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Baisse d’impôt et hausse d’Hydro

6 décembre 2017

  • Bertrand Schepper

Aujourd’hui débutent de nouvelles audiences sur l’établissement des tarifs d’Hydro-Québec pour 2018-2019. Cette année, le distributeur d’électricité demande une hausse de tarifs de 1,1 % (p. 2). Depuis 2014, avec l’arrivée au pouvoir de Philippe Couillard et le début de l’austérité, les hausses d’Hydro-Québec représentent 9,63 %, soit près de deux points de pourcentage de plus que l’inflation sur la même période. Sachant que depuis 2008 Hydro-Québec a empoché des trop-perçus de plus de 1,4 G$ qui ont été transmis au gouvernement québécois, on peut comprendre que les hausses peuvent causer une certaine grogne.

Plus que l’inflation

Cette hausse plus élevée que l’inflation n’est pas particulièrement surprenante; c’est en général la norme depuis 15 ans. Comme le montre le graphique suivant, depuis 2004 les tarifs d’Hydro-Québec ont connu une hausse cumulée de 28,55 %, alors que celle de l’inflation au Canada a été de 25,60 % (prévisions incluses).

Hausse des tarifs d’Hydro-Québec par rapport à l’IPC du Canada entre 2004 et 2018 


Sources : Hydro-Québec, Stratégie tarifaire, p. 71, et RBC, prévisions économiques 2017

Ce qui veut dire qu’en général l’électricité occupe une part plus importante dans le panier de consommation des ménages québécois, pour des services équivalents aux années précédentes. Cette situation est délicate puisque le gouvernement du Québec récupère 75 % en dividendes des profits de la société d’État et tend à utiliser les tarifs comme une manière d’augmenter ses revenus. Or, contrairement à l’impôt, les tarifs d’électricité sont régressifs : une personne bien nantie a plus de pouvoir sur sa consommation (en rénovant ou en achetant des gadgets hi-tech) qu’une personne à revenu modeste.  De plus, une augmentation des tarifs n’a que très peu d’effets sur la consommation puisqu’en habitant au Québec, peu importe vos efforts, vous risquez de dépenser plus de 50 % de votre énergie pour vous chauffer, quel qu’en soit le prix.  Bref, utiliser les tarifs d’Hydro-Québec pour regarnir les coffres de l’État est inéquitable.

Combien ont coûté les hausses depuis l’austérité?

Il est périlleux de tenter d’effectuer un calcul moyen des consommations d’électricité des Québécoises et des Québécois. La diversité des types d’habitations, leur âge et les habitudes de consommation de chaque ménage, dans un territoire vaste où les températures varient selon le lieu, sont autant de facteurs qui rendent l’évaluation difficile et pas nécessairement représentative de toutes les situations.  Cependant, aux fins de l’exercice, imaginons une maison unifamiliale avec une consommation annuelle de 26 484 kWh.  Dans cette situation, entre 2014 et 2018, si l’on se fie aux grilles tarifaires d’Hydro-Québec, on peut évaluer que les hausses tarifaires d’électricité ont représenté environ 220 $ annuellement.

Évidemment, les estimations changent selon les situations. Le montant sera plus ou moins grand selon la consommation de chacun, mais cela remet en perspective le discours du Parti libéral du Québec qui propose un allègement du fardeau fiscal moyen de 200 $ par personne. Bref, d’un côté le gouvernement Couillard se vante de diminuer le fardeau économique des Québécois et des Québécoises, et de l’autre il diminue les services publics, entre autres en accentuant les hausses des tarifs d’électricité.

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