La CAQ repolitise les tarifs d’Hydro-Québec

Le texte d'abord publié sous forme de lettre ouverte dans La Presse.

Le gouvernement a finalement décidé de plafonner les hausses des tarifs d’électricité à 3 %. La pression était forte pour qu’il revienne sur son choix de lier la hausse des tarifs d’Hydro-Québec à l’inflation. Choix qui rappelons-le a été critiqué par la quasi-entièreté des intervenant·e·s dans le domaine.

6 autres raisons de se méfier de la réforme des tarifs d’Hydro-Québec proposée par la CAQ

Photo: llahbocaj (Wikipédia)

Plus d’argent dans nos poches ! C’est ce que promet le gouvernement de François Legault avec son projet de loi 34 qui prétend remettre 1,5 G$ aux client·e·s d’Hydro-Québec. Mais, comme nous l’avons démontré dans notre fiche publiée en août dernier, cette promesse risque de coûter cher aux Québécois·es tout en réduisant les pouvoirs de la Régie de l’énergie, qui agit comme chien de garde dans le processus de fixation des tarifs d’électricité.

Alors que s’amorce la commission parlementaire sur le projet de loi, nous souhaitons ajouter quelques arguments afin d’expliquer en quoi cette loi n’est pas souhaitable.

Remise des trop-perçus d’Hydro-Québec : jeter le bébé avec l’eau du bain

Le gouvernement Legault exige qu’Hydro-Québec redonne 1,5 G$ à ses clientes et clients dans les 5 prochaines années par l’entremise d’un nouveau projet de loi déposé ce mercredi. Cela peut certainement paraître comme une bonne nouvelle et un bon coup politique du nouveau gouvernement Legault qui tente de remplir une de ses promesses électorales tout en terminant sa première session parlementaire sur une annonce positive. Cependant, le projet de loi numéro 34 comporte de nombreux problèmes qui risquent à terme de ne pas favoriser les consommateurs et les consommatrices. Regardons cela de plus près.

Baisse d’impôt et hausse d’Hydro

Aujourd’hui débutent de nouvelles audiences sur l’établissement des tarifs d’Hydro-Québec pour 2018-2019. Cette année, le distributeur d’électricité demande une hausse de tarifs de 1,1 % (p. 2). Depuis 2014, avec l’arrivée au pouvoir de Philippe Couillard et le début de l’austérité, les hausses d’Hydro-Québec représentent 9,63 %, soit près de deux points de pourcentage de plus que l’inflation sur la même période. Sachant que depuis 2008 Hydro-Québec a empoché des trop-perçus de plus de 1,4 G$ qui ont été transmis au gouvernement québécois, on peut comprendre que les hausses peuvent causer une certaine grogne.

Tarifs d’électricité : l’indexation est un gel comme les autres

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L’électricité coûtera bientôt plus cher, mais nous parlons en fait d’une baisse de tarifs puisque ce « plus cher » sera moins cher que le « plus cher » prévu par le gouvernement précédent. Tel est l’argument du ministre des Finances Nicolas Marceau pour nous convaincre que sa promesse électorale de geler les tarifs d’électricité a été maintenue. Il faut dire que l’indexation est le nouveau gel, comme nous l’a démontré le résultat du Sommet sur l’enseignement supérieur qui a eu lieu en février 2013.

Mais au-delà de ce jeu à propos des termes, cette décision laisse de côté le fait que le gouvernement a peu de marge de manœuvre pour déterminer la hauteur de la facture d’électricité des ménages. En effet, c’est plutôt la Régie de l’énergie qui détermine les tarifs pour toutes les catégories d’utilisateurs (à l’exception des contrats secrets). Le seul facteur contrôlé par l’Assemblée nationale est le tarif du bloc patrimonial. Viennent ensuite s’ajouter les coûts de l’énergie achetée en sus de ce bloc, les frais de transport, d’entretien des lignes, les projets d’économie d’énergie, le coût de la main-d’œuvre, etc. Ainsi, lorsque le gouvernement parle de hausser, de geler ou même de baisser le coût de l’électricité, il ne parle que de la variation d’une seule composante de ce qui sera chargé aux clients.