnaître enfin la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement de certains secteurs de l’industrie québécoise et le rôle qu’il peut jouer afin d’augmenter notre résilience collective. Cela est particulièrement vrai en matière de sécurité alimentaire. François Legault, lors de sa conférence de presse du 3 avril dernier, affirmait à ce propos qu’il fallait désormais être  autonome du point de vue alimentaire.

La COVID-19: une crise environnementale

Photo: Artem Beliaikin

Il est crucial de comprendre dès maintenant que l’actuelle crise sanitaire est le résultat direct de la crise environnementale en cours. Si tout ce que nous vivons actuellement n’est pas perçu comme un message criant de la nature pour nous indiquer les limites à ne plus franchir, nous foncerons tout droit – et encore plus vite que nous le craignions – vers le précipice.

Le retour à la normale n’est pas une option

Photo: Flowizm (Flickr)

Il est raisonnable de penser qu’il n’y aura pas de retour à la normale après cette crise. D’abord, parce que la crise sanitaire modifie déjà notre rapport à la communauté, aux services publics, aux gouvernements, aux chaînes d’approvisionnement, aux frontières et aux relations entre les nations. Ensuite, parce qu’avant même son déclenchement, nos systèmes politiques et économiques faisaient déjà l’objet d’un discrédit qui s’est durablement installé suite à la dernière crise – celle de 2008. Enfin, parce que l’inconséquence de nos représentants face à la crise climatique accentuait elle aussi le sentiment d’une cassure à venir.

L’environnement peut attendre

C’est finalement à 4,5 milliards que se sont élevés les surplus de l’exercice 2019-2020, portant à plus de 25 milliards les surplus engrangés durant les cinq dernières années. Le gouvernement Legault a ainsi accompli un véritable tour de force, celui de nous convaincre qu’il est normal de dégager des surplus d’en moyenne 5 milliards de dollars par an. Ces surplus colossaux constituent sans doute, avec la reconnaissance tardive de l’importance de s’attaquer aux enjeux climatiques, les traits marquants de ce budget.

Gazoduc Coastal Gaslink: après le « greenwashing », le « redwashing »

Photo: Peg Hunter (Flickr)

En matière de respect des souverainetés autochtones, il n’y a pas que le premier ministre Trudeau qui affirme une chose et accomplit son contraire. L’industrie fossile se rend également coupable de ces contradictions entre paroles et actes. Si pour le premier ministre, le tout s’aperçoit par les mots creux qu’il emploie tels que « réconciliation », « promesse de reconnaissance », « excuses officielles », etc., la discordance de l’industrie se manifeste dans les différentes déclarations de principes qu’elle met de l’avant. 

Une industrie dépendante des fonds publics

En étudiant les cadres financiers des compétiteurs de l’éventuelle usine de l’entreprise Énergie Saguenay (GNL Québec), on réalise que ce projet s’inscrit au sein d’une industrie fortement dépendante de fonds publics. Ainsi, pour voir le jour, Énergie Saguenay devra obtenir au même titre que ses concurrents un important soutien du Trésor public.